Un sondage révèle un désenchantement grandissant parmi les salariés français à propos de potentielles promotions. Conscients que leur évolution de carrière relève davantage du hasard que du travail accompli, ils adaptent leurs stratégies… souvent au détriment de leurs ambitions salariales.
Carrière : peut-on encore espérer demander une promotion ?

Factorial, éditeur de solutions RH, a publié une enquête réalisée par OpinionWay mettant en lumière une réalité préoccupante : 48 % des salariés français estiment que leur entreprise ne leur offrira aucune promotion cette année. Dans un contexte économique marqué par l’augmentation des faillites d’entreprises et une incertitude croissante, l’ascenseur social semble bloqué au sous-sol. Plus alarmant encore, 83 % des travailleurs jugent que le mérite n’est pas un facteur déterminant pour évoluer.
Promotion : un rêve abandonné par les salariés
Dans un monde du travail en perpétuelle évolution, il semblerait que la promotion ne soit plus un objectif atteignable pour bon nombre de salariés. L’étude révèle que près d’un salarié sur deux ne croit plus à une évolution interne, même en affichant un attachement profond à son entreprise. Ce chiffre en dit long sur la perte de confiance dans les processus de reconnaissance des compétences.
Pire encore, 72 % des salariés pensent que les promotions relèvent davantage de la chance que de la compétence. Une réalité qui met à mal le principe même de méritocratie. L’idée selon laquelle l’effort et la persévérance permettent d’évoluer au sein d’une entreprise semble avoir vécu. Barthelemy de Badts, consultant RH chez Factorial, analyse la situation : « L’idée même d’une carrière linéaire et progressive se dilue dans un contexte économique instable. La frustration et la résignation prennent le dessus. »
Présentéisme, réseautage et concessions : les stratégies des salariés
Face à ce constat amer, les salariés français ne baissent pas totalement les bras. Plutôt que de miser sur leurs compétences, ils privilégient d’autres stratégies plus politiques. Plus de la moitié d’entre eux misent sur le réseautage interne pour se positionner stratégiquement auprès des décideurs. Beaucoup optent pour l’accumulation des heures supplémentaires afin de se rendre plus visibles auprès de leur hiérarchie.
L’intelligence artificielle apparaît également comme une opportunité d’évolution, notamment pour ceux qui espèrent que ces outils valoriseront leur travail. Mais cette volonté d’adaptation a un prix : 56 % des salariés accepteraient une promotion avec une augmentation dérisoire, voire aucune. Une résignation qui pose la question de la viabilité du modèle de progression interne actuel.
Une fidélité subie plus que choisie
Autre enseignement de cette étude : 58 % des salariés déclarent rester dans leur entreprise par peur du changement. Ce chiffre montre une réticence croissante à prendre des risques. L’ancienneté joue également un rôle majeur dans cette tendance. Les salariés ayant moins d’un an d’ancienneté sont seulement 39 % à envisager de partir. Entre un et cinq ans d’expérience dans une même entreprise, l’envie de changement grimpe à plus de 55 %. Passé dix ans dans la même structure, seuls 32 % osent envisager un départ.
Cette sédentarisation s’explique en partie par un marché du travail perçu comme hostile et par une peur de l’incertitude face à un climat économique difficile. Un expert en gestion des talents confirme ce phénomène : « L’entreprise reste un refuge pour nombre de salariés, même lorsque l’évolution y semble bloquée. Mieux vaut une sécurité relative qu’un saut dans l’inconnu. »
L’étude Factorial met en lumière un profond désenchantement des salariés français quant à leur progression professionnelle. Difficile d’imaginer un renversement de tendance dans le contexte économique actuel.