Depuis la décision du gouvernement, jeudi 16 mars 2023, d’utiliser l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer en force la réforme des retraites, la mobilisation s’amplifie et se durcit. Des affrontements ont éclaté dans plusieurs villes de France, alors que Paris a connu au moins une manifestation par jour. Et sur le front du quotidien des Français, sans surprise, les premiers effets se font sentir.
Carburants : les pénuries commencent alors que le mouvement se durcit
Des centaines de stations-services en rupture totale de carburants en France
En première ligne contre la réforme des retraites, la CGT-Pétrole avait annoncé très rapidement un blocage de sites pétroliers. Selon TotalEnergies, 37% des effectifs sont en grève… et l’objectif est simple : empêcher la production et, surtout, l’approvisionnement en carburants en France.
Ce n’est pas encore le cas, mais la situation se tend de plus en plus. La carte penurie.mon-essence.fr, site collaboratif, fait état au 20 mars 2023 de 400 stations en pénurie totale et plus de 500 en pénurie partielle. Deux fois plus de stations en pénurie totale que… la veille seulement.
Et Olivier Mateu, secrétaire de l’Union départementale CGT, avait prévenu. Les Français ont tout intérêt à faire le plein dès qu’ils le peuvent… « car il n’y en aura bientôt plus beaucoup ».
Le Sud particulièrement touché par les pénuries de carburants
Selon la carte collaborative, c’est du côté de la région de Marseille que les pénuries se concentrent. 25% des stations-services des Bouches-du-Rhône sont en effet en difficulté. Et la situation empire un peu partout en France.
Sur l’ensemble du territoire, toutefois, 3,4% des stations-services connaissent des difficultés d’approvisionnement. C’est trois fois plus que la moyenne en temps normal (environ 1%) mais deux fois moins que lors du blocage du 7 mars 2023 (plus de 6%).
D’autres raffineries et dépôts bloqués contre la réforme
La mise à l’arrêt de la raffinerie de Gonfreville-L’Orcher, la plus grande de France, samedi 18 mars 2023 a donné un coup de boost au mouvement. Et la CGT des Ports-et-Docks et des Industries Chimiques a annoncé la couleur : le mouvement va empirer.
En Normandie, la raffinerie Total va être mise à l’arrêt, tout comme celle de Petroineos à Lavera (13). « Seule la raffinerie de Feyzin tourne normalement à l’heure actuelle », expliquait la CGT le 18 mars 2023 dans un communiqué de presse.
Les raffinerie s’arrête par la grève les une après les autres, le mouvement s’ annonce supérieur à celui d’octobre 2022 avec en plus les dépôts pétroliers en grèves ! FAITES LE PLEIN ! #lareformedesretraitescestnon #penurieessence pic.twitter.com/yeIaiBeJD5
— FNIC-CGT Rhône-Alpes (@FNIC_CGT_RA) March 18, 2023
Sur le front des carburants, de telles annonces ne peuvent que conduire à plus de difficultés.
Une situation critique si la motion de censure est rejetée ?
Lundi 20 mars 2023 sera une journée charnière : les motions de censure contre le texte de la réforme des retraites seront déposées. Mais, selon les premières indications de vote, elles pourraient être rejetées. Y compris celle du groupe LIOT, transpartisane et soutenue par tous les opposants.
En cas de rejet des motions de censure, le gouvernement reste en place et la réforme des retraites est adoptée. Sans vote, du fait du 49.3. De quoi galvaniser le mouvement de grève et les manifestants puisque le passage en force du gouvernement sera alors effectif.