C’est un classique des contrats d’électricité en France : les heures creuses et heures pleines. Les premières, moins chères que les deuxièmes, sont des tranches horaires à préférer pour faire tourner le gros électroménager, notamment, afin de faire des économies. Mais ça pourrait bien changer en 2025.
Consommation d’électricité : comment vont évoluer les heures creuses et heures pleines en 2025 ?
Le système des heures creuses et pleines en France s’apprête à connaître une transformation sans précédent dès 2025. Longtemps restées stables, ces plages horaires où l’électricité est facturée à un tarif réduit vont être repositionnées pour répondre aux nouveaux enjeux énergétiques. Une réforme orchestrée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui s’inscrit dans un contexte où la transition énergétique impose de revoir les habitudes de consommation et de production électrique.
Ce que sont les heures creuses et pleines : une gestion fine de la consommation d’électricité en France
Les heures creuses représentent, historiquement, des périodes de faible demande en électricité. Entre 22 heures et 6 heures du matin, les ménages équipés de ce forfait bénéficient de prix réduits, incités à déplacer leur consommation énergétique vers ces moments. En contrepartie, le tarif appliqué en heures pleines, c’est-à-dire le reste de la journée, est plus élevé. Ce mécanisme vise à lisser la demande électrique sur 24 heures, en évitant les pics de consommation qui mettent le réseau sous tension.
Cependant, dans la pratique, ce système ne fonctionne pas toujours de manière optimale. Actuellement, environ 60 % des foyers équipés de l’option heures pleines/heures creuses n’en tirent pas véritablement avantage. De plus, des plages horaires mal adaptées — comme celles parfois situées entre 7 heures et 8 heures du matin ou à 17 heures — compromettent leur efficacité. Ce constat pousse la CRE à intervenir pour refondre intégralement ce modèle.
Pourquoi une réforme des prix de l’électricité en France s’impose-t-elle aujourd’hui ?
Plusieurs éléments justifient cette refonte des heures creuses. Tout d’abord, la montée en puissance des énergies renouvelables, notamment photovoltaïques, a bouleversé les équilibres de production électrique. En été, la production solaire atteint son apogée l’après-midi, tandis que la demande reste faible. Conséquence : le réseau se retrouve en surcharge, conduisant à des situations de prix négatifs sur les marchés de gros. Les producteurs d’électricité paient pour écouler leur surplus, un paradoxe économique et écologique que les autorités cherchent à corriger.
La CRE, comme l'explique sa président Emmanuelle Wargon auprès de FranceInfo, propose donc de repositionner les heures creuses afin qu’elles coïncident mieux avec ces périodes de forte production solaire. À partir de 2025, les consommateurs pourraient voir apparaître des heures creuses en pleine journée, notamment entre 13 heures et 16 heures durant les mois estivaux. Cette mesure vise à encourager l’utilisation de l’électricité excédentaire, par exemple pour la recharge des véhicules électriques ou le fonctionnement d’appareils électroménagers. « À la CRE, on est attachés aux heures creuses, nous souhaitons mieux les positionner, car certaines sont mal situées, vers 7-8 heures du matin ou vers 17-18 heures », souligne la président de la CRE
Au-delà de cette répartition, l’objectif est également de maintenir l’attractivité économique de ces plages horaires. Selon Emmanuelle Wargon, présidente de la CRE, pour que les heures creuses restent rentables, il faut qu’au moins 30 % de la consommation d’un ménage s’effectue durant ces périodes. Un défi qui nécessite une sensibilisation des consommateurs.
Les impacts concrets pour les ménages français : changer ses habitudes de consommation d’électricité
Pour les consommateurs, ces changements impliquent une adaptation des habitudes de vie. Les fournisseurs d’énergie seront chargés d’informer leurs abonnés des nouvelles plages horaires dès que celles-ci auront été validées. Les foyers équipés d’appareils programmables, comme les chauffe-eaux ou les lave-linge, pourront ajuster leur utilisation afin de maximiser leurs économies.
Néanmoins, ce bouleversement s’accompagne aussi de questions financières. Bien que les abonnements heures pleines/heures creuses soient légèrement plus coûteux que les forfaits classiques — environ 8 euros supplémentaires par an pour une puissance de 6 kVA —, leur rentabilité dépendra davantage de la flexibilité des ménages. Ceux qui ne parviendront pas à déplacer une part suffisante de leur consommation risquent de perdre cet avantage.
Une baisse des prix et une hausse des taxes : comment va évoluer le prix de l’électricité en 2025 ?
En parallèle de cette réforme, une autre nouvelle devrait réjouir les consommateurs : une baisse de 14 % du tarif réglementé de l’électricité est attendue dès février 2025. Cette diminution, qui concerne près de 20 millions de foyers, s’explique par la baisse des prix de gros sur les marchés de l’énergie. Cependant, cette bonne nouvelle cache une réalité plus complexe.
La taxe TURPE sur l’électricité, initialement repoussée par le gouvernement, sera augmentée, passant de 21 euros à 33,70 euros par mégawatt/heure. Ainsi, si certains verront leur facture globale diminuer, d’autres pourraient être directement touchés par une hausse, notamment les détenteurs de contrats à prix fixes, qui ne bénéficieront pas de la baisse des tarifs de marché.
Une transition énergétique en marche, mais à quel coût ?
Ces changements s’inscrivent dans une logique globale de transition énergétique. La France, confrontée à une demande croissante et à des enjeux climatiques pressants, cherche à optimiser l’utilisation de son réseau électrique. En repositionnant les heures creuses pour mieux tirer parti des énergies renouvelables, le pays espère réduire sa dépendance aux énergies fossiles et minimiser les pertes économiques liées aux prix négatifs.
Cependant, la réussite de cette réforme dépendra de l’adhésion des consommateurs. Si les foyers ne modifient pas leurs comportements pour intégrer ces nouveaux horaires, l’impact restera limité. De plus, les critiques ne manquent pas, certains pointant du doigt un système complexe et parfois difficile à comprendre pour les ménages. D’autres s’inquiètent de l’augmentation des taxes, qui pourrait annuler les bénéfices liés à la baisse des prix de gros.
En définitive, cette refonte des heures creuses et pleines reflète les défis d’une transition énergétique qui impose des choix parfois audacieux, mais nécessaires. Reste à voir si ces mesures parviendront à concilier les objectifs environnementaux, économiques et sociaux sans pénaliser les ménages les plus vulnérables.
Et vous, êtes-vous prêt à réorganiser votre consommation électrique pour profiter de ces changements ?