Climat : en 2100, il fera 50 degrés en France et vous regretterez les canicules

La France de demain ne sera pas une version plus chaude de celle d’aujourd’hui. Elle sera méconnaissable, défigurée par un climat déréglé, instable, potentiellement invivable. Le scénario à +4 °C, choisi comme référence nationale d’adaptation, ne relève plus de la science-fiction. Il est déjà en marche.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 21 mars 2025 à 7h30
Réchauffement climatique : janvier 2025 établit déjà un record de chaleur
Réchauffement climatique : janvier 2025 établit déjà un record de chaleur - © Economie Matin
10%L’ADEME a chiffré fin 2023 le coût de l’inaction climatique à 10% du PIB

Le 20 mars 2025, Météo-France a publié la seconde partie du rapport TRACC (« Trajectoire de Réchauffement pour l’Adaptation au Changement Climatique »), un document de référence structurant les politiques d’adaptation de la France à un réchauffement global pouvant atteindre +4 °C d’ici 2100. Appuyé par une base de données scientifiques rigoureuses et des modélisations régionales précises, ce rapport brosse un tableau dramatique du climat futur.. C’est un portrait sidérant – et urgent – de la France du XXIe siècle qui se dessine.

Climat : la France va changer de visage, et ce n’est pas une image

« À ce jour, les actions climatiques définies ou engagées au niveau international induisent un risque de dépasser le seuil des +2 °C de réchauffement planétaire fixé par l’accord de Paris, auquel il convient de se préparer », affirme Météo-France dans l’introduction du rapport TRACC – Partie 2.

C’est donc une France à +4 °C (par rapport à la moyenne 1976-2005) que les experts considèrent désormais comme l’hypothèse la plus probable, donc la plus utile à anticiper. Cette hypothèse ne se traduit pas uniquement par une hausse linéaire de la température moyenne. Elle implique un bouleversement radical de tous les paramètres climatiques : fréquence des vagues de chaleur, intensité des pluies, durée des sécheresses, force du vent, enneigement, feux de forêt, etc.

Températures : jusqu’à 50 °C et des records chaque année

Le rapport de Météo-France prévoit un effondrement de la variabilité thermique : les années les plus froides de demain seront plus chaudes que les années les plus chaudes d’aujourd’hui. La canicule de 2022 ? « une année aussi chaude que 2022 serait exceptionnellement fraîche » dans le climat de 2100, selon le rapport de Météo France du 20 mars 2025.

« Les étés futurs seront plus chauds que tous ceux connus jusqu’à aujourd’hui », ajoute Météo-France dans TF1 Info. On atteindra jusqu’à 40 jours de chaleur extrême (plus de 35 °C) par an dans les régions méditerranéennes, contre un seul aujourd’hui. Et ce n’est pas tout : « Des pics inédits de chaleur pourraient atteindre jusqu’à 50 °C localement ». La France deviendra l’un des territoires les plus exposés d’Europe.

Nuits tropicales : la chaleur ne tombera plus

Une des alertes les plus glaçantes – ou plutôt étouffantes – concerne les nuits tropicales. En 2100, on pourrait en compter :

  • Jusqu’à 120 par an sur le littoral méditerranéen
  • 30 à 40 nuits chaudes en région parisienne
  • Contre 2 à 3 nuits aujourd’hui sur l’ensemble du territoire

Ces températures nocturnes supérieures à 20 °C empêcheront les corps de se reposer, aggravant les risques sanitaires, notamment pour les personnes âgées ou précaires.

Sécheresse : des mois sans pluie, même dans le nord

Les périodes de sol sec vont s’allonger dangereusement. Le rapport TRACC prévoit :

  • Un mois de sol sec supplémentaire dans la moitié nord
  • Jusqu’à deux mois de plus dans le sud
  • Des sécheresses « persistantes sur plusieurs années » dans certains cas

En 2100, « une sécheresse telle que celle de 2022 devient un événement fréquent en été », affirme Météo-France dans TF1 Info. Le déficit hydrique permanent menacera l’agriculture, la ressource en eau potable et les écosystèmes.

Précipitations : plus rares, plus violentes, plus destructrices

Contrairement à une idée reçue, le réchauffement climatique n’amène pas que de la sécheresse. Il concentre les pluies sur des épisodes extrêmes. Résultat :

  • Jusqu’à +20 % de précipitations dans la moitié nord
  • Des orages plus violents, capables de déverser un mois de pluie en quelques heures
  • Une augmentation forte du risque d’inondation urbaine, dans un pays aux sols de plus en plus imperméabilisés

Ces extrêmes se combinent : sécheresse longue + pluie diluvienne = lessivage des sols, appauvrissement des cultures, glissements de terrain.

Neige : une disparition programmée

Le rapport de Météo-France est sans appel : la neige au sol diminue de 1 à 3 mois selon les altitudes. La moyenne montagne ne connaîtra plus que deux mois enneigés par an, entre mi-janvier et mi-mars. L'impact sera dramatique pour l’économie montagnarde (stations de ski, tourisme, agriculture d’altitude) mais aussi pour les réserves d’eau douce, largement alimentées par la fonte nivale.

Feux de forêt : un danger national, permanent

Autre conséquence d’un climat plus chaud et plus sec : la généralisation des feux de forêt. Déjà fréquents dans le Sud, ils deviendront la norme sur tout le territoire :

  • De la Loire au Bassin parisien
  • Risque équivalent à celui actuel du Var ou du Gard
  • Saison des feux allongée d’un à deux mois

Ce ne sont plus seulement les pins maritimes qui brûleront, mais les hêtraies, les prairies, les haies, les terres agricoles.

Climat : pour la France, le compte à rebours est enclenché

Face à ces prévisions, une question s’impose : que faisons-nous ? Le scénario TRACC n’est pas un scénario catastrophe. C’est le scénario central adopté par les autorités françaises pour planifier l’adaptation au réchauffement climatique. Ce que décrit Météo-France, c’est la France de nos enfants. Pas une dystopie lointaine. Une trajectoire bien réelle, déjà amorcée. Ce qui nous reste, c’est le choix d’en limiter l’ampleur. Ou d’en payer le prix.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

1 commentaire on «Climat : en 2100, il fera 50 degrés en France et vous regretterez les canicules»

  • Marche à terre

    Du grand n’importe quoi ! Après la covid, la guerre mondiale à venir, voici le retour du réchauffement climatique. Qu’Economie matin s’en fasse le chantre sans évoquer tous les scientifiques patentés qui démentent le phénomène, ça fait pas très pro.

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