Si la retraite était autrefois un horizon rassurant, elle semble aujourd’hui n’être plus qu’une promesse brumeuse, menacée par les déséquilibres budgétaires, les réformes à répétition et les angoisses générationnelles. Et les chiffres ne trompent pas : la défiance est massive.
Crise de confiance sur la retraite : la peur s’installe dans tous les foyers
Par
Publié le 4 avril 2025 à 10h15
84%84 % des Français considèrent l’avenir comme une source de craintes
Une peur croissante autour de la retraite : le symptôme d’un malaise français
La dernière édition du Baromètre Assurances 2025 menée par BPCE L’Observatoire, publiée en mars 2025, est sans appel : 78 % des Français se déclarent inquiets pour l’avenir des retraites, un chiffre qui grimpe à 84 % chez les femmes et atteint 85 % chez les 50-64 ans. Et que dire des catégories populaires ? Leur inquiétude culmine à 83 %, dans un contexte où les filets sociaux s’effilochent.
Là où le bât blesse, c’est que la retraite, autrefois totem républicain, devient un champ de bataille idéologique, fiscal et générationnel. Les jeunes eux-mêmes – qu’on imagine insouciants – n’y croient plus vraiment. 68 % des 18-24 ans se disent inquiets, une méfiance qui tranche avec leur distance temporelle supposée du sujet. C’est que l’angoisse ne respecte pas l’âge. Elle s’installe, insidieuse.
L’épargne retraite explose : un réflexe de survie individuel
Le vieux modèle par répartition, pilier historique du pacte social français, vacille dans les opinions. Désormais, 53 % des sondés privilégient un financement par capitalisation, seul ou en complément de la répartition. Une révolution silencieuse, imposée moins par l’enthousiasme que par le doute. Car derrière ce glissement idéologique se cache une vérité brutale : la confiance dans la pérennité du système s’effondre.
Face à ce climat délétère, les Français prennent les devants. 56 % des actifs mettent de l’argent de côté pour leur propre retraite, un bond de 8 points en un an selon le baromètre BPCE. Dans les grandes agglomérations et chez les catégories aisées, ce chiffre atteint même 69 %. L’épargne devient un réflexe de défense, un bouclier personnel contre l’effondrement pressenti du collectif.
Mais attention, tous ne sont pas égaux devant cette course à l’épargne. Ce sont encore les femmes et les plus modestes qui épargnent le moins, prisonnières d’un pouvoir d’achat déjà grignoté par l’inflation et la précarité de l’emploi. Cette inégalité ajoute une dimension insidieuse à la crise : la retraite pourrait devenir un privilège, là où elle était un droit.
Coût de la vie, instabilité politique, dépendance : la retraite n’est qu’un maillon
Les craintes autour de la retraite ne tombent pas du ciel. Elles s’inscrivent dans une angoisse plus large, diffuse, presque existentielle. Toujours selon le Baromètre Assurances 2025, 84 % des Français considèrent l’avenir comme une source de craintes, et 77 % jugent la dépendance comme un enjeu prioritaire, plus encore que la retraite elle-même. C’est dire le sentiment d’exposition qui domine.
Derrière ces chiffres, une société lasse de subir. 53 % redoutent le coût de la vie et l’inflation, 49 % l’insécurité, 35 % l’accès aux soins. Et le verdict tombe : 49 % des Français se sentent mal protégés, contre 46 % qui estiment l’être. Autant dire qu’un rien peut faire basculer l’opinion. Une réforme mal présentée, une annonce budgétaire floue, et le fragile équilibre se rompt.