Chèque énergie : la réforme pensée pour faire augmenter le taux de non-recours ?

Le chèque énergie, une aide cruciale pour des millions de ménages modestes, fait l’objet d’une réforme majeure dans le cadre du projet de loi de finances 2025. Ce dispositif, qui bénéficiait à environ 5,6 millions de foyers en 2024, est désormais au cœur d’une vive polémique, portée par les associations de défense des consommateurs. Celles-ci dénoncent un durcissement des conditions d’éligibilité et une complexification de l’accès à cette aide essentielle.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 16 octobre 2024 à 13h59
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277 EUROSLe montant maximum du chèque énergie est de 277 euros.

Chèque énergie : une aide financière sous condition de ressources

Le chèque énergie, introduit en 2018, permet aux ménages les plus modestes de couvrir une partie de leurs factures d’énergie, voire de financer des travaux de rénovation énergétique. En 2024, cette aide oscillait entre 48 et 277 euros, en fonction du revenu fiscal de référence et du nombre de parts fiscales. Jusque-là, le dispositif était attribué automatiquement sur la base de la taxe d’habitation. Cependant, avec la suppression de cette taxe en 2023 pour les résidences principales, les critères d’attribution ont été modifiés.

À partir de 2025, le versement automatique du chèque énergie sera supprimé. Désormais, les bénéficiaires devront effectuer une demande via une plateforme numérique dédiée. Ce nouvelle obligation suscite des craintes quant à l’augmentation du taux de non-recours, particulièrement pour les ménages les plus vulnérables

Les associations dénoncent la réforme du gouvernement

Plusieurs associations, telles que la CLCV (Consommation Logement Cadre de Vie), la Cnafal et l'Unaf, se sont élevées contre cette réforme. Elles estiment que cette nouvelle procédure risque d’exclure une partie importante des bénéficiaires potentiels, notamment les personnes âgées ou celles ayant un accès limité à internet. Elles dénoncent également une volonté du gouvernement de réaliser des économies budgétaires au détriment des plus démunis, pointant un taux de non-recours qui pourrait atteindre 50%.

Le directeurs de la Fondation Abbé Pierre, Manuel Domergue, s'est également exprimé sur cette question, redoutant un taux de non-recours massif, aggravé par la précarité énergétique croissante. Une inquiétude renforcée par le fait qu'en 2024, seuls 3 des nouveaux bénéficiaires potentiels avaient effectivement perçu leur chèque. « Nos organisations considèrent que les bénéficiaires du chèque énergie, 20 % de la population, soit 5,6 millions de ménages, vivant souvent sous le seuil de pauvreté, ne doivent pas être les victimes de la fin du versement automatique du chèque énergie », écrivent les associations dans un communiqué commun.

Chèque énergie : faut-il maintenir le versement automatique ?

Les associations appellent à ce que le versement automatique soit maintenu, via un croisement des données fiscales et des points de livraison (PDL) d’électricité, afin d’éviter que les ménages les plus modestes ne soient pénalisés. Elles préconisent également une revalorisation du montant de l’aide, estimant que celui-ci doit au moins compenser l’augmentation des taxes et l’inflation observée depuis 2019.

« Le projet de loi de finances donne pourtant le pouvoir à l’administration d’établir une liste des bénéficiaires du chèque énergie en croisant le revenu fiscal de référence avec le nombre de parts fiscales. Il sera donc possible d’identifier tous les foyers dont le revenu fiscal de référence est inférieur au plafond de 11 000 euros par unité de consommation et ainsi de les protéger d’un risque supplémentaire de perte de pouvoir d’achat, d’autant que des hausses de taxes sont prévues sur l’électricité », expliquent-elles

Comment recevoir le chèque énergie en 2025 ?

Pour bénéficier du chèque énergie en 2025, les ménages devront respecter plusieurs critères : un revenu fiscal de référence inférieur à 11 000 euros par an pour une personne seule, et fournir des informations telles que le numéro de PDL et le numéro fiscal du titulaire du contrat d’énergie. Cette nouvelle complexité pourrait décourager de nombreux ménages à solliciter l’aide, surtout dans un contexte où la précarité énergétique ne cesse d’augmenter .

Les foyers les plus modestes sont donc invités à se connecter sur la plateforme dédiée, qui sera ouverte jusqu’à la fin de l’année 2024, pour réclamer leur chèque pour l’année en cours. Le gouvernement maintient qu'il s'agit d'une mesure d’adaptation, tandis que les associations continuent de réclamer des ajustements pour éviter que cette réforme ne se transforme en un véritable obstacle pour les bénéficiaires.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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