Croissance mondiale : le FMI fait preuve d’extrême prudence

Le 22 octobre 2024, le Fonds monétaire international (FMI) a publié ses prévisions actualisées pour l’économie mondiale et ses principales régions. Des prévisions qui révèlent une croissance globale de l’économie mondiale qui reste stable mais décevante, tout en soulignant les risques géopolitiques et économiques croissants.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 23 octobre 2024 à 7h00
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3%La croissance mondiale est supérieure à 3% en moyenne sur les dix dernières années.

Malgré une légère amélioration de certains indicateurs, notamment l'inflation, les perspectives de croissance pour 2025 sont marquées par de nombreuses incertitudes, particulièrement dans les pays émergents et les grandes puissances économiques.

Une croissance mondiale stable mais fragile selon le FMI en 2025

Selon les projections du FMI, la croissance mondiale devrait atteindre 3,2 % en 2025, un taux identique à celui de 2024. L’économie mondiale est encore en quête de stabilité après les chocs successifs liés à la pandémie, aux perturbations des chaînes d’approvisionnement et aux tensions géopolitiques. Si la résilience des économies avancées permet de stabiliser ce chiffre, le ralentissement des grandes économies émergentes, en particulier la Chine et la Russie, pèse lourdement sur ces prévisions.

Le FMI souligne également l’impact potentiel des conflits régionaux, notamment au Moyen-Orient, sur les prix des matières premières, ce qui pourrait entraîner des chocs économiques imprévus. Cette situation invite à la prudence, d'autant plus que l'endettement public élevé de nombreux pays reste un frein à une reprise plus vigoureuse.

États-Unis : une consommation solide, mais une décélération en vue

Pour les États-Unis, le FMI a revu ses prévisions de croissance à la hausse pour 2024, atteignant 2,8 %, grâce à une consommation robuste soutenue par des gains de productivité. Cependant, cette dynamique devrait s'essouffler en 2025, avec une croissance attendue de 2,2 %.

Bien que l'inflation continue de ralentir aux États-Unis, le pays reste exposé aux risques liés à la politique monétaire de la Réserve fédérale et aux tensions commerciales. Le FMI estime néanmoins que l'économie américaine est proche d’un "atterrissage en douceur", évitant ainsi une récession profonde, un scénario qui pourrait servir d'exemple pour d'autres économies avancées.

Chine : la croissance ralentit et c’est la nouvelle normalité

La Chine, autrefois moteur incontesté de la croissance mondiale, voit ses perspectives de croissance révisées à la baisse par le FMI. L’économie chinoise, déjà en proie à des difficultés structurelles, devrait croître de 4,8 % en 2024, puis ralentir à 4,5 % en 2025. Des données loin des performances des décennies précédentes, si bien que le FMI met en garde contre la nécessité pour Pékin de renforcer ses moteurs de croissance interne.

La dépendance aux exportations ne suffit plus, et le développement de la demande intérieure, notamment à travers une meilleure protection sociale et une réforme du marché du travail, est perçu comme essentiel pour soutenir une croissance durable. La Chine doit désormais relever le défi d'un modèle économique plus équilibré, à l’heure où les tensions géopolitiques, notamment avec les États-Unis, continuent de peser sur ses performances économiques.

La France et la zone euro : le FMI ne donne pas de bonnes nouvelles

Dans la zone euro, le FMI anticipe une croissance modeste de 1,2 % en 2025, un chiffre légèrement en retrait par rapport à 2024. Les pays partageant la monnaie unique sont pénalisés par la mauvaise performance de l’Allemagne, dont la prévision de croissance a été fortement abaissée à 0,8 %.

En France, la situation est un peu plus favorable, mais reste préoccupante, avec une croissance attendue de 1,1 % en 2024 et 2025. Une prévision inférieure à ce qui était attendu, et qui reflète les difficultés à stimuler la productivité et à contenir les hausses salariales, qui dépassent la croissance de la productivité. L’inflation des prix des services et les tensions sur les coûts de la main-d'œuvre continuent de peser sur les perspectives de croissance française, tandis que le niveau élevé de la dette publique limite les marges de manœuvre budgétaires.

Les pays émergents : une reprise en demi-teinte

Les pays émergents, et en particulier la Russie et le Mexique, continuent de montrer des signes de ralentissement, avec des prévisions revues à la baisse pour 2025. En Russie, le FMI anticipe une croissance de 3,6 % en 2024, mais qui devrait s'effondrer à 1,3 % en 2025. Ce ralentissement est attribué aux sanctions économiques imposées par les pays occidentaux, mais aussi à la dépendance excessive de l'économie russe aux dépenses militaires.

Le Mexique et d'autres grandes économies latino-américaines subissent des chocs externes, notamment la baisse des prix des matières premières, et peinent à retrouver une croissance solide.

En revanche, l'Inde se démarque parmi les économies émergentes avec une croissance soutenue, bien que légèrement inférieure aux années précédentes, tirée par une demande intérieure dynamique et des réformes structurelles.

Région / Pays Croissance 2024 Croissance 2025
Monde 3,2 % 3,2 %
États-Unis 2,8 % 2,2 %
Chine 4,8 % 4,5 %
France 1,1 % 1,1 %
Zone euro 1,2 % 1,2 %
Allemagne 0,8 % 0,8 %

La croissance mondiale reste très fragile

Le FMI insiste sur le fait que la croissance mondiale pourrait encore être freinée par des chocs imprévus, qu'il s'agisse de la persistance des tensions géopolitiques, des politiques protectionnistes ou des changements climatiques.

Les niveaux élevés de dette publique et le manque de productivité dans de nombreuses économies avancées continuent de peser sur les perspectives à moyen terme. La coopération internationale sera essentielle pour relever ces défis, comme l’a souligné Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, lors de son intervention à Washington : « Nous vivons dans un monde fragmenté, où la confiance est désormais absente. Pour surmonter ces obstacles, nous devons travailler ensemble afin de sécuriser notre avenir commun ».

Ainsi, si la stabilisation de l'inflation est une victoire majeure, le FMI avertit que la route vers une reprise économique mondiale durable reste semée d'embûches. Le défi est immense pour les pays du monde entier, et 2025 s'annonce comme une année charnière où prudence et résilience seront de rigueur.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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