La chute du gouvernement de Michel Barnier, mercredi 4 décembre 2024, a-t-elle provoqué une panique des marchés financiers, comme cela avait été annoncé avant le vote de la motion de censure par la gauche et le Rassemblement national ?
Censure de Barnier : vers une catastrophe boursière sans précédent ?
Le chaos annoncé sur les marchés financiers a-t-il eu lieu ? Malgré le séisme politique provoqué par la censure du gouvernement Barnier, la Bourse de Paris est restée stable à sa clôture le 4 décembre 2024, mais cela pourrait être de courte durée...
Des marchés pour le moment résilients face à la chute de Barnier
Malgré les secousses politiques provoquées par la motion de censure contre le gouvernement Barnier, le CAC 40 est resté stable. Le 4 décembre 2024, en effet, l’indice de la Bourse de Paris s'est clôturé avec une légère hausse de 0,23 %, soit à 7 319,79 points. Une résilience qui s'explique en partie, selon nos confrères de TradingSa, par la solidité des grandes entreprises françaises cotées et un certain optimisme ambiant des marchés internationaux, notamment en Allemagne et aux États-Unis. Nonobstant, les analystes craignent que cette stabilité soit de courte durée et finisse par se traduire par une grande volatilité si l’instabilité politique française venait à s'éterniser.
Antoine Andreani, analyste chez XTB, explique la situation à nos confrères du Figaro : « les marchés financiers sont actuellement portés par une dynamique positive externe. Mais cette instabilité politique en France pourrait provoquer des ajustements significatifs si elle s’installe durablement. » L’absence de clarté sur la future composition du gouvernement et les perspectives économiques complique davantage la tâche des investisseurs, qui restent particulièrement attentifs aux réactions des agences de notation, notamment celle de l'agence Moody’s (qui est de AA2), qui a été la première à réagir à la censure du gouvernement Barnier et qui laisse planer un abaissement de la note de la dette française, dette qui, nous le rappelons, s'élève à plus de 113 % du PIB de la France, soit plus de 3 200 milliards d'euros.
Une hausse des taux des obligations d'État depuis la dissolution de l'AN
Comme le souligne Capital, l’un des indicateurs les plus sensibles à surveiller est le spread franco-allemand, qui mesure la différence entre les taux des obligations d’État françaises et allemandes à dix ans. Le jour suivant la motion de censure, cet écart atteignait 88 points de base, contre une moyenne d’environ 50 avant la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024. Cette augmentation traduit une méfiance croissante des investisseurs envers la gestion de la dette publique française. L'agence de notation Moody’s ne cache d'ailleurs pas l'éventualité de baisser la note souveraine de la dette française.
Ces tensions, comme le soulignent les analystes de Saxo Banque à TradingSat, traduisent « une perte de confiance des investisseurs, exacerbée par l’absence de perspectives claires sur la réduction du déficit budgétaire (qui est projeté à plus de 6% du PIB de la France pour 2024 ndlr) à moyen terme ». Actuellement, les rendements des obligations françaises à dix ans sont de 2,91 %. Autrement dit, sans action rapide pour apaiser ces tensions, la prime de risque française pourrait continuer à grimper, rendant le coût de la dette encore plus lourd pour les finances publiques, et ce qui donnerait, à l'image de la Grèce, celle d'un pays de plus en plus incapable de la rembourser.