Peut-on concilier consommation responsable et pouvoir d’achat ?

Malgré la crise, de nouveaux modes de consommation continuent à émerger. Plus connectés, plus vertueux, plus écologiques, ils sont pratiqués par de plus en plus de Français. Mais comment les concilier avec la préservation du pouvoir d’achat, particulièrement malmené ces derniers mois ? Et quelles sont les conséquences pour les enseignes ?

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Par Delphine Duée et Adrien Tuza Publié le 10 novembre 2022 à 5h53
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Peut-on concilier consommation responsable et pouvoir d’achat ? - © Economie Matin
29%29% des Français ont acheté un produit d'occasion en 2021

Le pouvoir d’achat est la priorité numéro un de 75 % des Français, loin devant la santé et l'environnement. Une consommation responsable est par conséquent quelque peu antinomique de la préservation du pouvoir d’achat puisque cela implique des produits de meilleure qualité - bio et locaux par exemple -, donc plus chers. Et puis, les Français votent autant avec leur carte bleue qu’avec leur carte d’électeur ! Néanmoins, il est possible d’adopter des pratiques de consommation vertueuses : éviter le gaspillage alimentaire, préférer les transports publics à la voiture individuelle, le train à l’avion, réduire sa consommation énergétique, réparer plutôt que jeter, etc.

Ces nouveaux modes de consommation impactent le secteur de la distribution en profondeur. De plus en plus de distributeurs se lancent sur le marché des produits de seconde main comme Fnac Seconde Vie, Darty Occasion, Carrefour Occasion ou encore Back Market, la licorne française la mieux valorisée à ce jour. Cette tendance du réemploi est en hausse : 29 % des Français ont acheté un produit d'occasion en 2021, contre 16 % en 2018. Autre phénomène : l’envie de « consommer moins ». Decathlon propose ainsi à ses clients la location de produits de sport. À quoi bon acheter un paddle quand on va à la mer une fois par an ? Autant le louer, c’est plus économique et écologiquement plus vertueux.

Ces sujets de fond auxquels tous les distributeurs réfléchissent actuellement sont en fait imposés par les consommateurs qui souhaitent plus de transparence, moins d’intermédiaires, des produits durables et la possibilité de les réparer quand ils tombent en panne. Les Français attendent des engagements concrets de la part des enseignes ! Celles qui ne l'ont pas fait devront se positionner rapidement sous peine d’être dépassées par la concurrence.

Du côté des nouvelles technologies, l'innovation permet entre autres d’élargir le réseau de distribution, de rapprocher le consommateur du producteur, de consommer à moindre coût, de réduire le gaspillage et d’améliorer la traçabilité des produits. C’est ce qu’ont bien compris des plates-formes comme Vinted pour l’achat et la vente de vêtements et accessoires d’occasion ou Too Good To Go qui permet de récupérer à prix réduit les invendus des restaurants et métiers de bouche. Carrefour de son côté travaille sur la blockchain, afin d’assurer la traçabilité sécurisée et infalsifiable des produits distribués dans ses points de vente en suivant, étape par étape, tous les intermédiaires de ses filières qualité.

Le cadre politique et réglementaire doit également contribuer à maîtriser la baisse du pouvoir d’achat. Le consommateur ne pourra pas changer les choses tout seul ! Ainsi, la loi Anti gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) nous permet, en tant que consommateurs, de connaître par exemple l'indice de réparabilité d'un produit, que l’enseigne Fnac Darty a été la première à mettre en place en rayon. Il y a aussi des distributeurs qui s'engagent à fournir des pièces détachées à plus long terme.

Il faut noter également la loi ​dite ​Egalim 2 d’octobre 2021, qui vise à protéger la rémunération des agriculteurs et rééquilibrer les relations commerciales entre les différents maillons de la chaîne alimentaire, en intégrant notamment les marques de distributeurs. La Fédération nationale bovine et Lidl ont ainsi annoncé lors du dernier salon de l’agriculture 2021 la mise en place d’un « rémunéra-score », un dispositif d’étiquetage qui permet de savoir dans les rayons si la viande bovine a été achetée au bon prix pour l'agriculteur. C'est une nouveauté qui va dans le bon sens.

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