Face aux surtaxes américaines imposées par Donald Trump, le Canada passe à l’offensive sur la scène internationale. En portant plainte ce 5 mars 2025 à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Ottawa s’inscrit dans une escalade commerciale déjà entamée par la Chine
Droits de douane : le Canada défie les États-Unis à l’OMC
Par
Publié le 5 mars 2025 à 15h08
25 %Le gouvernement américain a instauré des droits de douane de 25 % sur les importations canadiennes, ciblant de nombreux produits
« Elbows up ! » Ce cri issu du hockey, brandi par l’ambassadrice canadienne à l’OMC, illustre bien la posture de défiance adoptée par le Canada face aux droits de douane américains. Ottawa, à l’instar de Pékin, refuse de se soumettre aux taxes imposées par Washington. Une bataille commerciale s’engage.
Une taxation punitive dénoncée par le Canada
Le gouvernement américain a instauré des droits de douane de 25 % sur les importations canadiennes, ciblant de nombreux produits. Une mesure que l’ambassadrice du Canada auprès de l’OMC, Nadia Theodore, qualifie d’« injustifiée ». Cette décision suit une logique protectionniste que Donald Trump applique également à la Chine et au Mexique.
Le Canada estime que ces surtaxes visent à affaiblir son économie pour renforcer la position américaine. Justin Trudeau lui-même a affirmé que l’objectif du président américain était de « faire chuter l’économie canadienne ». Ottawa considère donc la riposte comme une nécessité et a annoncé des mesures de rétorsion, imposant à son tour des taxes sur certains produits américains, comme la viande, les œufs et le vin.
Le dépôt de la plainte canadienne auprès de l’OMC le 5 mars 2025 suit une procédure stricte. La première étape consiste en des consultations entre les parties. Si aucun accord n’est trouvé, un groupe spécial d’experts peut être formé pour arbitrer le litige. Cependant, un problème de taille se pose : l’organe d’appel de l’OMC, censé trancher en dernier ressort, est paralysé depuis 2019. En raison du blocage des nominations de juges par les États-Unis, une pratique initiée sous Barack Obama et poursuivie par Donald Trump et Joe Biden, aucune nouvelle affaire ne peut être jugée définitivement.
Ainsi, même si le Canada obtient gain de cause dans un premier temps, l’absence d’un organe d’appel rend la décision difficilement exécutable. Ce vide institutionnel affaiblit l’OMC et limite l’efficacité des recours juridiques face à une guerre commerciale d’ampleur.
Donald Trump, maître du bras de fer commercial
La Chine avait déposé plainte en février 2025 contre les surtaxes imposées par les États-Unis, déclenchant une riposte immédiate sous forme de hausses de taxes sur les produits agroalimentaires américains.
Pour le Canada, ce bras de fer pourrait se traduire par une déstabilisation de ses industries dépendantes des exportations vers les États-Unis. De nombreux secteurs, notamment l’automobile et l’aluminium, sont directement concernés par ces mesures. De plus, l’inflation pourrait s’accélérer, affectant le pouvoir d’achat des ménages canadiens.
Du côté américain, la situation n’est pas plus enviable. Les représailles canadiennes pourraient renchérir le coût de certains produits alimentaires, tandis que les entreprises américaines exportant vers le Canada risquent de perdre des parts de marché.
Donald Trump ne semble pas prêt à reculer. Sur son réseau social Truth Social, il a menacé de surenchérir : « Lorsqu’il [Justin Trudeau] répliquera par un droit de douane sur les États-Unis, nos droits de douane réciproques augmenteront immédiatement dans la même proportion. »
La stratégie du président américain repose sur une logique de dissuasion et d’intimidation, visant à contraindre ses partenaires commerciaux à céder. Cette approche a déjà provoqué des conflits avec la Chine, le Mexique et l’Union européenne. Toutefois, elle entraîne aussi des conséquences internes : la volatilité des marchés financiers et la hausse des coûts de production inquiètent de nombreux acteurs économiques américains.