Censure : qui sont les prétendants au poste de Premier ministre ?

La chute du Premier ministre Michel Barnier, et de fait, de son gouvernement, actée le mercredi 4 décembre 2024 par le vote historique d’une motion de censure à son encontre, déclenche une nouvelle crise politique. Emmanuel Macron, désormais contraint de nommer un nouveau Premier ministre, doit réussir à trouver une figure qui ne sera pas censurée, ni par la gauche, ni par la droite, la LFI ne cachant par ailleurs pas sa visée qui n’est autre que la démission du Président.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 5 décembre 2024 à 11h02
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Censure : qui sont les prétendants au poste de Premier ministre ? - © Economie Matin
Contraint de nommer le successeur de Michel Barnier à Matignon, le président, ne disposant pas de majorité au sein de l'Assemblée nationale, doit trouver une figure capable de maintenir une relative stabilité politique d'ici à juillet 2025, date à laquelle il pourrait éventuellement lancer de nouvelles élections législatives anticipées, et dans le meilleur des cas, jusqu'aux prochaines élections présidentielles, soit en 2027. À droite comme à gauche, chaque parti tente de peser sur le choix du président. Qui sont les prétendants au poste de Premier ministre ?

Premier ministre : vers un choix de la fidélité politique ? 

Parmi les noms qui reviennent à la charge figure Sébastien Lecornu, actuel ministre des Armées. Celui-ci est perçu comme un choix logique au sein du camp présidentiel, mais cette option ne semble aucunement ravir l'opposition. Roland Lescure, ancien ministre délégué à l’Industrie et de l'Énergie, et désormais député des Français à l'étranger, ancien soutien à la candidature de Dominique Strauss-Kahn, se distingue lui aussi par sa loyauté envers Emmanuel Macron, mais son manque de notoriété nationale pourrait jouer en sa défaveur à un moment où le gouvernement doit restaurer la confiance des Français.

Thierry Breton, ancien commissaire européen et ex-ministre de l’Économie, est également mentionné parmi les prétendants. Un profil technocrate qui pourrait rassurer les marchés financiers, mais son passage à la tête d'Atos, sa vision pro-UE, et son manque de poids dans l'hémicycle pourraient lui être défavorables. Michel Barnier peut-être ? Cela semble peu probable, celui-ci ayant d'ailleurs affirmé son rejet de cette option. « Si je tombe, je ne reviendrai pas comme si de rien n’était », avait-il déclaré peu avant la motion de censure, coupant court aux spéculations sur une telle possibilité. François Bayrou alors ? Bien que fidèle soutien à Emmanuel Macron depuis 2017 et président du Modem, son nom ne semble pas attirer la sympathie de l'opposition, ni celle du camp de la macronie, l'un des proches du Président ayant été jusqu'à le qualifier « d'emmerdeur fini» auprès de nos confrères du Parisien.

Une personnalité hors des murs de la macronie ?

Pour tenter de calmer les tensions, Emmanuel Macron pourrait se tourner vers des figures perçues comme plus consensuelles ou issues d’autres horizons politiques. Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre sous François Hollande, revient souvent dans les discussions. Perçu comme une personne d'expérience et sérieuse, celui-ci pourrait permettre au Président d'éviter une nouvelle censure de la part de la gauche, mais une partie de la macronie rejetterait cette option : « Nommer quelqu’un de la gauche qui a voté la censure ? C’est inconcevable ! », vilipende un proche du Président à Le Parisien.

Une autre option envisagée, qui pourrait être soutenue par la droite de l'échiquier cette fois-ci, serait Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur sous le gouvernement Barnier, mais celui-ci pourrait entraîner une levée de boucliers de la gauche. D'autres personnalités tentent de sortir leur épingle du jeu en revenant sur le devant de la scène, en témoigne la réapparition de Lucie Castet dans les médias depuis quelques jours, ou encore celle de Ségolène Royal, qui n'a pas hésité à s'annoncer être « disponible » sur X (ex-Twitter).

L'équation s'annonce complexe pour Emmanuel Macron, qui doit non seulement choisir une personnalité capable de rassembler, mais aussi éviter une nouvelle censure des députés de l'Assemblée nationale. Avec la réouverture de Notre-Dame prévue le 8 décembre 2024 en présence de Donald Trump et de plus d'une cinquantaine de chefs d'État, on murmure auprès de nos confrères du Parisien que le Président pourrait nommer le prochain Premier ministre dans « les 24 heures ». « C’est une question de crédibilité internationale. La France ne peut pas apparaître sans chef de gouvernement à un moment aussi symbolique », tient à souligner un proche de l'exécutif. Emmanuel Macron sera l'invité de BFMTV ce jeudi 5 décembre 2024.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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