Carburant : le soulagement tant attendu à la pompe est enfin là

Alors que les vacances de Pâques battent leur plein, une bonne nouvelle s’invite dans le rétroviseur des automobilistes. Le carburant voit ses prix chuter, après que le pétrole a été chahuté en Bourse.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 15 avril 2025 7h30
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Carburant : le soulagement tant attendu à la pompe est enfin là - © Economie Matin
70 DOLLARSLe prix du pétrole Brent était tombé à 70 dollars le baril fin septembre 2024.

Le 14 avril 2025, en plein cœur du chassé-croisé printanier, les prix du carburant ont affiché une baisse notable dans les stations françaises. Diesel, essence, sans-plomb : l’ensemble des carburants a amorcé une décroissance inédite depuis plusieurs trimestres. Une détente que beaucoup guettaient… et que certains jugent encore bien timide, surtout au regard de la chute spectaculaire des cours du pétrole brut sur les marchés internationaux.

Carburant en baisse : que dit vraiment le prix à la pompe ?

Si l’on scrute les derniers chiffres du ministère de la Transition énergétique, la tendance est limpide : au 11 avril 2025, le litre de gazole est tombé à 1,5749 euro, soit son plus bas niveau depuis plus de trois ans, selon Le Figaro. Le sans-plomb 95-E10 s’établit à 1,6802 euro, tandis que le SP95 flirte avec les 1,7192 euros, et le SP98 atteint 1,7864 euros le litre. Des chiffres qui font écho aux constats de BFMTV : « Le SP95-E10 s'établissait à environ 1,73 euro le litre ; le gazole à 1,63 euro ». Un repli concret, mais encore modéré par rapport aux niveaux d’avant-crises.

Car pour mémoire, en janvier 2024, le diesel dépassait allègrement les 1,85 euro. Et fin 2019, le litre de gazole s’affichait à 1,48 euro, dans une France qui n’avait pas encore croisé le fer avec l’inflation énergétique et la Covid-19.

Pétrole bon marché : pourquoi le prix du carburant met-il autant de temps à suivre ?

Voilà la question qui hérisse les automobilistes. Car pendant que le sans-plomb descend mollement de quelques centimes, le pétrole brut, lui, s’effondre.

Le baril de Brent, référence européenne, est passé de 83 dollars début janvier à 68,33 dollars le 5 mars, avant de remonter très légèrement à 69,46 dollars puis de rechuter début avril 2025 sous la barre des 65 dollars. Un prix très inférieur à celui de 2022, où il dépassait régulièrement les 100 dollars.

Et pourtant… à la pompe, la baisse tarde. La raison ? Une structure tarifaire corsetée. Comme l’explique le site du ministère de l’Économie, les taxes représentent environ 60 % du prix final d’un litre de carburant. Le brut, lui, ne pèse que pour 30 à 35 %. Autrement dit : une chute de 20 % du baril ne peut provoquer qu’un recul marginal sur les prix à la pompe.

Michel-Edouard Leclerc, président des centres éponymes, résume la frustration : « Aujourd'hui on est aux alentours de 65 euros le baril, ça peut même descendre à 50 [...] Je vois déjà le gazole à 1,58 euro et je pense qu'on va rester à ce niveau-là pendant deux-trois mois », relaye BFMTV.

Pétrole, carburant : les automobilistes à la merci des décisions politiques

Au-delà des ratios fiscaux, c’est la géopolitique qui donne le tempo. Le 2 avril, l’administration américaine a frappé fort : Donald Trump a relancé une guerre commerciale avec la Chine, imposant des droits de douane massifs sur plusieurs filières. Résultat ? Les marchés anticipent un ralentissement économique mondial, donc une demande énergétique en berne. Olivier Gantois, président de l’Union française des industries pétrolières (UFIP), l’explique sans détour : « Les marchés pétroliers interprètent cela comme un risque de ralentissement de l’économie mondiale », détaille Le Figaro.

En parallèle, l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) a annoncé, le 3 mars, la remise sur le marché de 120 000 barils par jour, chaque mois, pendant 18 mois, mettant fin à des restrictions en place depuis novembre 2022. Mais le cartel de l’or noir voit également une forte baisse de la demande de pétrole brut pour 2025 et 2026. Un retour de l’offre, certes progressif, mais suffisant pour déséquilibrer un marché déjà excédentaire et en baisse.

Un répit durable… ou un simple effet de Pâques ?

Les automobilistes peuvent-ils se réjouir ? En partie, oui. Car les projections à court terme laissent entrevoir une stabilisation des prix. Selon les données compilées par l’INSEE, les prix de l’énergie ont reculé de 5,8 % en février 2025 sur un an. Et l’évolution des prix à la consommation reste stable, preuve que l’inflation ne pousse plus le carburant vers le haut.

Mais attention aux embardées inattendues : la moindre décision de l’OPEP+ ou une nouvelle salve protectionniste pourrait faire remonter le baril en quelques séances. Autrement dit : les marges de baisse sont encore là, mais sous condition de stabilité globale.

Le printemps 2025 sonne comme une accalmie pour les conducteurs. Moins de stress à la pompe, des pleins plus abordables, et l’espoir d’un été de carburant à bas prix. Mais ce soulagement reste fragile.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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