Crise du logement : réguler ou non, là est la question

N’hésitez pas à faire suivre cet article au ministère du logement ou à vos députés… C’est important de stimuler leurs réflexions affligeantes et si conventionnelles. Il faut retrouver un évident sens de la mesure et de l’équilibre entre régulation et dérégulation. Explications.

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Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 25 avril 2024 à 11h30
Logement
Crise du logement : réguler ou non, là est la question - © Economie Matin

Comme vous le savez, il y a une crise immobilière en France mais à la limite on s’en fiche tant que la crise immobilière concerne le patrimoine des gens les plus riches et donc par définition, qui ne sont pas jetés dans la misère par une hausse des taux ou la baisse du prix du m².

Là où cela devient un problème général, c’est quand il y a une crise du logement. Et notre problème collectif n’est pas la crise immobilière, mais la crise du logement.

Avant d’aborder le côté analyse de la chose, je vous communique deux informations qu’il faut absolument mettre en relation.

En Espagne, à Barcelone, il viennent de réguler le marché immobilier

Voici ce que titre le magazine El Economista (source ici) revue économique de référence en Espagne.

Premier impact du contrôle des loyers en Catalogne : l’offre de logements diminue de 14 % et les prix augmentent de 4,6 % à Barcelone

Le contrôle des loyers augmente les prix et fait baisser l’offre de 14 %. La baisse a également été généralisée dans les capitales catalanes, avec des ajustements à deux chiffres en un seul mois dans la plupart d’entre elles. L’impact le plus important s’est produit à Gérone, où le nombre de locations disponibles a été réduit de 21 %, tandis qu’à Tarragone, la réduction de l’offre a été de 16 %.

Un résultat « brillant » du socialisme en marche qui ne marche pas, qui n’est pas franchement de nature à protéger les plus pauvres et les plus faibles.

Pire. Le mieux est ici factuellement l’ennemi du bien, puisque le gouvernement dans sa grande sagacité amplifie la crise… du logement !

En Argentine ? C’est exactement l’inverse qui se produit au même moment pour la raison totalement inverse. (Source ici en argentin qui est de l’espagnol)

Buenos Aires : hausse de 170 % de l’offre locative et stabilisation du prix des loyers !

Les prix des loyers dans la zone métropolitaine de Buenos Aires (AMBA) commencent à montrer des signes d’accalmie, comme le révèle un rapport privé. Cependant, le plus notable est l’augmentation de l’offre d’appartements à louer, qui a connu une croissance de 170 % en seulement trois mois depuis l’entrée en vigueur du DNU qui a abrogé la loi sur les loyers de 2020.

Ces données marquent un changement significatif dans le marché, où l’offre de logements dans certains quartiers de la ville de Buenos Aires ou villes du Grand Buenos Aires (GBA) était pratiquement nulle.

Ainsi, l’offre d’appartements à louer dans l’AMBA a atteint un total de 19.000 unités disponibles. Cette augmentation représente un changement considérable, surtout par rapport aux chiffres de fin 2023, où seuls 6 600 appartements étaient comptabilisés.

La mise en œuvre de la loi sur les locations en 2020, qui a établi des contrats de trois ans avec des mises à jour annuelles, a découragé des milliers de propriétaires d’entrer sur le marché.

« Les valeurs publiées des prix de location en février pour les appartements ont augmenté bien en dessous de l’inflation (13,2 %) et pour les maisons, elles ont diminué. Les données montrent que les valeurs locatives ont à peine changé dans CABA entre mars et février 2024, restant stables. ».

Régulation contre dérégulation !

Ce qui se passe est donc fascinant et très important.

Vous avez sous les yeux un laboratoire avec étude en double aveugle randomisée pour ceux qui auront la réf et apprécieront le second degré !

D’un côté la Catalogne qui régule et se plante.

De l’autre côté l’Argentine qui dérégule et améliore la situation…

Tout cela peut sembler incompréhensible, d’ailleurs cela le semble. Quand je regarde les commentaires sur Twitter, ils sont en réalité interloqués par les résultats du réél et cela donne ce genre de remarques, très, très nombreuses.

L’explication est simple. Très simple en fait

Il ne faut pas regarder uniquement l’effet dérégulation du loyer. Déplafonner le loyer uniquement, n’aura aucun effet sur le niveau des prix en effet. Pour que les loyers baissent il faut augmenter la quantité de bien à louer et la concurrence entre les biens. La bonne question est donc comment la dérégulation augmente la quantité de biens à la location ?

Simple.

En cessant de protéger de manière stupide les locataires. Aux gens d’être adultes, matures, et de faire les bons choix. Je commence par payer mon loyer ou payer mes médicaments plutôt que le dernier I-phone à 2 500 euros. Le problème c’est que si les agents économiques ne sont pas responsabilisés, ils prennent pour eux les bonnes décisions et ils ont raison de le faire. Si vous ne risquez rien en ne payant pas votre loyer, alors vous achèterez l’I-phone qui vous fait tant plaisir et c’est parfaitement rationnel. Si vous n’avez pas besoin de payer vos médicaments alors avec l’argent que cela vous laisse vous pourrez acheter ce nouvel I-phone…. C’est un exemple un peu outrancier pour illustrer ce que font les agents économiques.

