Colère des agriculteurs : d’où viennent les panneaux à l’envers ?

Depuis des mois, les panneaux routiers, principalement en entrée de ville ou de village, sont retournés par les agriculteurs, sans aucune dégradation, recevant souvent le soutien des élus qui les laissent faire, voire même demandent à leurs services de retourner le panneau d’entrée de ville eux-mêmes. Depuis le 22 janvier, CNews fait de même, à l’antenne. EconomieMatin également, sur sa page d’accueil et dans sa Newsletter. 
Mais d’où vient cette idée de retourner les panneaux ? Il y a plusieurs explications… 

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 24 janvier 2024 à 12h04
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Colère des agriculteurs : d’où viennent les panneaux à l’envers ? - © Economie Matin

L'acte des agriculteurs français de retourner les panneaux de signalisation routière à l'envers est une protestation symbolique contre les défis auxquels ils sont confrontés dans le secteur agricole. Cette forme de protestation unique et visuellement frappante a commencé dans le département du Tarn en 2023, dans le sud de la France, et s'est depuis répandue dans tout le pays. Les agriculteurs expriment leur frustration face à ce qu'ils perçoivent comme une crise croissante dans leur mode de vie.

Les raisons de cette protestation comprennent l'augmentation des coûts du diesel agricole, les retards dans la réception des subventions de l'UE, les obstacles bureaucratiques et la forte concurrence des produits importés. Philippe Bardy, le patron de la FNSEA dans le Tarn, a expliqué le symbolisme derrière cette protestation inhabituelle. Il a mentionné que c'était une manière de dénoncer toutes les instructions contradictoires qu'ils reçoivent. "Chez nous, si quelqu'un nous dit de faire une chose un jour et le contraire le lendemain, nous disons que nous marchons sur la tête. C'est de là que vient l'idée"​​.

Panneaux à l'envers : on marche sur la tête

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Cette protestation est aussi une manière pour les agriculteurs de souligner la charge mentale qu'ils subissent en traitant des demandes contradictoires du gouvernement. Philippe Bardy a souligné que « aucune autre profession ne subit une telle charge mentale » et a exprimé des préoccupations sur le fait que les agriculteurs sont tiraillés entre les demandes de pratiques plus écologiques et la nécessité de produire autant que possible pour permettre la souveraineté alimentaire de la France​​.

Ces panneaux à l'envers servent de rappel visible des défis auxquels est confronté le secteur agricole français et des complexités inhérentes à l'équilibre entre les attentes économiques, environnementales et sociétales. Alors que cette forme de protestation continue d'attirer l'attention, elle suscite des discussions plus larges sur la durabilité des pratiques agricoles, le rôle des politiques gouvernementales et la nécessité d'un cadre plus cohérent et soutenu pour les agriculteurs du pays​​.

Les panneaux à l'envers rappellent le drapeau à l'envers, aux Etats-Unis

Panneaux Envers Agriculteurs

Dans certaines armées, dont l'armée américaine, hisser le drapeau national à l'envers est un signal de détresse ou d'urgence extrême. Cette pratique n'est pas exclusivement américaine ; elle est reconnue dans d'autres pays et contextes également.

Le Code du drapeau des États-Unis stipule en tout cas explicitement qu'un drapeau ne doit jamais flotter à l'envers, "sauf en tant que signal de détresse extrême en cas de danger extrême pour la vie ou la propriété"​​.

Dans le film Le dernier château, avec Robert Redford comme acteur principal, toute l'intrigue du film est construite autour de cet enjeu : pouvoir hisser le drapeau à l'envers dans une prison militaire dirigée par un despote sanguinaire, afin d'appeler à l'aide la hiérarchie militaire.

Le fait de retourner un drapeau à l'envers est en tout cas considéré comme un moyen de communication non verbal pour signaler un problème grave lorsque les autres moyens de communication ne sont pas disponibles ou pratiques. Cette convention est souvent utilisée en situation de détresse ou lorsqu'un groupe ou une personne se trouve dans une situation dangereuse et a besoin d'aide urgente.

On a pu voir des drapeaux à l'envers dans des manifestations, ces dernières années, comme par exemple au Canada, lors des "Marches pour la liberté", quand des milliers de camionneurs ont paralysé le pays pendant des semaines. On a également vu des drapeaux hawaïens à l'envers dans des manifestations, mais cette fois, pour protester contre l'attitude du gouvernement américain dans l'archipel.

Dans le contexte de la protestation des agriculteurs français, le renversement des panneaux de signalisation routière à l'envers peut être perçu comme une forme de communication visuelle similaire, bien que dans un contexte très différent. En renversant les panneaux, les agriculteurs expriment symboliquement que leur monde est « à l'envers », reflétant leur sentiment que les conditions actuelles dans le secteur agricole sont insoutenables et nécessitent une attention urgente.

La nature même du drapeau français empêche de le hisser à l'envers, sauf à fixer la partie rouge du drapeau contre la hampe. Mais c'est techniquement moins facile, faute d'attaches, et symboliquement moins fort.

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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