On aurait tort de croire que le chômage ne touche que les salariés. En 2024, près de 30.000 patrons français ont vu leur activité professionnelle brutalement stoppée. Cette hausse de 18% par rapport à l’an dernier reflète une précarité croissante chez les dirigeants, particulièrement dans les PME.
Le nombre de patrons au chômage augmente encore
La précarité croissante des chefs d'entreprise
Le premier semestre 2024 a marqué une nouvelle étape inquiétante pour les entrepreneurs français. Selon les données de l’association Garantie sociale des chefs d’entreprise (GSC) et du groupe Altares, 29.958 dirigeants ont été confrontés à une cessation totale d’activité, soit une hausse de 18% par rapport à la même période en 2023. Cette augmentation met en lumière une réalité souvent méconnue : les chefs d’entreprise sont eux aussi exposés à la précarité du marché du travail.
Les PME sont particulièrement touchées par ce phénomène. Plus l’entreprise est petite, plus le risque de cessation d’activité augmente. Les dirigeants de sociétés comptant entre 6 et 19 salariés ont enregistré des hausses impressionnantes de pertes d’emploi, de l’ordre de 30 à 40% selon la taille de l’entreprise. Pour les très petites structures de moins de 5 salariés, la situation est encore plus critique : elles représentent à elles seules près de 90% des cas de pertes d’activité.
Les secteurs les plus concernés par le chômage des patrons
Le secteur de la construction se révèle être le plus exposé à cette vague de chômage patronal. Le nombre de demandes d’indemnisation dans ce domaine a bondi de 34,2% sur les six premiers mois de l’année, reflétant les difficultés économiques qui frappent le secteur du bâtiment. D’autres domaines, comme le commerce, subissent également une hausse notable de 15%, bien que moins sévère que celle observée dans la construction.
En termes de statuts juridiques, les présidents de sociétés par actions simplifiées (SAS) sont particulièrement vulnérables avec une augmentation de 28,7% des pertes d’emploi. Cette situation contraste avec celle des professions libérales ou des dirigeants de sociétés anonymes (SA) et sociétés en nom collectif (SNC), qui semblent pour l’instant mieux résister à la tempête économique.
Face à cette tendance, l’enjeu devient essentiel pour les pouvoirs publics. Le président de la GSC, Anthony Streicher, a récemment souligné l’importance de la lutte contre le chômage des dirigeants dans l’agenda politique national. Selon lui, plus de 180 entrepreneurs perdent leur emploi chaque jour, un chiffre alarmant qui nécessite des mesures adaptées. La situation des patrons au chômage n’est plus une question marginale mais un problème national, qui touche au cœur du tissu économique français.