Le secteur des crédits immobiliers en France traverse une période compliquée. Entre la montée des taux d’intérêt et les politiques monétaires restrictives, la capacité d’emprunt des ménages s’effrite, mettant en lumière une réalité préoccupante pour le marché immobilier.
Crédit immobilier : la crise se poursuit, les ménages sont en difficulté
L'escalade des taux d'intérêt des crédits immobiliers
L'augmentation est plus que marquée
Les taux moyens des prêts immobiliers ont connu une stabilisation à 3,61% en juillet 2023. Cette évolution, loin d'être anodine, représente une augmentation de 2,37 points depuis 2021, passant de 1,24% à 3,61% en trois ans. Une tendance qui s'est manifestée par une hausse constante de 18 points de base par mois depuis le début de l'année.
Les conséquences pour les emprunteurs
La politique monétaire restrictive de la BCE (Banque Centrale Européenne) a incité les banques à augmenter les taux de crédits immobiliers. Résultat : la capacité d'emprunt a diminué de 27,5% depuis décembre 2021 et de 12,6% depuis janvier 2023. Concrètement, un emprunteur qui aurait pu obtenir un prêt de 100.000 euros fin 2021 ne peut désormais prétendre qu'à 72.500 euros en juillet 2023.
Le nombre de crédits accordés en chute libre
Des chiffres alarmants
La production de nouveaux crédits immobiliers a plongé de 51,5% en un an, avec une diminution similaire du nombre de prêts accordés. Cette situation est principalement attribuée aux augmentations successives des taux directeurs de la BCE.
Le marché en difficulté
Malgré une baisse des coûts des transactions immobilières de 5,8% au cours des sept premiers mois de 2023 et une augmentation des revenus des emprunteurs de 6,8%, la demande reste faible. Le coût relatif des opérations est de 4,2 années de revenus en juillet 2023, contre 4,7 années en 2022.
Le marché va-t-il se redresser ?
Un marché en panne
Michel Mouillart, professeur d'économie et porte-parole de l'Observatoire Crédit Logement CSA, estime que le marché immobilier est proche de la panne. Il souligne que nous n'avons jamais atteint un seuil aussi bas, sauf en 2020 pendant la pandémie de Covid et en 2008-2009 lors de la crise des subprimes.
Retour à la normale ou crise prolongée ?
Pour le Crédit Agricole, interrogé par Capital, la baisse de 25% à 30% du nombre de nouveaux crédits immobiliers au premier semestre 2023 est perçue comme un retour à la normale. « Nous revenons à un niveau observé régulièrement avant 2015, on a quitté l’exubérance des dernières années, nous sommes dans une phase de normalisation et ne sommes pas préoccupés », estime de son côté le François Mouriaux, de la Banque de France.
Bercy aussi est optimiste : « avec la baisse des prix de l’immobilier, les Français verront leur pouvoir d’achat grimper et pourront de nouveau emprunter ».