La Caisse des Dépôts vient d’être épinglée par une ONG environnementale. Reclaim Finance l’accuse d’utiliser l’argent des Français pour investir massivement dans les énergies fossiles, en utilisant parfois des fonds issus du LDDS, le Livret de Développement Durable et Solidaire.
Caisse des Dépôts : l’argent des Français sert à investir dans les énergies… fossiles !

La Caisse des Dépôts investit encore dans les énergies fossiles
La Caisse des Dépôts (CDC) se retrouve dans la ligne de mire de Reclaim Finance, une ONG spécialisée dans l’analyse des flux financiers liés à l’environnement. Ce bras financier public, chargé notamment de la gestion du Livret A, fait aujourd’hui face à plusieurs accusations. Reclaim Finance ne mâche pas ses mots : l'organisation reproche à la Caisse des Dépôts une opacité persistante, notamment concernant la composition exacte de son portefeuille d’actifs, les votes émis en assemblées générales ou encore la liste des gestionnaires d’actifs mandatés pour ses placements.
Dans un communiqué sans détour, Reclaim Finance dénonce : « La composition de son portefeuille d'investissements n'est pas rendue publique, tout comme le détail de ses votes aux assemblées générales des entreprises dont elle est actionnaire, ainsi que la liste exhaustive des gestionnaires d'actifs externes à qui elle délègue une partie de ses investissements. » Une critique renforcée dans le climat actuel, marqué par une exigence accrue en matière de préservation de l’environnement et de traçabilité des fonds publics.
Le paradoxe est d’autant plus troublant que ces fonds proviennent directement de l’épargne des Français, notamment via les Livrets de Développement Durable et Solidaire (LDDS), qui partagent les mêmes règles d’affectation que le Livret A. Malgré son nom vertueux, ce produit d’épargne pourrait, selon l’ONG, alimenter des investissements dans les énergies fossiles.
Des investissements sous le feu des critiques, malgré les annonces
Les critiques de Reclaim Finance s’appuient sur une estimation extraite du dernier rapport d’investissement responsable de la CDC. Selon Agathe Masson, autrice de l’étude : « Dans son rapport 2023, la CDC indique que 3,4 % de son portefeuille est exposé aux énergies fossiles. En réponse à nos questions, la Caisse nous a indiqué que le périmètre concerné était le département Gestion d’actifs, soit 288 milliards d’euros à la fin 2023. Nous arrivons ainsi à près de 10 milliards d’euros. »
Face à ces chiffres, la Caisse des Dépôts contre-attaque. Elle conteste la méthodologie et réfute la somme avancée. La CDC assure que son exposition réelle demeure « inférieure à 5 milliards d’euros » et affirme exclure les entreprises fortement dépendantes aux hydrocarbures non conventionnels. L’ONG critique une politique climatique jugée insuffisamment alignée avec les recommandations de l’Agence internationale de l’énergie, laquelle appelle à cesser tout nouvel investissement dans les projets fossiles, y compris gaziers.