Le second semestre de 2023 pourrait représenter un point de bascule pour l’économie mondiale. Les pressions inflationnistes s’atténuent et les risques se déplacent vers la croissance. Les grandes économies continuent d’éviter la récession et le secteur des services semble résilient, mais les indicateurs de l’activité manufacturière faiblissent.
Dix convictions d’investissement pour le S2 2023
L'inflation globale recule mais, si l'on exclut l'énergie, les données restent robustes. Les craintes de contagion liées au secteur bancaire régional américain se sont dissipées et les conditions de prêt se sont moins resserrées que prévu.
Conjuguées à des marchés de l'emploi tendus et à des dépenses de consommation robustes, ces tendances donnent aux banques centrales l'espace et l'incitation nécessaires pour maintenir des politiques monétaires restrictives. Néanmoins, la fin des cycles de resserrement est proche. Les autorités monétaires maintiendront les taux directeurs à des niveaux élevés – et pourront même les relever si nécessaire – jusqu'au refroidissement du moteur économique. Il est donc peu probable que la Réserve fédérale assouplisse sa politique monétaire avant le début de 2024. Nous en surveillons attentivement l’impact sur les petites entreprises et sur leurs salariés, qui constituent l’essentiel de la production économique et de la main-d’œuvre. Nous anticipons une récession modérée et de courte durée aux États-Unis, avec une croissance du PIB de 0,9% pour l’ensemble de l’année.
En Europe, le choc énergétique appartient désormais au passé, l’inflation de base commence tout juste à baisser tandis que la croissance des salaires se poursuit. La Banque centrale européenne devrait poursuivre son cycle de hausses de taux et la croissance atteindre 0,7% en 2023. En parallèle, la reprise post-pandémie de la Chine a été plus lente que prévu et les vulnérabilités persistent dans le secteur immobilier. Toutefois, l'inflation reste contenue et les dépenses de consommation se maintiennent grâce au soutien des autorités. Nous prévoyons une croissance de l'économie chinoise de 5,5% en 2023.
Le sentiment des investisseurs s'est amélioré avec le recul de l'inflation. Cependant, du fait que la croissance ralentit et que, cette année, la performance des marchés boursiers a été principalement due aux actions de grande capitalisation et au secteur technologique, nous conservons un positionnement équilibré et une exposition neutre aux actifs risqués, privilégiant les secteurs affichant une plus grande marge de sécurité ou des perspectives de croissance plus solides. Cela permet d'équilibrer les données économiques mitigées et le resserrement des conditions de crédit avec les valorisations des actifs risqués, qui semblent compatibles avec un atterrissage en douceur de l'économie. Toutefois, compte tenu des risques de récession, l'équilibre risque/rendement sur les marchés actions semble peu convaincant. En effet, l'augmentation du coût du capital pèsera sur la croissance et les bénéfices des entreprises aux États-Unis, où nous prévoyons un recul de 8% de la croissance des bénéfices sur l'ensemble de l'année pour l'indice S&P 500, suivi d'un gain de 13% en 2024. La même année, les bénéfices devraient augmenter de 13% en Europe et de 15% au Japon et en Chine, se redressant des baisses prévues pour 2023.
Après une décennie de taux proches de zéro, voire négatifs, les obligations de qualité affichent à nouveau des rendements attractifs. À ce stade du cycle, nous privilégions les emprunts d'État et le crédit d’entreprise de qualité.
L'examen des opportunités ne serait pas complet sans surveiller étroitement les risques, en particulier dans le sillage du cycle de resserrement monétaire le plus important depuis des décennies. Les dangers d’une inflation persistante et une erreur de politique monétaire constituent des risques majeurs, tout comme le resserrement des conditions du crédit et les tensions géopolitiques. Par ailleurs, nous ne pouvons exclure un net recul des bénéfices des entreprises ou une sous-estimation des risques de récession par les marchés.