Une nouvelle mesure va concerner tous les élèves de sixième à la rentrée prochaine. À travers une évaluation physique en début d’année, le ministère entend obtenir une image plus précise de l’état de santé des collégiens et adapter l’enseignement de l’éducation physique.
Au collège, les élèves devront prouver leurs capacités sportives
Le 3 avril 2025, la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, a annoncé la généralisation des tests de forme physique pour les élèves de 6e. Ce dispositif sera mis en place dès la rentrée scolaire de septembre, et concernera tous les établissements, bien que sa mise en œuvre reste laissée à l’appréciation des équipes pédagogiques. L’initiative, issue d’un projet lancé par Emmanuel Macron en 2023, s’inscrit dans une logique d’accompagnement individualisé et de prévention des fragilités physiques.
Le test de forme physique, nouvel outil de repérage pour l’Éducation nationale
Dès le mois de septembre, les élèves de sixième seront soumis à trois épreuves destinées à évaluer leur condition physique. La première consiste en une épreuve d’endurance sous la forme d’un test navette progressif, dit test Luc Léger. L’exercice impose aux élèves de courir en respectant un rythme croissant jusqu’à épuisement, permettant d’évaluer leurs capacités cardio-respiratoires. La deuxième épreuve, axée sur la force musculaire, prend la forme d’un saut en longueur réalisé sans élan. Enfin, une course de vitesse de trente mètres permettra de mesurer la rapidité d’exécution.
Ces tests ne donnent lieu à aucune note et ne figurent pas dans le bulletin scolaire. Ils ne relèvent pas non plus d’une logique de sélection, mais d’une volonté d’observation. Selon la ministre, cette mesure « permet de situer le niveau des élèves, leurs éventuelles difficultés et mieux les accompagner », comme elle l’a déclaré le 3 avril sur France 2. L’évaluation sera conduite par les enseignants d’éducation physique et sportive (EPS), qui pourront ainsi disposer de repères plus précis pour adapter leur pédagogie.
Des résultats révélateurs de disparités physiques et sociales
L’annonce de la généralisation fait suite à une expérimentation menée en septembre 2024 auprès de 4 000 collégiens. Les résultats ont permis de dresser un premier tableau des capacités physiques des élèves de sixième en France. Ils montrent que 19 % des élèves testés présentent une condition physique satisfaisante, tandis que 4 % d’entre eux sont considérés en difficulté, nécessitant un accompagnement spécifique dès le début de l’année scolaire. Ces chiffres bruts cachent cependant des disparités plus profondes.
Les données collectées révèlent en effet que les performances physiques varient significativement selon l’origine sociale des élèves. Ainsi, à l’épreuve de force musculaire, seuls 37 % des enfants issus de milieux modestes atteignent les seuils de réussite, contre 57 % pour ceux issus de familles plus favorisées. Les écarts sont également sensibles entre les sexes : les filles obtiennent, en moyenne, des résultats inférieurs à ceux des garçons. Le professeur Laurent Bennin, affilié au Syndicat national des lycées et collèges (SNALC), s’est dit préoccupé par cette situation, soulignant que « ces différences peuvent engendrer discriminations et anxiété, car les élèves sont évalués à la vue de tous ».
Une réponse politique à une urgence sanitaire
Derrière cette batterie de tests se dessine une volonté politique plus large : celle de combattre la sédentarité croissante des jeunes. Le constat dressé par les autorités est sans appel. En France, 73 % des adolescents âgés de 11 à 17 ans ne respectent pas les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, qui préconise au moins une heure d’activité physique quotidienne d’intensité modérée à soutenue. Par ailleurs, 17 % des jeunes âgés de 6 à 17 ans sont en situation de surpoids, dont 4 % en obésité.
Les conséquences sanitaires sont connues. En l’espace de 25 ans, les capacités cardiovasculaires des enfants ont chuté de 40 %. La sédentarité est devenue la première cause de mortalité évitable selon l’OMS. Ces constats ont conduit le gouvernement à placer la question de l’activité physique au cœur de sa politique éducative. Le test de forme physique vient compléter d’autres dispositifs déjà en place, comme les 30 minutes d’activité quotidienne en école primaire, et anticipe l’ouverture de certaines infrastructures scolaires aux associations locales hors temps scolaire.
La ministre a insisté sur le caractère non obligatoire des tests, précisant que les établissements et les enseignants seraient libres de les mettre en œuvre.