Environnement de croissance, désinflation, et de hausse des taux : quelles implications pour 2024 ?

Après une année 2022 compliquée, 2023 a été marquée par quelques records, notamment des plus hauts niveaux jamais atteints par le Dow Jones et l’once d’or. En parallèle, les principales Banques Centrales ont entamé, au pas de charge, une remontée de leurs taux directeurs. Ce changement d’attitude envers le risque en 2023 s’explique par la relative bonne santé de la croissance économique mondiale et par le reflux de l’inflation, un des premiers objectifs des Banques Centrales.

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Par Melchior de Villeneuve Publié le 7 janvier 2024 à 9h00
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croissance, 2024, économie, déflation, taux - © Economie Matin
2,9%La croissance mondiale devrait ralentir, passant de 3,5 % en 2022 à 3,0 % en 2023 et 2,9 % en 2024

S’approchant de la fin de l’année, nous commençons à voir se manifester une certaine nervosité sur les marchés financiers quant à la robustesse de la croissance mondiale dans un contexte de taux hauts. Selon le rapport Perspectives de L’Économie Mondiale du Fonds Monétaire International, la croissance mondiale devrait ralentir, passant de 3,5 % en 2022 à 3,0 % en 2023 et 2,9 % en 2024, soit bien moins que la moyenne historique sur les vingt dernières années (2000–19) de 3,8 %, renforçant cette anticipation par le niveau actuel des taux. De plus, la croissance n'est pas uniforme dans toutes les régions et certaines économies émergentes, telles que l’Argentine et la Turquie ont connu des difficultés.

La résilience économique américaine

L’année 2023 a salué la résilience de l’économie américaine. Selon la deuxième estimation du département du Commerce, publiée fin novembre, le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis a enregistré une hausse au-delà des attentes à 5,2 % sur une base annuelle au troisième trimestre 2023. Cependant le niveau des taux actuels (5,25 %) fait peser un risque sur la pérennité de ces performances économiques. Les investisseurs commencent à craindre que l’environnement de taux hauts pèse sur la capacité d’endettement des entreprises et sur le marché de l’immobilier.

Qu'en est-il de la zone euro face à cette conjoncture économique mondiale ?

La croissance économique dans la zone euro demeure en deçà de celle de pays comparables comme les États-Unis ou d’autres pays développés ; la guerre en Ukraine a fragilisé l’Allemagne, une des locomotives économiques et politiques de la zone.

La zone euro affiche une croissance autour de zéro depuis quatre trimestres consécutifs. Les projections actuelles prévoient une croissance de seulement 0,6 % pour l'année en cours, suivie d'une modeste progression à 0,9 % en 2024 et d’une amélioration ténue à 1,5 % en 2025. Cependant, elle reste le siège d’entreprises très compétitives et ses marchés financiers restent très corrélés aux autres bourses mondiales.

Où en sommes-nous de l’inflation à la fin 2023 ?

L’inflation mondiale a fortement décéléré au cours de l’année 2023, passant de 9 % à 3 % aux États-Unis et de près de 10 % à 2,5 % dans la zone Euro entre janvier et novembre. Toutefois, une inflation positive est un signe de bonne santé économique, ainsi il ne faudrait pas que l’inflation tombe beaucoup plus bas que ces niveaux actuels. Qu’en est-il de la direction de l’inflation pour 2024 ? Après avoir touché un plus bas au 1er trimestre 2024, l'inflation devrait rebondir en raison de facteurs techniques et d'effets de base. Les taux de croissance des salaires aux États-Unis et en zone euro surpassent actuellement l'inflation, stimulant le pouvoir d'achat des ménages, un contributeur traditionnellement positif à l'inflation. On peut anticiper une stabilisation suivie d'une légère hausse de l'inflation en 2024. Si l'inflation se stabilise et que la croissance mondiale reste proche de 2,5 % en rythme annuel, l'environnement économique en 2024 devrait être favorable.

Cela aurait pour conséquence de concentrer l’attention des acteurs de marché sur les actions des Banques Centrales.

Quelle direction pour les taux directeurs ?

Si les conditions économiques sont bégnines, les Banquiers Centraux vont s’attacher à continuer d’implémenter leur plan de retrait des liquidités mises sur le marché lors de la décennie 2010. En écoutant les dernières interventions des Banquiers Centraux (Fed, BoE, ECB, BoA), leurs indications pointent vers un maintien de taux directeurs élevés plus longtemps que ce que les marchés anticipent. Par conséquent, certaines banques, dont Goldman Sachs, estiment peu probable une réduction des taux d’intérêt avant le second semestre 2024, à moins que la croissance ne déçoive.

Ainsi, Lynceus Partners anticipe la poursuite du repricing par les marchés de leurs attentes sur la direction future des taux, qui pourrait occasionner une volatilité sporadique sur les marchés. Le premier trimestre 2024 sera clé et donnera le « la » de l’année pour plusieurs raisons :

1) Les résultats des entreprises pour le dernier trimestre 2023 et le premier trimestre 2024 seront attentivement observés, car ce sont les premiers résultats opérationnels prenant en compte les taux actuels. Des résultats positifs pour le T4 2023 et le T1 2024 pourraient repousser les attentes de baisse des taux au-delà de 2024. En revanche, des performances décevantes pourraient inciter les investisseurs à demander une action rapide des Banques Centrales.

2) L'inflation devrait augmenter début 2024 en raison de facteurs techniques et d'une hausse du pouvoir d'achat réel. Cette hausse pourrait causer des périodes de volatilité, avec des marchés anticipant des remontées de taux et la crainte qu'elles n'affectent les entreprises. Cependant, la trajectoire des prix de l'énergie cet hiver suggère une normalisation de l'inflation mondiale à partir de du deuxième trimestre de 2024.

3) 2024 sera une année politique avec des élections nationales dans beaucoup de grands pays dont les États-Unis, et le risque populiste ou de lockdown politique n’est pas à exclure, ce qui pourrait, là aussi, donner lieu à des épisodes sporadiques de volatilité sur les marchés.

En conclusion, il apparait que 2024 pourrait être une année difficile pour les actifs directionnels, notamment si la saison des résultats du dernier trimestre 2023 et du premier trimestre 2024 se passe bien. Cela conforte Lynceus Partners dans l’idée que les produits structurés de rendement, de participation conditionnelle (Protected Tracker, KG + Call) voire même de protection (Warrant Put, Warrant Short) peuvent jouer un rôle important dans la performance d’un portefeuille diversifié au cours de l’année 2024.

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Mdevilleneuve

Responsable du Développement de Lynceus Partners :

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