Le 27 novembre 2024, la Confédération Générale du Travail (CGT) a lancé un cri d’alarme face à une vague de licenciements sans précédent. Selon sa secrétaire générale, Sophie Binet, la France pourrait être confrontée à une saignée industrielle majeure, avec près de 250 plans sociaux en préparation menaçant jusqu’à 200 000 emplois.
Chômage : la CGT s’attend à 200.000 suppressions d’emplois
Plans sociaux, suppressions d’emplois : la CGT voit la situation s’empirer
Sophie Binet, lors d’une interview accordée aux Échos publiée ce mercredi 27 novembre 2024, a dressé un tableau sombre : « Nous assistons à une accélération très forte de la dégradation de la situation ». En mai, la CGT parlait de 130 plans sociaux et de 33 000 emplois menacés. Aujourd’hui, le décompte du syndicat atteint 250 plans de licenciements, et les estimations évoquent jusqu’à 200 000 emplois impactés. Pour Sophie Binet c’est « une violente saignée industrielle ».
Cette augmentation spectaculaire des suppressions d’emplois a des origines multiples, mais la CGT pointe principalement du doigt :
- L’inflation et ses conséquences : les grandes entreprises ont augmenté leurs marges, diminué les salaires en euros constants et réduit leurs investissements.
- Une politique gouvernementale inefficace : la secrétaire générale critique la stratégie économique d’Emmanuel Macron, qualifiée de « naufrage politique ».
Plans sociaux dans l’industrie : quels secteurs sont touchés ?
La crise n’épargne aucun secteur, mais certains sont particulièrement exposés :
Industrie automobile et aéronautique :
- La baisse des commandes dans l’automobile impacte directement les sous-traitants. « Les restructurations risquent d'avoir des conséquences sur les petits sous-traitants, beaucoup plus nombreux », explique Sophie Binet.
- Dans l’aéronautique, les projets de restructuration se multiplient, fragilisant l’emploi dans des régions historiquement dépendantes de ce secteur.
Grande distribution :
- Les changements dans les modes de consommation, amplifiés par la crise inflationniste, poussent les enseignes à réduire leurs effectifs.
Industries énergétiques :
- Les incertitudes autour de la relance du nucléaire et les coûts élevés de l’énergie pèsent lourdement sur l’industrie.
Technologies et services :
- Avec l’automatisation croissante et la pression économique, de nombreuses entreprises technologiques envisagent des plans de réduction de personnel.
Les dividendes des entreprises pointés du doigt par la CGT
Pour Sophie Binet, les grandes entreprises portent une part importante de responsabilité. Selon elle, les entreprises « ont fait le choix pendant la période d'inflation d'augmenter leurs marges et leurs prix pour augmenter leurs dividendes ».
Face à cette situation, la CGT avance plusieurs propositions concrètes pour éviter une catastrophe sociale.
Un moratoire sur les licenciements :
« Un moratoire sur les licenciements afin d’empêcher les entreprises de licencier pendant toute la recherche d’une solution de reprise du site », insiste Sophie Binet.
Retour aux prix régulés de l’énergie :
- La CGT propose de réguler les prix de l’énergie pour alléger les coûts des entreprises industrielles et favoriser leur compétitivité.
Renforcement de la loi Florange :
- Actuellement, cette loi oblige les employeurs à rechercher un repreneur avant de fermer un site. La CGT souhaite son élargissement aux entreprises de 50 salariés ou plus.
Protectionnisme industriel :
- La mise en place de barrières douanières plus strictes au niveau européen pour protéger les industries locales est une autre mesure avancée par le syndicat.
États généraux de l’industrie :
- La CGT appelle à une concertation nationale, « de véritables états généraux de l'industrie pour tout remettre à plat ».
Un tableau sombre pour l’emploi
Chiffres clés | Détails |
---|---|
Plans sociaux en préparation | 250 |
Emplois menacés | 170 000 à 200 000 |
Secteurs les plus touchés | Automobile, aéronautique, grande distribution |
Mesures proposées par la CGT | Moratoire, régulation des prix, loi Florange renforcée |