Choose France : une attractivité en trompe-l’œil ?

Le président de la République Emmanuel Macron a présidé, comme il le fait chaque année, la septième édition du sommet Choose France, dédié aux investissements étrangers en France et à l’attractivité du pays. L’exécutif a pu se targuer de chiffres records, avec 15 milliards d’euros pour 56 projets, dont 4 milliards pour Microsoft ou 1,2 milliard pour Amazon.

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Par Rédacteur Publié le 22 mai 2024 à 4h00
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13 MILLIARDS €Le sommet Choose France 2023 s'était clos avec plus de 13 milliards d'euros d'investissements.

Le chef de l’État met particulièrement en avant un baromètre qui place la France en tête des pays européens en matière d’investissements étrangers. Si le constat est vrai en montants nets, il l’est beaucoup moins rapporté aux emplois créés par ces investissements, et encore moins quand on les compare à la population du pays…

Cocorico ! « La France est championne d’Europe de l’attractivité ! ». Tel est le message qu’a voulu porter le gouvernement français autour du septième sommet Choose France, qui s’est tenu, le 13 mai 2024, à Versailles. Comme chaque année depuis la création de l’événement en 2018, le président de la République Emmanuel Macron, pour se féliciter des effets bénéfiques de la politique économique, résolument favorable aux investisseurs étrangers, mise en place par ses différents gouvernements.

15 milliards d’euros d’investissements étrangers, menés par les GAFAM

« Choose France n’a jamais autant attiré, nous n’avons jamais eu autant de demandes de dirigeants étrangers », s’est félicité le ministre de l’Industrie Rolan Lescure dans un entretien à La Tribune Dimanche. « Cet afflux de demandes montre combien la France attire les industriels », ajoute-t-il. Cet afflux se traduit aussi en chiffres. L’un d’eux brille tout particulièrement pour l’exécutif, les 15 milliards d’euros d’investissements étrangers, répartis en 56 projets, promis par des firmes étrangères dans le cadre du sommet.

L’Hexagone attire tout particulièrement les GAFAM. Microsoft a ainsi annoncé un investissement de 4 milliards d’euros, notamment dans l’IA et des datacenters, près de Paris et de Marseille. Présent à Versailles, son PDG, Brad Smith affirme que la France s’appuie sur des atouts majeurs, notamment « son énergie décarbonée », grâce à son parc nucléaire, qui rend « plus facile d’investir en France pour ce type d’entreprise que dans d’autres pays ». Amazon va investir 1,2 milliard d’euros sur le sol français, tant dans l’IA et le cloud, via Amazon Web Services (AWS) que dans la logistique de l’e-commerce, avec plus de 3 000 emplois à la clé.

La France, championne européenne de l’attractivité ?

L’Élysée présente cette situation comme le fruit de la « politique économique volontariste » menée par le chef de l’État, citant « une politique fiscale attractive, des investissements dans l’innovation avec France 2030, des simplifications réglementaires et une stratégie claire en termes de production d’énergie décarbonée ». Emmanuel Macron retrouve, dans ces annonces, un peu du souffle de la « France, start-up nation », l’un des slogans de son premier quinquennat.

Son ministre Roland Lescure s’est tout particulièrement félicité des résultats du dernier baromètre EY sur l’attractivité des pays européens, qui indique que la France « a conservé son rang de première destination européenne des investissements directs étrangers », avec 1 194 créations et extensions de sites sur l’année.

Des résultats qui peinent à convaincre… car leur présentation est « trompeuse » ?

Pour autant, cette attractivité peine à convaincre la population française de la pertinence de la politique économique du gouvernement. Certes, les récents appels à l’austérité, le rétropédalage du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, sur ses prévisions de croissance et les coupes budgétaires décidés unilatéralement dans la foulée ne donnent pas un grand sentiment de maîtrise. Aujourd’hui, 76 % des Français désapprouve la gestion de l’économie du gouvernement.

Au-delà, si ces investissements étrangers n’attirent aucune reconnaissance (ou presque) dans la population française, c’est peut-être aussi parce qu’ils sont en trompe-l’œil. « L’utilisation faite du baromètre sur l’attractivité de la France est parfaitement trompeuse », affirme même le titre d’une tribune tapageuse dans Le Monde, signée de l’économiste Lucas Chancel. Il y indique que le nombre de projets créés par les investisseurs étrangers n’a que peu d’intérêt, le nombre d’emplois directs créés lui semble plus pertinent.

Or, indique Lucas Chancel, « le baromètre nous informe que les projets d’investissements étrangers en France sont associés à 39 773 créations d’emploi. C’est une première nuance : la France passe en troisième position sur l’échelle européenne de l’attractivité, derrière le Royaume-Uni et l’Espagne ». Pire : comparées à la taille du pays, ces créations d’emploi ne représentent que 0,13 % de la population active, et la France dégringole à la huitième place, derrière le Portugal, la Serbie, l’Irlande, la Hongrie, l’Espagne, le Royaume-Uni et la Grèce.

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