Comment éviter le surendettement ?

Une facture impayée, un crédit trop vite accepté, puis l’engrenage. Personne ne s’attend à sombrer dans le surendettement, et pourtant. Que cache ce phénomène qui touche encore des dizaines de milliers de ménages en France ? Et surtout, comment l’éviter avant qu’il ne soit trop tard ?

Stephanie Haerts
Par Stéphanie Haerts Publié le 27 mars 2025 à 19h30
Comment éviter le surendettement ?
Comment éviter le surendettement ? - © Economie Matin

Le 13 février 2025, la Banque de France a publié son enquête typologique annuelle, révélant une hausse de 10,8 % des dossiers déposés en un an, atteignant 134 803 dépôts. Une alerte nette, mais qui reste sous les niveaux d’avant-Covid. Ce regain interroge. Surtout dans un contexte où le crédit à la consommation est omniprésent et où l’instabilité économique fragilise des franges entières de la population. Alors, comment éviter de rejoindre les rangs des ménages étranglés par les dettes ?

Éviter le surendettement : un combat qui commence dans le porte-monnaie

La première ligne de défense contre le surendettement est étonnamment simple : l’équilibre budgétaire. C’est le b.a.-ba, souvent ignoré. « Réduisez vos dépenses de train de vie en ne conservant que l’indispensable », préconise Les Clés de la Banque dans leur dossier du 4 septembre 2023. Cela signifie repenser chaque achat, différer le superflu, et surtout, ne pas céder à la facilité des crédits à la consommation. Car ces derniers sont un poison à diffusion lente. En 2024, selon La Finance pour Tous, 42,9 % de l’endettement global des ménages surendettés provenait du crédit à la consommation.

Pire encore, le nombre moyen de dettes à la consommation par dossier est de trois, avec un montant moyen par dossier atteignant 24 400 euros. Le piège est là : plusieurs prêts cumulés, une illusion de pouvoir d’achat, et la descente est amorcée. La stratégie préventive passe aussi par la recherche active de revenus complémentaires : heures supplémentaires, droits aux aides sociales, voire vente de biens pour réduire l’encours de dettes. Il faut savoir anticiper et négocier avec ses créanciers dès les premiers signes de tension. Reporter une échéance, rééchelonner une dette, c’est parfois la meilleure manière d'éviter une spirale irréversible.

Profils à risque : qui sont les surendettés de 2024 ?

La Banque de France ne laisse aucun doute : le surendettement a un visage. En 2024, 57 % des personnes concernées étaient célibataires, séparées ou veuves, selon l’enquête typologique publiée le 13 février 2025. La solitude, plus qu’un simple facteur émotionnel, est un facteur économique de fragilité. La désagrégation du couple, elle, se paie cash : 24,5 % des personnes surendettées étaient séparées ou divorcées, un chiffre quatre fois supérieur à celui observé dans la population générale.

L’âge aussi est révélateur : les 25 à 64 ans représentent 83 % des dossiers, bien au-delà de leur part dans la population. Le chômage touche 25,2 % des surendettés, et 68,8 % d’entre eux vivent avec un revenu inférieur ou égal au SMIC net mensuel. Enfin, 59 % sont en dessous du seuil de pauvreté (1 216 euros par mois pour une personne seule). L’endettement médian s’élève à 18 807 euros, selon les chiffres de La Finance pour Tous, et plus de la moitié des ménages concernés n’ont aucune capacité de remboursement. Le tableau est clair, les personnes déjà en précarité sont les premières victimes d’une mécanique de dette devenue hors de contrôle.

Éviter le surendettement : les erreurs à ne surtout pas commettre

Face à l’adversité, certains comportements peuvent tout aggraver. Et c’est là que le mot-clé éviter le surendettement prend tout son sens. Plusieurs attitudes sont à proscrire.

  • Contracter un nouveau crédit pour rembourser un ancien : un classique de la cavalerie financière, aussi inefficace que destructrice.
  • Activer son crédit renouvelable comme un filet de secours : le danger réside dans sa facilité d’accès et dans ses taux usuraires déguisés.
  • Faire un regroupement de dettes à la hâte : présenté comme une solution miracle, il masque souvent une majoration des intérêts à long terme.
  • Reporter les paiements en se disant qu’on trouvera une solution plus tard : une stratégie qui, selon les experts, aggrave presque toujours la situation.

Ces réflexes, bien que compréhensibles, doivent être évités à tout prix. Mieux vaut consulter un conseiller social, solliciter des dispositifs d’aide ou même envisager un dossier de surendettement, plutôt que de plonger dans un cycle d’endettement exponentiel.

Effacement partiel ou total : la solution de dernier recours

Lorsqu’il est trop tard pour agir en amont, le recours aux commissions de surendettement s’impose. En 2024, plus de 54,2 % des dossiers clos ont bénéficié d’un effacement total ou partiel, pour un montant moyen de 19 728 euros. Parmi eux, 36,1 % ont obtenu un rétablissement personnel sans liquidation judiciaire, ce qui signifie que l’ensemble des dettes effaçables ont été annulées, faute de patrimoine ou de perspectives de remboursement.

Ce chiffre montre que la loi française reste protectrice. Mais il souligne aussi l’ampleur du problème : 1,2 milliard d’euros de dettes effacées en une seule année. Ce n’est pas une victoire, c’est une alerte.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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