Consommation : faute d’argent, les Français n’achètent plus (et c’est mauvais)

En avril 2024, la consommation des ménages français a montré des signes de contraction, avec une baisse de 0,8% des dépenses des ménages en biens. Cette tendance baissière, marquée particulièrement dans le secteur alimentaire, implique des répercussions économiques et sociales pour les consommateurs français. Alors que certains secteurs comme l’énergie montrent une légère reprise, la prudence reste le mot d’ordre dans les dépenses courantes.

Stephanie Haerts Economie Matin
Par Stéphanie Haerts Modifié le 31 mai 2024 à 16h53
Consommation sans argent ménage

Un repli de la consommation alimentaire

En avril 2024, la consommation alimentaire des ménages français a subi une chute de 2,7 % selon un communiqué de l’Insee publié ce vendredi 31 mai. Cette régression est essentiellement due à une baisse des achats de divers produits alimentaires, tels que le chocolat et les confiseries. Ces derniers avaient précédemment connu un pic de consommation en mars, stimulé par les célébrations de Pâques. Ce phénomène montre clairement à quel point des événements du calendrier peuvent fortement influencer les tendances de consommation, en façonnant les habitudes d'achat des ménages en fonction des festivités et des saisons.

De plus, la baisse des achats de conserves de poissons et autres poissons transformés souligne une tendance plus large de réduction des dépenses sur certains types de biens non essentiels ou substituables. Parallèlement, malgré la tendance générale à la baisse, la consommation de tabac a enregistré une hausse, contrastant avec trois mois consécutifs de baisse. Une anomalie qui peut suggérer un comportement de compensation ou des ajustements dans les préférences de dépenses en réponse à des pressions économiques ou sociales.

Des dépenses en énergie en hausse

Contrastant avec la tendance générale, les dépenses en énergie ont augmenté de 1,3 %, stimulées en partie par une hausse de la consommation de carburants. Ce rebond peut être interprété comme une réponse à des besoins essentiels non compressibles, tels que la mobilité, malgré un contexte économique contraint.

La catégorie des biens fabriqués montre une quasi-stabilité (-0,1%), avec des dynamiques mixtes au sein de la catégorie. Les dépenses en habillement-textile ont reculé de 2,0%, reflétant peut-être une prudence accrue dans les dépenses non essentielles. En revanche, les achats de biens durables comme les appareils ménagers et les meubles ont connu une augmentation, ce qui suggère une focalisation sur des investissements à long terme au sein du foyer.

Une mauvaise nouvelle pour la croissance

La diminution de la consommation des ménages en France n'est pas seulement un reflet de l'économie nationale sous pression, mais aussi un précurseur potentiel de difficultés économiques à venir. La consommation intérieure est vitale pour la santé économique, car elle stimule la demande en produits et services. Lorsque cette demande diminue, les entreprises peuvent être contraintes de réduire leur production, ce qui entraîne à son tour des coupes dans les investissements et potentiellement des licenciements. Ces ajustements négatifs peuvent amplifier un ralentissement économique déjà en place, comme en témoigne la croissance modeste du PIB de seulement 0,2 % au premier trimestre 2024 d’après les données publiées par l’Insee ce vendredi 31 mai 2024.

Parallèlement, la baisse de la consommation impacte de manière disproportionnée certains secteurs, notamment le commerce de détail qui est un gros employeur en France. Ce secteur ressent rapidement les effets d'une réduction des dépenses, ce qui peut conduire à des suppressions d'emplois et, par conséquent, à une augmentation des inégalités sociales. L'accroissement du taux d'épargne à 17,6 % du revenu disponible brut (RDB) reflète une prudence accrue des ménages face à l'incertitude économique, ce qui pourrait limiter encore davantage les dépenses futures. Les entreprises, quant à elles, voient leur taux de marge se contracter, signalant des pressions accrues sur leur rentabilité et leur capacité à investir et à embaucher.

Stephanie Haerts Economie Matin

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à la consommation, la finance, les technologies, l'énergie et l'éducation.

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