La fiscalité des carburants pourrait connaître un tournant majeur en 2025. Selon plusieurs sources, le gouvernement envisagerait de supprimer les avantages fiscaux sur les carburants E10 et E85, provoquant ainsi une hausse significative de leur prix. Une décision qui risque d’impacter lourdement les automobilistes et de fragiliser une filière pourtant essentielle à la transition énergétique.
Carburant : menace sur les prix du SP95-E10 et du bioéthanol !
Depuis plusieurs années, le bioéthanol s’est imposé comme une alternative crédible aux carburants fossiles, avec un double avantage : un prix attractif et une empreinte carbone réduite. Pourtant, un rapport du Secrétariat Général à la Planification Écologique (SGPE) propose de revoir cette fiscalité favorable. Objectif annoncé : accélérer la transition vers les voitures électriques en rendant les carburants thermiques, y compris les biocarburants, moins compétitifs. Mais derrière cet argument écologique, la mesure pourrait surtout alourdir la facture des ménages et mettre en péril un secteur clé de l’économie agricole.
Carburant : Pourquoi une telle hausse des taxes sur l’E10 et l’E85 ?
Selon un document confidentiel révélé par Challenges, le gouvernement envisage de supprimer l’exonération fiscale dont bénéficient actuellement les carburants contenant du bioéthanol. L’E85, vendu environ 1 euro de moins par litre que le SP95-E10, et l’E10, carburant le plus consommé en France, pourraient ainsi voir leurs prix grimper de plusieurs centimes à la pompe.
Une stratégie pour financer la transition électrique
Derrière cette hausse de fiscalité se cache une volonté politique : financer les aides à l’achat de véhicules électriques et pousser les consommateurs vers cette technologie. Pourtant, malgré des incitations comme le leasing social ou les bonus écologiques, les ventes de voitures électriques peinent à décoller : en 2024, seulement 295 000 véhicules électriques ont été immatriculés, bien loin des 430 000 attendus.
Un manque à gagner pour l’État
L’État cherche également à combler un manque à gagner de 500 millions d’euros lié à ces exonérations fiscales. Une somme qui pourrait être récupérée en alourdissant la fiscalité de ces carburants, au détriment des automobilistes.
Des conséquences pour les automobilistes... et les agriculteurs !
Une hausse des prix à la pompe pour l’E85 et l’essence SP95-E10
Si la suppression de l’avantage fiscal est appliquée, les automobilistes roulant à l’E85 et à l’E10 verront leur facture exploser. Aujourd’hui, le prix moyen de l’E85 tourne autour de 1 euro/litre, contre 1,70 euro pour le SP95-E10. Avec une fiscalité alourdie, la rentabilité de l’E85 s’effondrerait, privant les conducteurs d’une solution plus économique et écologique.
Un coup dur pour l’agriculture française
Effet secondaire loin d’être négligeable : le bioéthanol est produit à partir de betteraves et de céréales, majoritairement françaises. En supprimant son avantage fiscal, l’État fragiliserait toute la filière agricole. Comme le souligne la filière du bioéthanol, cette hausse de taxe aurait des répercussions directes sur 9 000 emplois en France et menacerait les revenus des agriculteurs et des industries de transformation.
Un non-sens écologique
L’un des arguments majeurs en faveur du bioéthanol est son bilan carbone avantageux : il permet une réduction des émissions de CO₂ de 70 % en moyenne par rapport à l’essence classique. En augmentant sa fiscalité, le gouvernement risque de pousser les automobilistes vers des carburants plus polluants, ce qui va totalement à l’encontre des engagements climatiques de la France.
Une mesure qui s’ajoute à d’autres hausses de fiscalité automobile
Cette hausse de la fiscalité sur les biocarburants ne vient pas seule. Le gouvernement prévoit également une augmentation du malus écologique sur les véhicules thermiques, avec un surcoût de 100 euros pour les modèles les plus polluants. De plus, les entreprises pourraient perdre certains avantages fiscaux sur les flottes de véhicules thermiques.
Carburants : vers une taxation punitive au détriment des consommateurs ?
Les choix fiscaux du gouvernement interrogent. Plutôt que d’accompagner la transition énergétique en laissant le choix aux consommateurs, l’exécutif semble vouloir imposer une électrification accélérée en pénalisant les autres alternatives.
Les automobilistes qui ont fait le choix du bioéthanol pour réduire leurs dépenses et leur impact écologique risquent d’être les grands perdants de cette réforme. Quant aux agriculteurs et aux industriels du bioéthanol, ils pourraient voir leur activité fragilisée par une politique fiscale à contre-courant des objectifs climatiques. En pleine crise du pouvoir d’achat, cette décision pourrait bien faire gronder les automobilistes et les professionnels. La transition écologique doit-elle nécessairement passer par une taxation punitive ?