La tendance est née, comme d’habitude, aux Etats-Unis. Puis, réseaux sociaux aidant, elle est arrivée en France : les colis mystère se vendent comme des petits pains. Et, désormais, la grande distribution s’y colle : après Auchan, c’est au tour de Carrefour de lancer ses « chariots mystère ». S’ils promettent des économies en termes de valeur, ils sont en fait des pièges marketing. Explication.
Chariots mystère : ne tombez pas dans le piège marketing
Tout a commencé avec des valises perdues dans les aéroports
L’idée de vendre des objets qui se sont perdus ne date pas d’hier. En fait, le premier magasins à s’y coller est né en 1970 dans l’Alabama. Doyle Owens, après avoir commencé à vendre le contenu de bagages perdus dans les trains, a signé en 1978 un partenariat avec les compagnies aériennes américaines pour devenir l’unique revendeur de bagages perdus des Etats-Unis : Unclaimed Baggage. Et il l’est encore.
Mais depuis le boom du e-commerce, les colis perdus se sont multipliés. Aux Etats-Unis, et désormais même en France avec La Poste, il est possible d’acheter des lots de colis perdus, notamment en provenance d’Amazon. Sur Youtube, les vidéos à ce sujet se sont multipliées, et la tendance a pris une ampleur mondiale.
Désormais il y a des « chariots mystère » en vente en France
Depuis octobre 2023, plus d’une quarantaine de magasins Auchan proposent aux clients des chariots mystère. Le principe ? Des chariots remplis de produits, emballés pour qu’on ne voit pas leur contenu, et annonçant des économies sur la valeur des biens achetés. En moyenne, les économies seraient de 60%.
Après Auchan ou encore Intermarché, c’est au tour de Carrefour de surfer sur la vague des pochettes surprise pour adultes. Car, au final, c’est bien de ça qu’il s’agit : les chariots mystères (comme les colis) ne sont rien d’autre que la version adulte des pochettes surprise qu’on a tous appréciées un jour étant gamins. Des prix moins élevés, des économies et une touche de nostalgie de l’enfance, et voilà la formule magique du marketing toute trouvée.
Chariots mystère : économies, piège ou arnaque ?
Si on peut faire confiance à la grande distribution concernant les économies réalisées lors de l’achat d’un de ces chariots mystère, la question se pose : est-ce rentable ? La réponse est… ça dépend.
Le piège du chariot mystère est aussi ce qui fait son attrait : l’inconnu. On ne sait pas ce qu’il y a dedans, si ce n’est qu’il s’agit d’invendus et autres produits que le supermarché n’arrive plus à écouler. Mais, justement, il ne sera pas rare d’avoir dans ces chariots mystère des produits totalement inutiles : que faire de couches de bébé quand on n’a pas d’enfant ? D’un produit spécial moquette quand on n’a que du carrelage ? D’un bain moussant quand on n’a qu’une douche ?
La réponse la plus évidente est simple : on peut l’offrir ou le donner à une association. Sauf que, de fait, le montant payé est perdu pour le client.
Gaspillage et perte d’argent : les chariots mystère ne sont pas ce qu’ils promettent
In fine, les chariots mystères vont contenir de manière quasi-certaine des produits dont les acheteurs n’ont pas besoin, quelle que soit la raison. Ces produits, certes soldés car destockés, représentent une perte nette pour les ménages qui les achètent… alors que leur budget est de plus en plus serré et qu’ils doivent faire des économies sur des produits aussi essentiels que des produits d’hygiène voire de la nourriture.
Le marketing est ici central : ce sont surtout les magasins qui y gagnent. Ils écoulent leurs stocks, font venir des clients dans les magasins (qui achèteront également ce dont ils ont réellement besoin) et réussissent à vendre, bien qu'à prix cassé, des produits qu’ils n’auraient pas vendus en temps normal.
Reste la question du plaisir lié à la surprise de découvrir ce qu’il y a dans ces chariots mystère : c’est cela que les clients payent en réalité. Et il est difficile, voire impossible, de donner un prix à ce sentiment. Mais que les intéressés par les chariots mystère le sachent : le gain en termes économiques, s’il existe, sera bien inférieur à ce qui est promis.