Les motards français bénéficient d’une reconnaissance légale longtemps attendue : la circulation interfile, désormais inscrite au Code de la route, transforme une pratique courante en règle officielle. Mais cette liberté s’accompagne de conditions strictes. Que signifie cette évolution et qu’en attendre ?
Circulation interfile pour les motos : partout et tout le temps !
Depuis le 11 janvier 2025, la circulation interfile, qui consiste pour les deux et trois-roues motorisés à se déplacer entre les files de voitures dans les embouteillages, est officiellement autorisée en France. Cette mesure, inscrite dans le décret n°2025-33 du 9 janvier 2025, met fin à plusieurs années d'expérimentations et de tolérances implicites. Mais quelles sont les implications concrètes pour les conducteurs ?
La circulation interfile des motos autorisée, mais toujours sous conditions
Définition et règles fondamentales
La circulation interfile (CIF) consiste à rouler entre les deux files les plus à gauche des routes ou autoroutes comportant au moins deux fois deux voies, séparées par un terre-plein central. Cette pratique s’applique uniquement lorsque la vitesse des autres véhicules est inférieure à 50 km/h, et à condition que le motard ne dépasse pas cette vitesse. En cas de file arrêtée, la limite descend à 30 km/h.
Pour éviter les abus, le gouvernement a précisé des critères stricts :
- Types de véhicules concernés : uniquement les deux et trois-roues motorisés de moins d’un mètre de largeur.
- Zones autorisées : routes limitées entre 70 km/h et 130 km/h, y compris le périphérique parisien malgré sa récente limitation à 50 km/h.
- Situations interdites : conditions climatiques défavorables (neige, verglas) et zones en travaux.
Ces règles doivent être enseignées dans les moto-écoles pour sensibiliser les nouveaux conducteurs à une pratique sécurisée. Et les automobilistes doivent se préparer à voir de nombreuses motos et scooters adopter la pratique partout en France, y compris dans les départements dans lesquels l’expérimentation n’a pas eu lieu.
Circulation interfile pour les motos : des expérimentations à une intégration dans le Code de la route
Un long cheminement
Les premiers essais de la circulation interfile remontent à 2016, avec des campagnes menées dans 21 départements français. Après une évaluation par le CEREMA (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), les résultats ont démontré que cette pratique n’augmentait pas significativement le nombre d'accidents, à condition de respecter les limitations de vitesse.
En 2021, une nouvelle phase d’expérimentation a permis de peaufiner les règles, incluant des recommandations pour la vidéoverbalisation des infractions.
Un décret pour clarifier la situation, les droits et les devoirs de chacun
Avant le décret n°2025-33, la circulation interfile était tolérée dans certaines régions mais restait juridiquement floue. Cette absence de cadre conduisait à des interprétations variables, compliquant la tâche des forces de l'ordre et exposant les motards à des sanctions pour dépassement irrégulier. Désormais, les règles sont bien définies.
Les sanctions : une tolérance zéro pour les infractions
La légalisation de la circulation interfile ne signifie pas une liberté totale. Les contrevenants s’exposent à des sanctions sévères :
- Amende forfaitaire : 135 euros (contravention de 4e classe).
- Retrait de points : 3 points sur le permis de conduire.
- Moyens de contrôle : vidéoverbalisation en cas de non-respect des règles.
Ces mesures visent à responsabiliser les motards et à garantir la sécurité de tous les usagers de la route.
La légalisation de la circulation interfile est perçue comme une avancée par les associations de motards, telles que la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC), qui y voient un moyen de fluidifier le trafic et de réduire l’énervement dans les embouteillages. Toutefois, les autorités insistent sur la nécessité d’une conduite responsable pour éviter les comportements dangereux.
L’inscription de la circulation interfile au Code de la route marque un tournant dans la réglementation française, répondant à la fois aux attentes des motards et aux exigences de sécurité publique. Bien que cette pratique offre des avantages en termes de fluidité, elle impose des responsabilités claires à ses utilisateurs. Reste à voir si cette mesure permettra, à long terme, de concilier liberté de circulation et sécurité routière.