Classe moyenne, riche, pauvre… comment se voient les Français ?

Le 7 novembre 2024, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié une étude sur la perception des classes sociales en France par les Français eux-mêmes. Plus d’un Français sur deux s’identifie aujourd’hui à la classe moyenne, une notion qui va au-delà des simples critères de revenu.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 7 novembre 2024 à 9h49
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60% La classe moyenne, lorsqu’elle s’auto-désigne, serait composée à 60 % de personnes à revenus intermédiaires

Plus d’un Français sur deux ferait partie de la classe moyenne

Selon l'étude de la DREES, 55 % des Français déclarent appartenir à la classe moyenne, avec une distinction marquée entre les 34 % qui se considèrent de la classe moyenne inférieure et les 21 % de la classe moyenne supérieure. Ces chiffres, issus du Baromètre d'opinion de la DREES, révèlent un sentiment partagé par une majorité de la population et soulignent l'importance de cette catégorie dans le tissu socio-économique français.

Répartition des catégories sociales en France (2023)

Catégorie sociale Pourcentage de la population
Classe moyenne inférieure 34 %
Classe moyenne supérieure 21 %
Catégories aisées 7 %
Catégories modestes 30 %
Très modestes 8 %

Identité de classe : comment se situent les Français ?

La perception d’appartenance à la classe moyenne dépend de plusieurs facteurs interdépendants, notamment le revenu, la profession, le niveau de diplôme, et le statut de logement. L'étude de la DREES souligne qu'une majorité des personnes s’identifiant à la classe moyenne ont des revenus situés entre le troisième et le huitième décile de la distribution des niveaux de vie.

Liste des facteurs clés influençant la perception de classe :

  • Revenu : Les individus ayant des revenus intermédiaires (entre le troisième et le huitième décile) se considèrent souvent de la classe moyenne.
  • Profession : Les professions intermédiaires représentent 31 % de la classe moyenne auto-déclarée, suivies des employés (27 %) et des cadres (20 %).
  • Diplôme : Les personnes diplômées de l’enseignement supérieur ont plus de chances de se positionner dans la classe moyenne supérieure.
  • Statut de logement : Les propriétaires, notamment accédants, se sentent plus souvent appartenir à la classe moyenne supérieure.

« La classe moyenne, lorsqu’elle s’auto-désigne, serait composée à 60 % de personnes à revenus intermédiaires, c’est-à-dire dont le niveau de vie est situé entre le troisième et le huitième décile. De plus, elle serait constituée à 31 % de professions intermédiaires, 27 % d’employés, 20 % de professions libérales ou cadres et 13 % d’ouvriers. La classe moyenne supérieure se distingue nettement par une part plus élevée de professions libérales ou de cadres (37 % contre 9 % parmi la classe moyenne inférieure) et, inversement, une part moins élevée d’employés (18 % contre 33 %) et d’ouvriers (5 % contre 18 %) », écrit la DREES.

Parmi les ménages les plus aisés, il est très intéressant de noter que deux tiers se perçoivent comme étant de la classe moyenne, ce qui illustre une complexité dans l’auto-positionnement social. De plus, les revenus sociaux, comme le RSA ou les allocations de logement, influencent négativement la perception de l’appartenance à une classe sociale supérieure.

Les différences entre classes moyenne inférieure et supérieure

L'étude met en lumière une distinction importante entre les différentes strates de la classe moyenne. La classe moyenne supérieure regroupe plus de professions libérales et de cadres (37 % contre 9 % pour la classe moyenne inférieure) et inclut davantage de propriétaires et de diplômés du supérieur. En revanche, la classe moyenne inférieure compte une plus grande part d'employés et d'ouvriers, ainsi qu'une proportion plus élevée de locataires.

Tableau comparatif des caractéristiques des sous-catégories de la classe moyenne

Critère Classe moyenne inférieure Classe moyenne supérieure
Professions libérales/cadres 9 % 37 %
Employés 33 % 18 %
Ouvriers 18 % 5 %
Propriétaires Moins fréquent Plus fréquent
Optimisme sur l'avenir 48 % 59 %

Le sentiment d'optimisme est également plus marqué chez les personnes s’identifiant à la classe moyenne supérieure. Elles sont 57 % à juger leur situation actuelle meilleure que celle de leurs parents au même âge, contre 40 % dans la classe moyenne inférieure. De plus, l'optimisme quant à l'avenir des enfants ou des générations futures est partagé par 42 % de la classe moyenne supérieure, contre seulement 33 % dans la classe moyenne inférieure.

Une classe moyenne très divisée sur l’interventionnisme d’État

Les classes moyennes n'ont pas des opinions homogènes sur les politiques sociales. L’étude de la DREES révèle que la classe moyenne inférieure est plus favorable à une intervention accrue de l’État en matière économique et sociale, avec 22 % exprimant des attentes élevées contre 14 % dans la classe moyenne supérieure.

Exemple de mesures politiques plébiscitées par la classe moyenne inférieure :

  • Augmentation du SMIC : Cette demande est soutenue par plus de 90 % des Français appartenant aux classes modestes et moyennes inférieures.
  • Amélioration des aides sociales : Des voix s'élèvent pour une meilleure redistribution en faveur des ménages modestes.

À l'inverse, la classe moyenne supérieure, plus proche des opinions des classes aisées, exprime des attentes modérées vis-à-vis des politiques publiques, préférant souvent des mesures favorisant l'autonomie financière et la stabilité économique.

Une classe moyenne en mutation et en questionnement

La classe moyenne française, souvent qualifiée de colonne vertébrale de la société, est aujourd'hui en pleine mutation. Les tensions économiques, la hausse des coûts de la vie et les changements sociétaux influencent sa composition et ses aspirations. La DREES souligne que la perception de cette classe est intimement liée aux réalités économiques, mais aussi à un sentiment d’appartenance subjectif qui transcende les simples données statistiques.

Les analyses montrent que la classe moyenne supérieure tend à partager des perspectives optimistes et un fort attachement à la propriété et à l'éducation supérieure. En revanche, la classe moyenne inférieure s'identifie davantage aux catégories modestes lorsqu'elle est confrontée aux contraintes économiques, telles que la précarité de l'emploi ou le logement locatif.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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