Alors que 2024 touche à sa fin, les regards se tournent vers les perspectives économiques de 2025, et les nouvelles ne sont guère réjouissantes. L’INSEE et la Banque de France annoncent un paysage marqué par une croissance faible et une remontée du chômage, résultat de facteurs structurels et conjoncturels qui freinent la dynamique économique.
Croissance, chômage : la France en difficulté en 2025 ?
L’INSEE et la Banque de France dressent un tableau préoccupant de l’économie française pour 2025. La croissance, déjà limitée, devrait peiner à accélérer, tandis que le marché du travail montre des signes de tensions croissantes.
Prévisions économiques pour la France en 2025 : une croissance molle et peu rassurante
La France, après un dernier trimestre 2024 où le PIB devrait rester stable, amorcera 2025 sur une trajectoire de croissance limitée. L’INSEE prévoit une hausse de seulement 0,2 % par trimestre au cours des six premiers mois. Ces prévisions traduisent une économie qui peine à décoller. Les consommateurs, bien qu’avantagés par une inflation en net repli, demeurent prudents. L’épargne reste élevée, alimentée par une incertitude persistante quant à l’évolution des politiques économiques et sociales. La croissance observée au 3ᵉ trimestre 2024 (+0,4 %) est largement attribuable aux effets temporaires des Jeux Olympiques en France. Une reprise durable en Europe semble compromise.
Dans ce contexte, la demande intérieure, moteur traditionnel de l’économie française, demeure atone. Les dépenses des ménages, pourtant encouragées par un léger regain de pouvoir d’achat, ne suffisent pas à compenser la faiblesse des investissements. Les entreprises, confrontées à des conditions de crédit restrictives et à un environnement incertain, hésitent à mobiliser leurs ressources pour des projets d’envergure.
Selon la note de conjoncture de l’Insee publiée le 17 décembre 2024, la croissance économique est étouffée par plusieurs éléments :
- Consommation atone :
Bien que l’inflation se soit repliée pour atteindre une prévision de +1,0 % à mi-2025, les ménages continuent de thésauriser. Les économistes pointent un excès d’épargne de précaution, résultat des incertitudes économiques et politiques. - Investissements en recul :
Les entreprises réduisent leurs projets d'investissements face à des conditions de crédit toujours restrictives. La hausse des taux d'intérêt par la Banque centrale européenne (BCE) ces dernières années a laissé des séquelles durables sur les secteurs les plus dépendants de l’endettement, notamment l'immobilier et l'industrie manufacturière. - Exportations fragiles :
Après un rebond temporaire en 2024 grâce à des commandes internationales dans l'aéronautique, le commerce extérieur devrait souffrir d’un ralentissement global, particulièrement en Chine. L'Allemagne, premier partenaire commercial de la France, traverse également une période de stagnation économique, ce qui affecte les échanges bilatéraux. - Climat budgétaire incertain :
La reconduction des politiques fiscales actuelles, sans nouvelles mesures de relance, laisse peu de marge de manœuvre pour stimuler l’économie. L’INSEE mentionne également des risques liés à des ajustements budgétaires imprévus en cours d'année.
Chômage : Un marché de l’emploi sous pression
Sur le front de l’emploi, la situation se complique. Après plusieurs années de progression, le marché du travail montre des signes de ralentissement. Les créations de postes devraient diminuer au point de ne plus absorber l’augmentation de la population active. Selon l’INSEE, le taux de chômage, actuellement à 7,4 %, atteindra 7,6 % d’ici mi-2025.
La Banque de France, de son côté, souligne que la destruction nette d’emplois dans le secteur privé, notamment parmi les apprentis, pourrait devenir une réalité dès la mi-2025. Le secteur public, lui aussi, devrait connaître un freinage dans ses embauches, aggravant les tensions sur l’emploi global. La Banque de France souligne également une « spécificité française » : une part croissante des créations d’emplois provient des micro-entreprises et non du salariat traditionnel.
Au premier semestre 2025, l’économie française devrait créer environ 40 000 emplois, principalement non-salariés (micro-entreprises et auto-entrepreneurs). Ce rythme est nettement insuffisant pour absorber l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi. À partir de la mi-2025, le secteur privé pourrait commencer à détruire des postes, notamment dans les secteurs où les marges restent faibles, comme le commerce de détail ou la construction.
Des difficultés économiques partout en Europe
Ces prévisions s’inscrivent dans un environnement économique européen et mondial peu propice à la croissance. La zone euro, freinée par des conditions de crédit restrictives qui commence tout juste à se détendre avec les baisses des taux de la BCE, affiche des performances contrastées, avec une stagnation marquée en Allemagne et en Italie. Par ailleurs, les exportations françaises, bien qu’un temps soutenues par des industries comme l’aéronautique, pourraient souffrir d’un ralentissement de la demande mondiale, en particulier en Chine.
Au niveau national, l’incertitude politique et budgétaire constitue un autre frein. L’absence de mesures ambitieuses pour soutenir l’investissement ou la consommation risque de prolonger l’inertie économique. La question des réformes sociales, notamment celle du RSA, soulève également des interrogations quant à ses effets sur le marché de l’emploi.
L’inflation, qui avait atteint des niveaux élevés en 2022-2023 en raison de la flambée des prix de l’énergie, devrait continuer à ralentir. Prévue à +1,0 % mi-2025, elle est soutenue par :
- Une baisse des prix de l'énergie, avec une stabilisation des cours du gaz et de l’électricité.
- Une modération des hausses de prix dans les entreprises, grâce à une amélioration des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Cependant, cette accalmie ne profite pas pleinement à la consommation. L'épargne demeure privilégiée par des ménages encore marqués par l’incertitude.
Les prévisions économiques pour la France pour 2025
Indicateur | Prévision |
---|---|
Croissance économique (PIB) | +0,2 % par trimestre au S1 2025 |
Inflation | +1,0 % mi-2025 |
Taux de chômage | 7,6 % mi-2025 (contre 7,4 % fin 2024) |
Créations d’emplois | 40 000 en trois trimestres (essentiellement non salariés) |
Facteurs de soutien | Désinflation, industries compétitives (aéronautique) |
Risques | Faible consommation, incertitudes budgétaires, ralentissement mondial |