Malgré un secteur immobilier en crise, une consommation atone et une guerre commerciale avec les États-Unis, la Chine fixe son cap : une croissance d’« environ 5 % » en 2025
La Chine vise une croissance de 5 % en 2025, est-ce réaliste ?

L’année dernière, Pékin n’a atteint son objectif de croissance qu’« à la dernière minute », grâce à des exportations plus dynamiques que prévu et un plan de relance improvisé. Cette fois, le gouvernement mise sur une tout autre stratégie.
Un déficit budgétaire en hausse : un pari risqué de la Chine ?
L’économie chinoise peine à se remettre des séquelles de la pandémie. Le secteur immobilier, pilier historique de la croissance, est en difficulté, et le chômage des jeunes reste élevé. En 2024, l’inflation était quasi nulle (0,2 %), témoignant d’une consommation intérieure stagnante. Pékin prévoit également de créer 12 millions d'emplois urbains en 2025.
Le gouvernement, par la voix du Premier ministre Li Qiang, veut renverser la vapeur en plaçant la demande intérieure au cœur de sa stratégie. L’objectif affiché : réduire la dépendance aux exportations et encourager les ménages à consommer davantage.
Mais la confiance des ménages reste fragile. Comme l’indique Dylan Loh, professeur à l'Université de technologie de Nanyang, "un problème de confiance est bien plus difficile à résoudre qu’une simple relance économique."
Pour stimuler l’économie, Pékin a annoncé un relèvement du déficit budgétaire à 4 % du PIB en 2025 (soit 734 milliards d’euros). L’objectif ? Soutenir l’investissement public et financer des mesures de stimulation de la consommation. Mais jusqu’où Pékin peut-il creuser son déficit sans mettre en péril la stabilité financière du pays ?
Si l’endettement public chinois reste contrôlé, le surendettement des collectivités locales et des entreprises représente une menace latente. Une situation qui pourrait compliquer les efforts du gouvernement pour relancer l’économie.
La guerre commerciale avec les États-Unis complique la donne
En parallèle des difficultés internes, la Chine doit faire face à une intensification de la guerre commerciale avec Washington. Donald Trump a imposé une hausse de 20 % des droits de douane sur des produits chinois, affectant plusieurs centaines de milliards de dollars d’échanges.
Pékin a riposté en taxant des produits agricoles américains à hauteur de 15 %. Mais cette réaction reste mesurée. Comme l’analyse Lynn Song, économiste chez ING : "La riposte aurait pu être plus forte, mais Pékin évite de provoquer une escalade qui nuirait davantage à son économie."
Toutefois, les exportations chinoises vers les États-Unis risquent de subir un coup dur. Ce qui renforce la nécessité d’un rebond de la consommation intérieure.
Taïwan, revendiquée par la Chine, reste une source de tensions avec les États-Unis. Donald Trump a proposé une réduction conjointe des budgets militaires américain, russe et chinois, mais Pékin reste sceptique. Un porte-parole chinois a précisé que Washington devrait réduire ses dépenses en premier.
L’annonce d’une croissance de 5 % est-elle réaliste ? Les avis sont partagés.
- Julian Evans-Pritchard, analyste chez Capital Economics, se montre sceptique : il rappelle que l’objectif de 2024 n’a été atteint que grâce à des mesures exceptionnelles.
- Le Bureau national des statistiques chinois est critiqué pour son manque de transparence, certains doutant de l’exactitude des chiffres publiés.
- D’autres experts estiment l’objectif "compliqué mais atteignable", sous condition d’une forte relance de l’emploi et de la consommation.
Le succès dépendra surtout de la confiance des consommateurs et des investisseurs. Sans elle, l’objectif de croissance pourrait rester un simple affichage politique, sans réel impact sur la reprise économique.