Le « coffee badging », une tendance qui prend de l’ampleur dans le monde du travail post-pandémie, suscite de vives réactions chez les employeurs. Cette pratique, qui consiste à se rendre au bureau uniquement pour se montrer brièvement avant de retourner travailler chez soi, reflète les tensions et les adaptations en cours entre télétravail et présence physique.
Coffee Badging : une nouvelle tendance qui rend fou les employeurs
Qu'est-ce que le « coffee badging » ?
Le terme « coffee badging » a été inventé en 2023 par la société Owl Labs, spécialisée dans les technologies de vidéoconférence. Il désigne le comportement des employés qui se rendent au bureau pour « se montrer » pendant quelques heures, souvent pour prendre un café et saluer leurs collègues ou leur patron, avant de rentrer chez eux pour continuer leur journée de travail. Cette pratique a émergé suite aux nouvelles habitudes de travail adoptées durant la pandémie de Covid-19, où le télétravail est devenu prédominant.
Le rapport « State of Hybrid Work 2023 » d'Owl Labs a révélé que plus de la moitié (58 %) des employés hybrides interrogés ont admis pratiquer le « coffee badging ». Cette méthode permet aux salariés de respecter les règles de présence physique imposées par certaines entreprises tout en minimisant leur temps passé au bureau. Cependant, elle pose des défis importants en termes de productivité et d'intégration au sein de l'entreprise.
Pourquoi cela agace les patrons ?
Le « coffee badging » est perçu par de nombreux employeurs comme une forme de présentéisme inefficace. Liz Villani, fondatrice de #BeYourselfAtWork, décrit cette pratique comme « du présentéisme dans la plus fugace des méthodes ». Les employeurs craignent que les employés utilisant cette stratégie ne contribuent pas suffisamment aux interactions et à la dynamique de l'équipe, ce qui peut entraîner une baisse de la productivité et des opportunités manquées.
Cette frustration est exacerbée par le fait que le « coffee badging » peut créer un fossé entre les employés qui préfèrent le télétravail et ceux qui retournent au bureau de manière plus traditionnelle. Liz Villani explique que « si les gens utilisent le ‘coffee badging’ uniquement pour cocher la case présence physique au bureau et ne font aucun effort pour interagir avec leurs collègues », cela représente une perte de temps et d'opportunités.
Les mesures des entreprises contre le « coffee badging »
Certaines grandes entreprises, comme Amazon, ont réagi en durcissant leurs politiques de retour au bureau. En 2023, Amazon a instauré un mandat de retour au bureau exigeant que les employés travaillent depuis le bureau au moins trois jours par semaine. Cependant, pour contrer le « coffee badging », Amazon a introduit un nombre minimum d'heures que les employés doivent passer au bureau chaque jour, variant de deux à six heures selon les départements.
De plus, Amazon a renforcé la surveillance de la fréquentation des bureaux et n'hésite pas à rappeler à l'ordre les employés qui ne respectent pas ces nouvelles directives. D'autres entreprises, comme Dell, ont également mis en place des mesures dissuasives en avertissant les travailleurs à distance qu'ils pourraient être exclus des promotions ou des changements de rôle.
Un avenir incertain pour le « coffee badging »
L'émergence du « coffee badging» met en lumière une véritable fracture entre les attentes des employeurs et les désirs des salariés pour plus de flexibilité dans leur mode de travail. Alors que certains employés trouvent dans cette pratique un moyen de concilier les exigences de l'entreprise avec leurs préférences personnelles, les employeurs cherchent des solutions pour assurer la productivité et la cohésion de l'équipe.
Il reste à voir si des compromis pourront être trouvés pour harmoniser les besoins des deux parties et si le « coffee badging » restera une pratique répandue ou sera progressivement éliminé par des politiques plus strictes et une meilleure communication entre employeurs et employés.