Consigne sur les bouteilles en plastique : les maires s’y opposent

À trois mois de la fin de la concertation nationale sur la consigne pour recyclage, les associations d’élus locaux font front uni pour faire savoir leur opposition à ce projet.

Anton Kunin
Par Anton Kunin Modifié le 19 avril 2023 à 8h14
Consigne Plastique Recyclage
L’installation d’automates de déconsignation à travers la France devrait coûter entre 750 millions et 1 milliard d’euros. - © Economie Matin
750 millions d'eurosL’installation d’automates de déconsignation à travers la France devrait coûter entre 750 millions et 1 milliard d’euros.

La consigne pour recyclage créerait un cercle vicieux du plastique

Les élus locaux ne veulent pas d’une consigne de bouteilles en plastique pour recyclage. Dans un communiqué commun, l'Association des Maires de France, l'Association des Petites Villes de France, les associations Villes de France, Intercommunalités de France et France urbaine font valoir qu’une consigne pour recyclage de bouteilles en plastique n’aurait pas de sens, car la collecte des bouteilles PET est déjà opérationnelle grâce aux bacs jaunes, et une filière de recyclage pour ces bouteilles existe.

Les élus estiment que cette consigne pour recyclage, qu’ils appellent « fausse consigne », n’aurait d’autre conséquence que de complexifier le geste de tri pour les citoyens, et d’encourager indirectement la consommation de bouteilles en plastique. Car pour rapporter une bouteille en plastique pour recyclage et se faire rembourser les 20 centimes de consigne, il faut avoir d’abord acheté une bouteille en plastique. D’où un cercle vicieux du plastique, dont la sortie sera rendue plus compliquée encore avec ce système de consigne. « Les seuls bénéficiaires seraient les producteurs, pour un gain estimé de plusieurs centaines de millions d'euros par an » (attribuable aux bouteilles non retournées), font valoir les élus.

La privatisation du recyclage de bouteilles par les industriels des boissons, un choix économique risqué

Les signataires du communiqué s’inquiètent aussi pour la pérennité économique de la filière du recyclage des plastiques. Les bouteilles PET, on le sait, sont les produits plastiques qui affichent le plus fort taux de collecte et de recyclage, et ont une recyclabilité parfaite. Elles constituent pour cette raison la principale source de revenus des usines de recyclage. « En [leur] subtilisant le seul gisement ayant de la valeur mais en laissant au service public les emballages sans valeur, les industriels de la boisson risquent de menacer l’équilibre économique de ce service public de salubrité » et « provoquer une augmentation substantielle de la Taxe ou redevance d’enlèvement des ordures ménagères », mettent en garde les élus.

En lieu et place de cette consigne pour recyclage, les élus prônent la promotion de la consommation d’eau du robinet, le déploiement de fontaines à eau dans les espaces publics, la création d’une offre de boissons en vrac sans emballages et la mise en place de dispositifs incitatifs au redéploiement de /bouteilles lavables et réemployables/réutilisables consignées.

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Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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