Porsche traverse une zone de turbulences. Après avoir misé sur l’électrification de ses gammes, la marque allemande a opéré un retour en arrière en réintroduisant des motorisations thermiques et hybrides rechargeables. Cette décision qui a un prix : une baisse de 800 millions d’euros de son résultat opérationnel et une chute de plus de 6 % de son action en Bourse.
Coup de frein brutal pour Porsche

Jusqu’en 2023, Porsche ambitionnait de faire des véhicules électriques 80 % de ses ventes d’ici 2030, à l’exception de la légendaire 911. Mais la demande en berne en Chine, combinée à un ralentissement du marché de l’électrique en Europe, a contraint le constructeur à réviser ses plans. Désormais, des modèles comme le Boxster, le Cayman ou encore le Cayenne intégreront des motorisations thermiques et hybrides, et une déclinaison thermique de la e-Macan est même envisagée.
Les ambitions de Porsche revues à la baisse
Cette réorientation implique d’importants investissements. Porsche a ainsi alloué 800 millions d’euros pour financer le développement de ces nouveaux modèles. Une dépense qui affecte ses marges : elles devraient osciller entre 10 % et 12 % en 2025, loin des 18 % enregistrés en 2023. L’entreprise accuse également un repli de ses ventes, avec une baisse de 3 % en 2024, et un plongeon de 28 % sur le marché chinois.
Face à ces difficultés, Porsche a procédé à des remaniements au sein de sa direction. Lutz Meschke, vice-président du conseil d’administration et ancien directeur financier, ainsi que Detlev von Platen, directeur des ventes et du marketing, ont été évincés début février. Ces départs, ordonnés par Wolfgang Porsche, président du conseil de surveillance, traduisent des tensions internes croissantes.
Une crise de gouvernance et des incertitudes économiques
Oliver Blume, PDG de Porsche et de Volkswagen, se retrouve sous pression. Certains observateurs suggèrent qu’il pourrait être amené à abandonner la direction de la marque de luxe pour se concentrer sur la restructuration de Volkswagen, confronté à une réduction drastique de ses effectifs en Allemagne.
Enfin, Porsche doit également faire face à des menaces extérieures, notamment l’éventuelle instauration de taxes douanières par Donald Trump sur les véhicules importés d’Europe. Avec les États-Unis comme premier marché pour la marque (86.541 véhicules livrés en 2024), l’éventualité d’une production locale aux États-Unis est à l’étude, notamment dans l’usine Volkswagen de Chattanooga, dans le Tennessee.
Alors que Porsche tente de maintenir son prestige, Ferrari, son concurrent italien, affiche une santé éclatante avec une marge de près de 26 % et une hausse de 21 % de son bénéfice net en 2024. Une performance qui met encore plus en lumière les difficultés du constructeur allemand, en quête d’une nouvelle stratégie viable.