Croissance : les mauvaises nouvelles de la Banque de France pour 2025

Alors que la France sort d’une année marquée par des perturbations économiques et des tensions politiques, les récentes prévisions de la Banque de France posent des jalons pour comprendre les défis et les opportunités à venir. Ces projections dessinent un horizon incertain pour 2025.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 14 janvier 2025 à 6h04
Croissance : les mauvaises nouvelles de la Banque de France pour 2025
Croissance : les mauvaises nouvelles de la Banque de France pour 2025 - © Economie Matin
3,3%L'OCDE prévoit une croissance mondiale de 3,3% en 2025.

Le lundi 13 janvier 2025, la Banque de France a dévoilé ses prévisions économiques actualisées, suscitant des débats sur l’avenir de l’économie nationale. Après une fin d’année 2024 marquée par une croissance stagnante, les attentes pour 2025 oscillent entre prudence et optimisme modéré. Avec un produit intérieur brut (PIB) prévu en légère hausse et un contexte international complexe, ces projections reflètent un équilibre délicat entre reprise économique et gestion des risques structurels. Quels enseignements tirer de ces données ? Que révèlent-elles sur les grandes orientations à venir ?

Croissance : le contre-coup des JO plombe le quatrième trimestre 2024

Les derniers mois de 2024 ont confirmé une tendance à la stagnation économique, en grande partie liée aux effets postérieurs aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Selon la Banque de France, cet événement a amputé le PIB de 0,2 point au dernier trimestre, ramenant ainsi la croissance trimestrielle à un niveau nul. Bien que l’organisation de ces jeux ait stimulé certaines branches, comme l’hôtellerie et la restauration, cet élan a été de courte durée. Les secteurs traditionnels tels que l’automobile et le textile-habillement, déjà en difficulté depuis plusieurs années, ont continué leur déclin. « Hors contrecoup des JOP, la valeur ajoutée dans les services marchands progresserait ce trimestre, mais à un rythme plus modéré qu’au trimestre précédent », explique l’institution dans sa note de conjoncture.

Le contraste est frappant avec d’autres industries. L’aéronautique et l’agroalimentaire, deux piliers de l’économie française, ont montré des signes de résilience malgré un environnement mondial marqué par la volatilité des prix des matières premières. En revanche, les carnets de commandes dans le bâtiment et l’industrie hors aéronautique se sont contractés, freinant les perspectives d’une reprise soutenue.

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a souligné sur LCI que malgré ces défis, la France n’est pas entrée en récession. « La stabilité économique doit être comprise comme un résultat de politiques publiques et de résilience sectorielle ». Mais cette stabilité est précaire, notamment en raison d’un déficit public persistant et des incertitudes politiques.

Les perspectives pour 2025 : des prévisions de croissance revues à la baisse

Pour l’année 2025, les prévisions de la Banque de France annoncent une croissance annuelle de 0,9 %. Ce chiffre, bien qu’en dessous des attentes initiales (1,2 % en septembre 2024), reste indicatif d’une économie en transition. Cette révision à la baisse s’explique par plusieurs facteurs :

  1. Le poids du déficit public : Avec un déficit parmi les plus élevés de la zone euro, la France vise à ramener ce chiffre à 5 % du PIB. Cependant, ces efforts pourraient limiter les marges de manœuvre pour stimuler l’investissement public.
  2. Un contexte international incertain : La fragilité de la demande mondiale et les tensions géopolitiques continuent de peser sur les exportations françaises.
  3. Une gestion budgétaire prudente : La réduction de la dette publique est présentée comme une priorité stratégique. « Il est impératif de restaurer la confiance des marchés et des investisseurs », a rappelé François Villeroy de Galhau.

Ces ajustements budgétaires ne font pas l’unanimité parmi les économistes. Certains craignent que le resserrement budgétaire n’aggrave le ralentissement de l’activité, tandis que d’autres soulignent que la maîtrise des dépenses est cruciale pour éviter une spirale de dette insoutenable. « On entend que si nous resserrons le budget, cela va se faire au détriment de la croissance. Cette fois-ci, il me semble que cet arbitrage ne joue pas. Ce qu'on gagnerait en faisant moins d'effort budgétaire, on le perdait immédiatement du côté de l'incertitude. Si on ne s'est pas donné une trajectoire où nous reprenons le contrôle de notre dette, on inquiète les chefs d'entreprises et les Français », analyse le gouverneur.

Comment va l’économie française ?

Les données issues des enquêtes de conjoncture de la Banque de France offrent un aperçu des performances des différents secteurs pour 2024 et 2025. Voici une synthèse des principaux indicateurs :

Indicateurs 2024 (T4) 2025 (prévisions)
Croissance trimestrielle (PIB) 0,0 % +0,2 % par trimestre moyen
Croissance annuelle (PIB) +0,9 % +0,9 %
Déficit public (% du PIB) 5,0 % (objectif) 5,0 %
Secteurs en croissance Aéronautique, agro Aéronautique, technologies
Secteurs en difficulté Automobile, textile Construction, automobile
Difficultés de recrutement En baisse (-2 %) En baisse (-3 %)

Une gestion budgétaire sous haute tension

L’un des défis majeurs pour 2025 reste la gestion du déficit public. Avec une dette atteignant des sommets, les autorités françaises cherchent à contenir cette trajectoire pour éviter des coûts d’emprunt exorbitants. Toutefois, ces efforts nécessitent un équilibre délicat entre réduction des dépenses et soutien à l’activité.

Dans ce contexte, les politiques fiscales et les incitations à l’investissement joueront un rôle déterminant. La Banque de France a insisté sur la nécessité de donner des signaux clairs aux entreprises. Selon son dernier rapport, une stratégie budgétaire cohérente pourrait atténuer l’incertitude actuelle, qui reste un frein à l’expansion.

Les prévisions économiques de la Banque de France pour 2024 et 2025 tracent un chemin étroit entre stabilisation et ambition. Si la croissance annoncée reste modeste, elle reflète néanmoins une certaine résilience dans un environnement complexe.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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