C’est quoi cette charge mentale financière dont souffrent 9 Français sur 10 ?

Le 17 février 2025, une étude réalisée par Rosaly, une entreprise spécialisée dans le bien-être financier des salariés, révèle que 86 % des Français ressentent un poids financier pesant sur leur vie professionnelle. En cause : la hausse des cotisations, la modification du prélèvement à la source et la réduction des aides publiques, autant de mesures qui viennent alourdir une charge mentale déjà élevée.

Une inquiétude financière omniprésente

Les chiffres sont sans appel : 66 % des Français estiment que leur pouvoir d'achat s'est détérioré en 2024, selon une étude de l'Ifop. Pourtant, selon l’Insee, l’inflation a ralenti pour atteindre 1,3 % en décembre 2024. Les ménages perçoivent une augmentation bien plus forte des prix. Les produits alimentaires sont estimés en hausse de 17 % et l’énergie de 19 %, bien au-delà des chiffres officiels. Cette divergence entre les données économiques et le ressenti des consommateurs renforce un climat de défiance vis-à-vis des décisions gouvernementales.

La gestion quotidienne du budget devient de plus en plus complexe pour de nombreux Français. Près de 58 % déclarent avoir des difficultés à faire face à leurs frais de santé, notamment en raison de remboursements en baisse et de cotisations plus élevées. De leur côté, 47 % des salariés se retrouvent en situation de découvert bancaire chaque mois, signe d’une tension financière constante qui limite leur marge de manœuvre.

Des décisions gouvernementales qui plombent le moral des Français

Les réformes économiques récentes ont amplifié cette situation de précarité financière. Une majorité de Français considère que les décisions prises par l’État ces derniers mois ont aggravé leur moral. Parmi les mesures les plus contestées figurent la hausse des cotisations santé, la réduction des remboursements de transport et la modification du prélèvement à la source. Toutes ces décisions réduisent directement le revenu disponible des ménages et viennent accentuer la charge mentale financière ressentie.

Selon l’enquête Rosaly, 51 % des Français déclarent que ces réformes ont un impact très négatif sur leur moral. Ce chiffre révèle une inquiétude profonde quant à l’avenir économique du pays et à la capacité des citoyens à maintenir leur niveau de vie. Arbia Smiti, fondatrice de Rosaly, souligne que "plus de la moitié des Français voient leur moral affecté par ces décisions, et ce ressenti est en progression".

Un impact direct sur la productivité des salariés

La pression financière ne reste pas cantonnée à la sphère privée : elle s’infiltre jusque dans l’environnement de travail. 56 % des Français déclarent que la baisse de leur pouvoir d'achat affecte leur performance professionnelle. Cette situation entraîne plusieurs conséquences directes sur les salariés, notamment des difficultés de concentration. Les préoccupations financières deviennent omniprésentes, réduisant l’attention portée aux tâches professionnelles et affectant la qualité du travail fourni.

Le stress et l’anxiété liés aux difficultés financières sont également en nette progression. Une étude récente montre que 36 % des salariés se trouvent en détresse psychologique, un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes. Cette pression constante se traduit aussi par une baisse de la productivité : 86 % des salariés reconnaissent que leur charge mentale financière impacte leur efficacité au travail.

Cette situation engendre une fatigue chronique qui se reflète sur l’engagement des employés. Beaucoup se désintéressent progressivement de leurs missions, faute de perspectives financières rassurantes. D’autres, confrontés à l’incertitude économique, multiplient les arrêts maladie ou envisagent même un changement de poste afin d’améliorer leur situation personnelle.

Un État coupable d’inaction ?

Face à ces constats alarmants, le rôle de l’État est remis en question. Les réformes récentes, plutôt que d’apporter un soulagement aux ménages, semblent avoir aggravé leur sentiment d’insécurité financière. De nombreuses voix s’élèvent pour réclamer des mesures plus adaptées, comme une revalorisation du salaire minimum. Toutefois, cette solution reste difficile à mettre en œuvre dans un contexte de croissance faible et d’inflation modérée.

L’encadrement des frais bancaires fait également partie des demandes récurrentes. Chaque année, les ménages français versent près de 7 milliards d’euros d’agios aux banques. Une régulation plus stricte pourrait limiter ces coûts excessifs et offrir un répit aux foyers en difficulté. L’accès aux soins devient un enjeu majeur. Les mutuelles, de plus en plus coûteuses, représentent une charge supplémentaire importante pour les ménages, rendant nécessaire une meilleure prise en charge des frais de santé par l’État.

Arbia Smiti rappelle également que "les entreprises doivent aussi prendre leur part de responsabilité. Proposer des solutions financières adaptées, comme des acomptes sur salaire ou des dispositifs de gestion budgétaire, pourrait aider à alléger cette charge mentale".