Dans une course effrénée à la croissance, la suroptimisation et la surexploitation des ressources finies risquent de conduire à la destruction de notre écosystème, menaçant la survie de l’humanité. Il est temps de changer de modèle économique et de soutenir un système durable et résilient.
Biodiversité, éthique, humanisme… : Les nouveaux critères des investisseurs pour un modèle économique durable ?
Dans ce contexte, les investisseurs pourraient privilégier les entreprises intégrant des critères de préservation de la biodiversité, de réduction des émissions polluantes, de transparence, d’éthique, de réduction des inégalités sociales et d’humanisme. Pour les investisseurs, ces allocations budgétaires ciblées sont la seule manière de maximiser le rendement sur le long terme. Et pour l’humanité la seule façon d’avoir une planète viable.
La crise climatique et la pandémie ont révélé la fragilité de notre modèle économique. Mondialisation, délocalisations, exploitation intensive de ressources naturelles finies, suroptimisation du travail et du capital, ce système porterait-il en lui les gènes de sa propre destruction ? Érigée comme gage de liberté, de prospérité et de bonheur, la croissance à tout prix de notre système économique montre aujourd’hui de façon prégnante ses effets dévastateurs : sur le climat avec la biodiversité, sur l’économie avec la création de bulles financières mais aussi sur le social avec l’augmentation des inégalités. Il est donc urgent d’agir, de changer nos investissements pour créer les conditions d’un système économique durable et résilient.
Des critères extra financiers qui s’ajoutent à l’équation
Fondée sur la surproduction et la rentabilité à court-terme, l’économie doit évoluer vers une croissance raisonnée intégrant, dans la création de valeur, les critères extra financiers (environnementaux et humains). Nous devons produire et consommer plus intelligemment, plus efficacement, replacer notre système dans un horizon de long terme, de réduction des inégalités et compatible avec le changement climatique et la préservation de la biodiversité. C’est dans ce contexte que de nombreuses entreprises ont mis en place des directions ESG dont la mission est d’évaluer les impacts environnementaux (E), sociétaux (S) et de gouvernance (éthique, gestion des risques, transparence, conflits d’intérêt) de leurs activités. Pour cela, elles collectent des données sur leurs actions afin de mesurer les critères extra financiers.
A l’instar de la façon dont elles se sont digitalisées il y a une quinzaine d’années via la création d’une direction digitale, les entreprises s’engagent dans des démarches ESG, pour attirer les investisseurs et actionnaires. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à allouer des capitaux à ce type de sociétés, convaincus que les critères extra financiers sont le seul moyen de maximiser le rendement sur le long terme. Selon l’Agence internationale de l’énergie, il y aura, pour la première fois en 2023, autant de capitaux dédiés aux nouvelles infrastructures solaires qu’au pétrole. Mais, soutenir des entreprises et des startups intégrant des critères extra financiers ou émanant de secteurs “clean tech” comme les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique, la gestion des déchets ou les transports durables, coûtent cher. C’est pourquoi des associations de fonds s'organisent pour les accompagner sur le long terme, délaissant peu à peu les groupes n’intégrant pas les critères extra-financiers.
Il est à noter aussi qu’auprès des jeunes, les critères extra financiers prennent de plus en plus d’importance, plusieurs diplômés de grandes écoles refusant de travailler dans des sociétés sans conscience environnementale ou sociétale. Ils attendent d’entreprises qu’elles soient écoresponsables, éthiques, tolérantes, qu’elles privilégient les circuits courts, les productions locales, la transparence, la bienveillance et l'anti-corruption. La création de valeur de l’entreprise ne peut plus se faire indépendamment du contexte de sa production et ne prendre en compte que le seul critère de la rentabilité à court terme.
L’IA comme clé de la réussite
Autre élément clé de la solution à cette économie durable et résiliente : la technologie. Avec l’IA les entreprises sont mieux armées pour analyser et quantifier les besoins, permettant ainsi de de comprendre, de tracer et d’agir. Elles ont les outils pour produire ce qu’il faut là où il le faut. Un monde idéal où seront finies les surproductions, n’est pas si loin.
Côté santé, l’identification très en amont de cellules cancéreuses via l’IA permet de développer des thérapies adaptées au patient, améliorant ainsi l'efficacité des traitements.
Dans les transports, l’Intelligence artificielle est un levier important d’amélioration du trafic, d’anticipation des besoins, d’optimisation des itinéraires, de développement de véhicules autonomes et électriques, et de promotion de modes de transport plus durables. Elle joue également un rôle dans les technologies visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à préserver l'environnement, à économiser les ressources naturelles.
Il ne s’agit là que des quelques exemples tangibles du présent. Sans attendre de la technologie qu’elle règle toutes les problématiques extra-financières d’aujourd’hui et de demain, elle est sans aucun doute un élément majeur de la solution de cette nouvelle économie durable et résiliente.
Si aujourd’hui l’humanité apparaît si fragile, il ne tient qu’à nous de changer de paradigme économique pour préserver les conditions environnementales et sociétales indispensables à la vie humaine. Cela implique une obligation de prendre en compte, comme éléments de création de valeur, les critères d’exploitation de ressources naturelles, de rejets de CO2 et de déchets, de réduction des inégalités et d’humanisation de notre économie. Conscients de l’urgence d’agir, de plus en plus d’entreprises et investisseurs se sont engagés dans cette transition vers une économie durable et résiliente via notamment le développement d’une intelligence collective.