Le secteur de l’immobilier neuf subit un séisme économique avec une baisse drastique de 28,3% des permis de construire délivrés en un an. La crise, résultant d’une conjonction de facteurs tels que la baisse du pouvoir d’achat des acquéreurs, la flambée des coûts de construction et la hausse rapide des taux d’intérêt, menace l’équilibre du marché.
Crise immobilière : baisse record des permis de construire
Les répercussions de cette crise se font ressentir non seulement sur le plan économique, avec des suppressions d'emplois redoutées, mais aussi sur le paysage immobilier, laissant entrevoir des années difficiles pour le secteur.
Chute libre des permis de construire
Les dernières statistiques du ministère de la transition écologique révèlent une baisse spectaculaire de 28,3% dans la délivrance des permis de construire pour la période d'octobre 2022 à septembre 2023. Bien que les chiffres précédents aient été gonflés par des dates butoirs réglementaires, le nombre mensuel de permis délivrés stagne à des niveaux exceptionnellement bas depuis août 2022, oscillant autour de 30 000.
Cette crise touche toutes les catégories d'habitat, de l'individuel pur aux résidences, avec une réduction des chantiers de maisons individuelles atteignant des niveaux jamais vus depuis l'an 2000. « Il ne se passe rien, rien, rien. On a touché le fond », assène Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).
Les causes de la crise
L'immobilier neuf traverse une période de turbulence due à une convergence de mauvaises conjonctures. La forte baisse du pouvoir d'achat des acquéreurs, accentuée par la hausse rapide des taux d'intérêt, a exclu de nombreux aspirants propriétaires du marché. Les conséquences des crises mondiales, telles que la pandémie de Covid19 et la guerre en Ukraine, ont entraîné une flambée des coûts des matériaux de construction. Les nouvelles réglementations environnementales imposent également des surcoûts aux projets neufs. La Fédération française du bâtiment (FFB) redoute une crise profonde dans la construction neuve, prévoyant une récession de 5% en 2024.
Perspectives et suppressions d'emplois
La crise immobilière annonce de sombres perspectives pour le marché du travail. La FPI estime que les promoteurs auront enregistré la moitié des réservations d'une année normale en 2023, anticipant une année difficile. Pascal Boulanger souligne que « l'arrêt des nouveaux programmes par les promoteurs, incapables d'écouler leur production, menace l'emploi dans le secteur ». La FFB redoute jusqu'à 150 000 suppressions d'emplois dans la construction d'ici à 2025, avec des conséquences étendues aux métiers connexes. Les temps s’annoncent difficiles et incertains pour le secteur de la construction neuve.
Devenir propriétaire : quelles alternatives face à l’inflation ?
Le rêve français de devenir propriétaire s'obscurcit face à ce contexte alarmant. L’inflation reste élevée, rognant sur le pouvoir d’achat des potentiels primo-acquérant. La BCE a choisi de répondre à cette inflation par une hausse des taux directeurs, provoquant une flambée des taux d’emprunts, passés de 2,35 % à 4 % en quelques mois seulement, selon l'Observatoire CSA-Crédit Logement. Dans le même temps, le prix moyen du mètre carré à l’achat atteint des sommets, avec une moyenne estimée à 3.178 euros, une hausse de 30 % en dix ans selon l'Insee. En conséquence, le marché de l'immobilier subit une chute vertigineuse des ventes, enregistrant une baisse de 12 % en un an, selon les Notaires de France. Et si cette nouvelle donne tend à infléchir vers le bas les prix de l’immobilier, la baisse n’est pas généralisée (les territoires les plus prisées résistent), et dans des proportions trop faibles pour inverser la tendance.
Acheter un logement neuf ou faire construire sont devenus hors de prix, acheter dans l’ancien est périlleux : seules les personnes disposant déjà d’un patrimoine important ou de revenus nettement au-dessus de la moyenne semblent avoir aujourd’hui les moyens de devenir propriétaire sans trop angoisser sur l’avenir…