De l’autre côté pour les propriétaires la location devient un calvaire. Ils payent de fortes charges et taxes, ils n’ont pas le droit de choisir leur locataire sinon c’est l’accusation de discrimination, ils ne peuvent pas expulser en moins de 2 ans un locataire indélicat, et je ne parle même pas des frais de remise en état, le tout avec des loyers qui sont encadrés par la puissance publique.

Résultat logique, les propriétaires de Buenos Aires à Barcelone en passant par Paris, mettent leurs appartements sur Airbnb… mais ce n’est pas de tout repos. Il faut faire les entrées/sorties, les états des lieux répétés, il faut meubler, payer l’eau et l’énergie, il faut remplacer les casses, réparer, maintenir pour un usage intensif, bref, c’est beaucoup de travail. Pour les plus riches, ils ne louent plus tout simplement et préfèrent payer les taxes pour logements vacants.

Ce que Miléi a fait est très simple : il a remis du bon sens

Juste du bon sens.

Personne ne vous force à louer un logement.

Vous le visitez avant de rentrer dedans.

Personne ne vous force à rester dedans (à condition de pouvoir partir louer ailleurs d’où la nécessité d’un marché fonctionnel).

Personne ne vous force à rien dans une société libre avec des marchés libres.

C’est un contrat entre deux personnes qui est passé.

Pas d’interdiction, pas de DPE, pas de délais minimum ou quoi que ce soit.

Désormais en Argentine le locataire et le propriétaire négocient le contrat de location comme bon leur semble.

Résultat ?

Les biens affluent sur le marché et les prix désormais montent moins vite que l’inflation avec une hausse des loyers de 4 % et une inflation de 13 en prix réels ils baissent déjà, ce qui est une grande nouveauté en Argentine.

Les biens affluent parce que les propriétaires n’ont plus peur de louer. Alors… ils louent et les locataires retrouvent des logements disponibles.

Mieux, les « riches » vont se mettre à construire et investir dans l’immobilier puisque louer deviendra plus facile et ce ne sera plus un casse-tête. L’immobilier va repartir, cela va tirer la croissance, la construction et le BTP. Cela va créer des emplois et des logements pour les gens.

Au bout du compte les loyers commenceront à baisser parce que l’offre locative sera-là.

Et en France ? Il faut déréguler massivement le logement !

En France nous avons la même crise du logement qu’en Catalogne ou en Argentine parce que l’Etat se mêle de tout et administre tout. Résultat ? L’investisseur va investir ailleurs. Mieux vaut acheter des actions qui rapportent 10 % par an sans emmerde que de tenter de louer un appartement. La crise immobilière devient une crise du logement.

Il faut commencer par responsabiliser les locataires. Tout le monde note tout le monde. Vous notez votre médecin, votre commerçant et évidemment le logement sur Airbnb… mais sur Airbnb le « locataire » est aussi noté par les propriétaires. Finalement, c’est vertueux. Alors vous pourriez noter les locataires. De la même manière qu’il y a un fichier des incidents de paiement de crédit à la banque, vous pourriez avoir la même chose pour les locataires. Cela ne coûte rien. Juste le prix d’un fichier, mais si vous êtes condamné par la justice… allez, zou fiché et la certitude de ne plus pouvoir vous loger dans le parc privé. Direction le parc HLM public qui gère la « solidarité » avec les impôts payés sur les revenus fonciers des propriétaires.

Laissez de la liberté aux gens et alors les biens afflueront.

La solution n’est pas d’encadrer encore plus 

La solution c’est de comprendre pourquoi les gens ne veulent plus louer et les investisseurs ne veulent plus d’immobilier !

Tout simplement parce que la relation contractuelle est devenue totalement injuste et déséquilibrée au profit des locataires et au détriment des propriétaires.

Par démagogie et par bons sentiments on a voulu protéger les gentils locataires trop neuneus pour comprendre ce qui est bon ou mauvais pour eux (ce qui est faux, ils sont tout aussi intelligents).

A trop protéger, on a décourager les forcément méchants propriétaires exploiteur de pauvres.

Résultat ?

Il n’y a plus assez d’exploiteurs de pauvres. 

L’Etat n’a pas assez d’argent pour loger les pauvres.

Les gentils pauvres n’ont pas assez de logements… mais ils sont bien protégés.

SDF, mais bien protégés !

Le mieux est toujours l’ennemi du bien, un adage populaire de bon sens.

L’économie c’est du bon sens et de l’équilibre

La relation contractuelle doit toujours être librement consentie et équilibrée.

Le rôle de l’Etat est de veiller à l’équilibre entre les parties.

Je peux vous assurer que nous pourrions redresser ce pays en 36 mois en remettant le bon sens au centre de toute action politique avec pour objectif non pas les intérêts de la population. Des gens. Les politiques menées depuis 40 ans redistributives, démagogiques, d’Etat providence sont une calamité qui ne mènent pas au bonheur des gens, mais à la faillite de tous. Le réveil sera brutal, mais nous redresserons ce pays, la seule question est de savoir si nous pourrons le faire avant l’effondrement ou après.

Vive la liberté.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »

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Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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