Les chiffres du chômage explosent, mais la réalité est plus complexe. La réforme du Revenu de solidarité active (RSA) et de l’assurance chômage fausse les statistiques, tandis que les nouvelles règles à partir du 1er avril 2025 risquent d’exclure encore plus de demandeurs d’emploi.
Chômage : les inscription à France Travail explosent… et c’est la faute du gouvernement

Le 1er janvier 2025, un tsunami statistique s’est abattu sur le chômage en France : +6,8 % de demandeurs d’emploi en un mois, soit 3,38 millions de personnes en catégorie A. Une catastrophe économique ? Pas exactement. Ce bond est en grande partie dû à l’inscription automatique de 135 000 jeunes en mission locale et à l’application de la réforme du RSA, imposant désormais une activité minimale de 15 heures par semaine.
Mais si ce tour de passe-passe administratif masque la réalité, le 1er avril 2025 marquera, lui, un véritable coup dur pour les chômeurs. Entre restrictions des allocations, durcissement des conditions d’indemnisation et report de l’âge de maintien des droits, la réforme de l’assurance chômage risque de plonger des milliers de Français dans la précarité.
Hausse du chômage : pourquoi le nombre de demandeurs d’emplois bondit de plus de 6 %?
Une explosion des chiffres en janvier 2025
Les chiffres publiés par la Dares (service statistique du ministère du Travail) le jeudi 27 février 2025 et relayés par Les Echos sont spectaculaires : +6,8 % de demandeurs d’emploi en catégorie A en janvier 2025 pour atteindre 3,382 millions. Un chiffre qui grimpe à 5,72 millions toutes catégories confondues. Pourtant, cette hausse ne reflète pas la réalité économique, selon les experts. Elle est artificielle, résultant de nouvelles règles d’inscription :
-
Bénéficiaires du RSA désormais comptabilisés par France Travail.
-
Jeunes en parcours d’accompagnement inscrits d’office.
-
Modifications des obligations d’actualisation, qui retardent certaines sorties des statistiques.
Sans ces changements, le chômage aurait en réalité baissé de 0,6 % ! Ce qui prouve que le marché du travail ne s’effondre pas… du moins, pas encore.
Chiffres du chômage en janvier 2025
Catégorie |
Effectif |
Évolution mensuelle (%) |
Évolution annuelle (%) |
Remarques |
---|---|---|---|---|
Demandeurs d’emploi catégorie A (sans activité) |
3 382 500 |
+6,8 % |
+7,5 % |
Forte hausse due à l’inscription automatique des bénéficiaires du RSA et des jeunes en parcours emploi |
Demandeurs d’emploi catégorie B et C (activité réduite) |
2 346 000 |
-0,9 % |
N/A |
Baisse due au décalage des obligations d’actualisation des nouveaux inscrits |
Demandeurs d’emploi toutes catégories (A, B et C) |
5 728 000 |
+3,5 % |
N/A |
Hausse principalement technique, sans lien avec la conjoncture économique |
Jeunes en parcours emploi ajoutés aux statistiques |
135 000 |
N/A |
N/A |
Inscrits automatiquement dans la catégorie A |
1er avril 2025 : une réforme de l’assurance chômage qui va frapper fort
Des économies à tout prix… sur le dos des chômeurs
L’objectif du gouvernement est clair : réduire de 3,46 milliards d’euros les dépenses de l’assurance chômage d’ici 2028. Mais ces coupes budgétaires vont frapper de plein fouet les demandeurs d’emploi, avec plusieurs mesures-clés :
Mesure |
Impact attendu |
---|---|
Plafonnement des allocations des créateurs/repreneurs d’entreprises |
Réduction de 60 % des droits restants après création |
Mensualisation des allocations chômage |
Paiement strict basé sur 30 jours, réduisant les indemnisations certains mois |
Durée d’indemnisation réduite pour les 53-54 ans |
-4,5 mois d’allocations |
Retard du maintien des allocations jusqu’à la retraite |
Passera progressivement de 62 à 64 ans |
Seniors, entrepreneurs et chômeurs de longue durée sont les grands perdants de cette réforme.
Seniors et entrepreneurs : les laissés-pour-compte ?
Les seniors sacrifiés sur l’autel des économies
Jusqu’à présent, les 53-54 ans bénéficiaient d’une indemnisation plus longue (22,5 mois). À partir du 1er avril 2025, ils ne toucheront plus que 18 mois, soit une perte de 4,5 mois d’allocation. L’objectif ? Aligner leur situation sur celle des plus jeunes, malgré les difficultés bien connues des travailleurs seniors pour retrouver un emploi.
Autre coup dur : l’âge de maintien des allocations chômage jusqu’à la retraite passera progressivement de 62 à 64 ans, dans le sillage de la réforme des retraites. Résultat : 35 000 chômeurs seniors perdront chaque année leur indemnisation avant d’atteindre l’âge de la retraite.
Les entrepreneurs pénalisés
Créer son entreprise tout en touchant ses allocations chômage ? Ce sera bientôt beaucoup plus difficile. Dès avril 2025, les créateurs et repreneurs d’entreprise ne pourront plus cumuler l’intégralité de leurs allocations chômage avec leurs revenus : ce cumul sera limité à 60 %. 50 000 entrepreneurs perdront ainsi leurs allocations mensuelles.
Quelles conséquences sur l’emploi en France ?
Le gouvernement justifie cette réforme en expliquant qu’elle incitera au retour à l’emploi. Mais avec un marché du travail toujours en tension, la réalité pourrait être bien différente :
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Augmentation de la précarité : de nombreux seniors risquent de tomber dans la pauvreté avant d’accéder à leur retraite.
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Baisse du taux d’entrepreneuriat : moins d’aides pour les entrepreneurs signifie moins de créations d’entreprises.
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Effet domino sur l’économie : une hausse du nombre de personnes en difficulté pourrait peser sur les aides sociales et la consommation.
Les chiffres de janvier donnent l’illusion d’une explosion du chômage, mais cette hausse est technique et non économique. En revanche, le 1er avril 2025, la réforme de l’assurance chômage changera réellement la donne. Alors que le gouvernement tente de redresser les finances publiques, les demandeurs d’emploi paient le prix fort.