Le 26 novembre 2024, la Commission européenne a donné son aval au budget 2025 proposé par le gouvernement français, mené par le Premier ministre Michel Barnier. Cette validation intervient dans un contexte de crise économique et politique marqué, où la France lutte pour redresser ses finances publiques tout en maintenant une cohésion politique fragile. Revenons sur les implications de cette approbation, les défis à relever et les doutes qui persistent.
Budget français : la Commission européenne impose des réformes strictes
Une trajectoire budgétaire approuvée mais scrutée
La Commission européenne, dans son rapport annuel du « paquet d’automne », a jugé « crédible » la trajectoire budgétaire proposée par la France. Avec un déficit public prévu à 5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2025 et une réduction à 2,8 % d’ici 2029, le plan pluriannuel présenté répond aux exigences européennes. Cependant, ces efforts ne sont pas exempts de conditions strictes. L’endettement public, actuellement à 116,1 % du PIB, doit progressivement diminuer à partir de 2028.
La Commission a salué un budget ambitieux : sur 60 milliards d’euros d’efforts budgétaires, 40 milliards proviendront de réductions des dépenses publiques, et 20 milliards des nouvelles recettes fiscales. Cependant, cette cure d’austérité suscite de vives critiques en France, où les tensions politiques et sociales s’accentuent.
Des défis structurels en France
La France se trouve sous le coup d’une procédure pour déficit excessif, aux côtés de sept autres pays européens, dont l’Italie et la Hongrie. Cette situation n’est pas nouvelle : depuis la création de l’euro, la France a souvent dépassé le seuil de 3 % de déficit autorisé. Le pacte de stabilité et de croissance, suspendu temporairement pendant la pandémie de Covid-19, a été réactivé en début d’année, imposant des exigences accrues aux États membres.
Les réformes structurelles proposées incluent des mesures déjà amorcées, comme la réforme des retraites ou celle de l’assurance-chômage. Des ajustements supplémentaires, notamment la réduction des niches fiscales et sociales, sont prévus. Néanmoins, ces projets restent fragiles face aux risques de blocage parlementaire.
Une politique budgétaire sous pression
Le ministre de l’Économie Antoine Armand a exprimé sa satisfaction quant à cette « évaluation positive » de la Commission, réaffirmant son engagement envers une gestion rigoureuse des finances publiques. Cependant, l’incertitude plane : le gouvernement Barnier parviendra-t-il à maintenir son cap face à une éventuelle motion de censure ?
L’évaluation de la Commission souligne également les fragilités politiques qui pourraient compromettre l’adoption du budget 2025. Andreas Eisl, expert de l’Institut Jacques-Delors, a mis en garde contre la « situation de fragilité politique de la France » qui inquiète Bruxelles.