Le monde se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, confronté à une réalité économique et géopolitique qui pourrait redéfinir les règles du jeu sur le marché de l’énergie. Le choc pétrolier, événement qu’on espérait désormais faire partie de l’histoire, refait surface. En cause ? Le conflit entre Israël et le Hamas.
Alerte : choc pétrolier imminent, le baril à 150 dollars ?
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Publié le 31 octobre 2023 à 7h00
147,50 DOLLARSLe record de prix pour le pétrole a été atteint en 2008 à 147,50 dollars le baril.
Le choc pétrolier : une menace qui plane depuis des décennies
Mais qu'est-ce qu'un choc pétrolier exactement ? Historiquement, il s'agit d'une hausse soudaine et marquée du prix du pétrole, souvent déclenchée par des événements géopolitiques ou des décisions de l'OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole). Ces chocs ont des répercussions profondes sur l'économie mondiale, influençant tout, des prix à la pompe à la croissance économique globale.
Les chocs pétroliers ne sont pas nouveaux. Les années 1970 ont été marquées par deux crises majeures, en 1973 et 1979, provoquées respectivement par la guerre du Kippour et la révolution iranienne. Ces événements ont entraîné des hausses de prix spectaculaires pour le pétrole en Bourse et des périodes de récession dans de nombreux pays. Et, plus récemment, la crise financière de 2008 a vu le prix du baril atteindre des sommets historiques.
La guerre et ses conséquences sur le marché du pétrole
Aujourd'hui, le conflit entre Israël et le Hamas, exacerbé depuis l’attaque terroriste du 7 octobre 2023 et la réponse israélienne à Gaza, soulève des inquiétudes quant à un nouveau choc pétrolier. La Banque mondiale a alerté le 30 octobre 2023 sur une possible hausse significative des prix du pétrole, avec des projections alarmantes pouvant atteindre 157 dollars le baril, en cas d'escalade du conflit.
Ce serait un record absolu pour le prix du baril… et une hausse de près de 80% par rapport aux prix actuels. Le prix du Brent en Bourse, le 31 octobre 2023, affichait en effet 86 dollars le baril. « Le conflit au Proche-Orient vient s’ajouter au plus gros choc sur le marché des matières premières depuis les années 70 provoqué par l’invasion russe de l’Ukraine », écrit la Banque Mondiale dans un communiqué.
La Banque Mondiale s’inquiète d’un nouveau « double choc énergétique »
Cette perspective alarmante préoccupe non seulement les économistes et les décideurs politiques mais touche également chaque citoyen. La Banque mondiale, dans son dernier rapport, souligne l'importance de la vigilance face à ce double choc énergétique potentiel. « Les décideurs politiques doivent être vigilants. Si le conflit devait gagner en intensité l’économie mondiale devrait faire face à un double choc énergétique pour la première fois depuis des décennies. »
L’explosion du prix du pétrole s’ajouterait en effet à la hausse du prix du gaz, liée cette fois au conflit en Ukraine et aux sanctions contre la Russie qui était, jusqu’en 2022, le premier exportateur de gaz vers l’Union européenne.
Quelles conséquences en cas de choc pétrolier ?
Les conséquences d'un tel choc seraient multiples. Outre l'augmentation des prix à la pompe, un choc pétrolier pourrait entraîner une inflation généralisée, ralentir la croissance économique et exacerber les tensions sociales. Les pays importateurs de pétrole seraient particulièrement vulnérables, confrontés à des déficits commerciaux croissants et à des pressions budgétaires accrues.
Un coup dur alors que l’économie est déjà ralentie. Après la crise sanitaire de la Covid-19 en 2020-2021, les hausses de prix ont pris le relais. L’inflation a atteint des records et devrait rester supérieure au niveau jugé normal par la Banque Centrale Européenne (BCE) encore jusqu’à la fin de l’année 2024. Pour rappel, la BCE vise une inflation annuelle de 2% ; l’Insee, de son côté, table sur une inflation proche des 5% sur un an pour 2023 en France.
Choc pétrolier : le retour du baril à 100 dollars… et du carburant à 2 euros ?
La Banque Mondiale, dans son communiqué, établit trois scénarios pour le pétrole. En cas de choc pétrolier lié à la guerre au Moyen-Orient, le prix du baril de pétrole pourrait, dans le pire des cas, atteindre un niveau entre 140 et 157 dollars. Le record absolu, établi en 2008, est de 147,50 dollars, et serait alors pulvérisé.
Les autres scénarios sont meilleurs… mais guère plus rassurants. Dans le meilleur des cas, la Banque Mondiale anticipe un prix du pétrole qui tournerai aux alentours des 100 dollars, entre 93 et 102 dollars le baril. Et dans le scénario médian, les 100 dollars seraient allègrement franchis, avec un prix du baril entre 109 et 121 dollars. Or, le prix d’essence et diesel serait alors au-dessus des 2 euros le litre dans une majorité de stations service en France.