Face à la concurrence étrangère, comment faire en sorte que nos champions industriels jouent à armes égales ?

La fiscalité de production en France demeure un obstacle majeur. Elle s’élève à 77 milliards d’euros par an, soit le triple de la moyenne des pays de l’Union européenne. Cela pénalise lourdement les entreprises opérant sur des marchés mondiaux où les marges sont étroites.

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Published on 26 décembre 2024 11h14
attractivité industrielle de la France
Face à la concurrence étrangère, comment faire en sorte que nos champions industriels jouent à armes égales ? - © Economie Matin
1200 MILLIARDS €Les entreprises industrielles représentent plus de 1.200 milliards d'euros de chiffre d'affaires en France.

La fiscalité de production en France demeure un obstacle majeur. Elle s’élève à 77 milliards d’euros par an, soit le triple de la moyenne des pays de l’Union européenne. Cela pénalise lourdement les entreprises opérant sur des marchés mondiaux où les marges sont étroites.

Des coûts de production handicapants

TotalEnergies, géant français de l’énergie, illustre bien ce défi. Avec des coûts énergétiques structurellement élevés, liés notamment à la taxation sur les hydrocarbures et à une transition énergétique encore coûteuse, l’entreprise subit une pression concurrentielle accrue de la part des producteurs américains profitant du gaz de schiste à bas prix.

Dans le textile, les leaders français comme Petit Bateau ou Saint James doivent composer avec des coûts salariaux et réglementaires nettement supérieurs à ceux de leurs homologues asiatiques. Résultat : des marges fragilisées et une capacité limitée à investir dans l’innovation ou l’expansion.

La fragmentation industrielle française, un handicap important

La faible intégration des filières industrielles françaises limite leur résilience et leur compétitivité. Contrairement à l’Allemagne, qui bénéficie de clusters industriels performants, la France reste marquée par une dispersion géographique et organisationnelle.

Dans l’automobile, Renault et Stellantis peinent à rivaliser avec des acteurs tels que Tesla ou les fabricants chinois, capables de produire à grande échelle tout en intégrant efficacement leurs chaînes d’approvisionnement. En conséquence, ces acteurs étrangers captent une part croissante du marché des véhicules électriques, un segment clé pour l’avenir.

Investir dans l’innovation et la transition écologique

L’innovation est le nerf de la guerre pour renforcer la compétitivité des filières françaises. TotalEnergies a récemment annoncé un plan d’investissement de 10 milliards d’euros pour développer des énergies renouvelables. Bien que cette initiative soit prometteuse, elle reste en deçà des efforts réalisés par Shell ou BP, qui consacrent annuellement jusqu’à 25 milliards d’euros à des projets similaires.

Le secteur du textile, confronté à la concurrence asiatique, mise sur l’écoconception pour se différencier. Les initiatives visant à intégrer des matériaux recyclés ou à réduire l’empreinte carbone des chaînes de production permettent de répondre à la demande croissante des consommateurs pour des produits durables. Toutefois, ces efforts nécessitent des financements conséquents pour transformer les procédés industriels.

Relocaliser et sécuriser les chaînes d’approvisionnement

Les perturbations liées à la pandémie de Covid-19 ont mis en lumière la vulnérabilité des entreprises françaises face à des chaînes d’approvisionnement mondialisées. SEB, leader des biens de consommation, a montré la voie en relocalisant une partie de sa production en France. Grâce à une automatisation accrue de ses usines, le groupe a réduit ses délais de livraison tout en maintenant sa compétitivité.

Dans l’automobile, la dépendance aux semi-conducteurs asiatiques reste un point critique. Le gouvernement a récemment lancé un plan de soutien à la production de composants électroniques en France, avec une enveloppe de 5 milliards d’euros sur cinq ans. Cette stratégie vise à sécuriser l’accès à des ressources stratégiques tout en stimulant l’emploi industriel local.

Renforcer les écosystèmes régionaux

Les pôles de compétitivité offrent une réponse concrète à la fragmentation industrielle. Le cluster Lyon Urban Truck & Bus, dédié aux véhicules électriques et autonomes, constitue un exemple de réussite. En regroupant industriels, chercheurs et collectivités locales, il accélère l’innovation tout en favorisant l’émergence de solutions adaptées aux besoins du marché.

Toutefois, ces initiatives doivent être élargies. Actuellement, seulement 12 % des PME industrielles françaises participent à un cluster, contre 45 % en Allemagne. Une meilleure intégration de ces entreprises permettrait de mutualiser les ressources et de renforcer la compétitivité globale des filières.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

1 comment on «Face à la concurrence étrangère, comment faire en sorte que nos champions industriels jouent à armes égales ?»

  • MOREL Jacques

    Il serait judicieux de favoriser la relocalisation des entreprises française qui font fabriquer dans des pays du tiers monde pour vendre en France.Pour ce faire, il faut encourager ceux qui relocalisent et pénaliser les autres, ce qui serait une façon de les inciter à relocaliser leurs productions en France. Comment? Eh bien, en instaurant une taxe d’importation dite d’équilibrage, cette taxe étant payée par les importateurs et ceux qui font sous-traiter dans ces pays.Par un autre côté, il faudrait récompenser ceux qui jouent la carte France.Egalement, mais ça c’est vieux comme le monde en France, il faudrait baisser les  »tracasseries administratives » sur les entreprises françaises et leurs coûts exorbitants, indépendamment des charges sociales. Aujourd’hui, on accorde de plus en plus de prestations sociales aux personnes sans travail et ce, sans contrepartie, ce qui apprauvit le pays. Par exemple, on donne le RSA ou des allocations chômage pour acheter des produits à bas prix, réalisés dans les pays du tiers monde. Si un produit est réalisé en France et coûte 30 ou 40% plus cher mais que les gens qui achètent ont un revenu 2 à 3 fois celui du RSA, ils ont le pouvoir d’achat suffisant pour acheter français non? Les Chinois ont bien compris ça et c’est pourquoi, ils se sont arrangés pour devenir des  »aspirateurs à entreprises occidentales » et ainsi, dévitaliser nos sociétés civiles.Comme ils sont redoutablement intelligents, le PC chinois existe toujours, à l’inverse du PC soviétique dont les dirigeants n’ont rien compris.Bien sûr, exprimé comme ça, ça paraît simple, mais le but de ce commentaire est de donner une idée qui serait à affiner.

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