La décarbonation du secteur du bâtiment est un enjeu majeur du développement durable en France et dans le monde. Gros émetteur de CO2, le bilan carbone du bâtiment et de la construction est le 3ᵉ poste d’émissions de gaz à effet de serre (GES) en France et représente, en 2021, 43,8 millions de tonnes éq. CO21
Continuons d’accentuer la décarbonation du secteur du bâtiment
Une réglementation environnementale RE 2020 déterminante …
Conformément aux objectifs européens et nationaux, le poids carbone des matériaux et des équipements a été mis en lumière de même que l’impact carbone du bâtiment sur tout son cycle de vie. Une évidence qui devient désormais une contrainte pour tous les acteurs de la construction neuve. Le bâtiment neuf doit non seulement être efficace et exemplaire sur le plan énergétique mais également sur le plan environnemental ! Le retour d’expérience de l’application de cette nouvelle réglementation montre que ces contraintes sont plutôt admises, cohérentes et n'engagent pas d’opposition majeure dans son application, même si les seuils de performances se durcissent d’ici 2030.
En complément de la RE2020, un outil réglementaire a été instauré depuis peu, la REP ou Responsabilité Elargie du Producteur. Elle est obligatoire depuis le 1er janvier 2022 pour la gestion des déchets de chantier. Celle-ci devrait enfin ouvrir la voie sur les cinq années à venir vers une véritable économie circulaire. Désormais, un déchet devient une véritable ressource. Cette REP est déterminante dans le sens où les déchets de construction ou de démolition sont repris sans frais lorsqu’ils font l’objet d’une collecte séparée et organisée.
Par ailleurs, le choix des matériaux reste primordial pour répondre à cette réglementation RE2020. Ainsi, les matériaux biosourcés ont un impact carbone moindre et sont dans la tendance et l’évolution naturelle de la construction, d’autant plus dans le neuf du fait des contraintes de décarbonation. Et quoi de mieux que le bois, l’un des matériaux biosourcés qui est en plein développement. Ce dernier s’est complètement démocratisé dans la construction neuve… mais pas seulement ! Les isolants, mortiers et bétons viennent juste après. Ils souffrent juste d’une transition plus lente mais qui demeure certaine dans des conditions économiques qui seront de plus en plus abordables. C’est donc une véritable évolution dans la filière du bâtiment. Et ce sont bien le législateur et la réglementation qui font avancer les mentalités suivies des actions avec des résultats mesurables. Si la feuille de route de décarbonation de la France à l’horizon 2050 est écrite par le législateur, c'est sous la pression des électeurs qu’elle s’adaptera.
Dès lors, nous aurions pu craindre qu’une profusion de labels et de normes crée l’effet inverse. Or, la réglementation est la base à respecter pour construire plus vertueusement. Il existe également des labels privés qui sont incitatifs et non obligatoires. Ils labellisent différentes thématiques, pour une meilleure performance énergétique comme Effinergie, pour une meilleure performance environnementale comme HQE2 ou pour une meilleure performance bas carbone comme BBCA.3 Enfin, se prépare en ce moment un label d’Etat dénommé CAP 2030 fortement attendu pour les constructeurs et promoteurs qui veulent aller plus loin que la réglementation RE2020.
… et des solutions innovantes dans le secteur du bâtiment
En matière de décarbonation du bâtiment, des innovations importantes sont déjà disponibles : des nouvelles pompes à chaleur au réfrigérant R290 ou propane qui ont un impact à effet de serre mille fois moindre que les réfrigérants actuels comme le R410; des solutions EMS, Energy Management System, qui permettent un pilotage évolué des consommations d’énergie du bâtiment avec la simulation de bâtiments « jumeaux » ou fictifs faisant appel aux datas et l’IA; des vitrages bas carbone qui présentent une réduction carbone de plus de 40% grâce aux process de recyclage, etc. L’industrie du bâtiment a compris que son écosystème avait tout intérêt à l’application et au respect de normes environnementales.
En effet, si des pionniers et autres entreprises volontaires, pour des raisons de différenciation, économiques ou d’engagement, ont la voie ouverte pour écrire les innovations supérieures qui feront le bâtiment de demain, le rythme aurait été bien plus lent sans incitation légale, sans réglementations.
Le plan France Relance a-t-il joué un rôle dans le changement en cours au sein du secteur ? Oui, en partie car il est déterminant dans le secteur de la rénovation qui est pleinement aidé par des primes et des dispositifs multiples comme le prêt à taux zéro. Les aides n’ont jamais été aussi incitatives ! Même si l’accès parait toujours complexe avec des changements à chaque loi de finances.
Ainsi, les prêts et les accompagnements sont toujours présents pour la rénovation énergétique avec des établissements financiers comme BPI France qui soutiennent les politiques publiques conduites par l’Etat et les régions. Par ailleurs, il existe aussi des solutions tel que le tiers financement. C’est un tiers extérieur qui avance l’investissement des travaux et se rémunère sur les économies d’énergie engendrées. Il y a même une loi récente qui ouvre ce dispositif de financement à l’État et aux collectivités territoriales pour massifier la rénovation énergétique des bâtiments publics. Cela représente tout de même 300 millions de mètres carrés !
En conclusion, les sources de financement de la décarbonation du bâtiment sont aujourd’hui diversifiées mais, ne nous y trompons pas, ces entreprises n’ont pas véritablement d’autre choix car la feuille de route est française et surtout européenne. Avec l’obligation « Fit for 55 », l’UE est contrainte à une réduction de 55% des émissions d’ici à 2030 et à une neutralité carbone à l’horizon 2050. C’est l’objectif à atteindre et les industriels du bâtiment, qui ont en majorité une dimension internationale, s’y emploient pleinement. Lorsque le risque de contraintes économiques est réel, il fait avancer d’autant les mentalités et capacités d’action !
EnerJ-Meeting, la journée de l'efficacité énergétique et environnementale du bâtiment, se tiendra le 6 février 2024 à Paris
1 (Source : INSEE, 2022).
La répartition des émissions dans le secteur du bâtiment se répartit comme suit (Source : Rapport "Global status report for buildings and construction" des Nations Unies, 2021) :
2 La définition d’HQE est simple : ce sigle signifie Haute Qualité Environnementale et certifie des projets de construction ou de réhabilitation selon des critères d’exigence environnementaux. Le label HQE ne répond pas à une réglementation précise, mais sert plutôt de cadre de référence pour accompagner la transition écologique française. https://www.obat.fr/blog/label-hqe/
3 Le label BBCA atteste de l’exemplarité d’un bâtiment en matière d’empreinte carbone. Il concerne le bâtiment Neuf ou le bâtiment Rénové. plus d’information : https://www.batimentbascarbone.org/label-bbca/