Cadres jeunes ou seniors : pourquoi il devient plus dur de trouver un poste

On pensait que les cadres resteraient à l’abri des secousses économiques. Mais les chiffres dévoilés ces derniers jours montrent le contraire. Moins d’embauches, plus de prudence chez les employeurs, et des jeunes comme des seniors de plus en plus mis à l’écart.

Ade Costume Droit
Par Adélaïde Motte Publié le 4 avril 2025 à 12h00
cadres-marche-du-travail-france-emploi
Cadres jeunes ou seniors : pourquoi il devient plus dur de trouver un poste - © Economie Matin

Recrutements en baisse : pourquoi c’est inquiétant pour les cadres

Depuis quelques années, les cadres ont bénéficié d’un marché de l’emploi très dynamique, avec des entreprises en demande constante de profils qualifiés. Mais cette époque semble révolue. En 2024, seules 303 400 embauches ont été réalisées, contre 330 700 l’année précédente. Cela représente une chute de 8 % en un an. Et 2025 ne s’annonce pas meilleur : l’Apec (Association pour l’emploi des cadres) prévoit 292 600 embauches, soit encore 4 % de moins.

Ces chiffres peuvent sembler abstraits, mais ils révèlent une réalité simple : les entreprises embauchent moins de cadres qu’avant. Et cela a des conséquences concrètes pour tous ceux qui recherchent un poste, souhaitent évoluer ou changer de secteur.

Le recul touche tous les domaines d’activité. Par exemple, dans les services à forte valeur ajoutée (comme le conseil, l’informatique ou la banque), les embauches ont chuté de 10 % en 2024. Dans l’industrie, la baisse est de 7 %, et elle atteint même 12 % dans certains secteurs comme la chimie. Ces baisses reflètent un ralentissement général de l’investissement des entreprises, c’est-à-dire qu’elles repoussent leurs projets et donc les recrutements associés.

Cadres débutants ou expérimentés : personne n’est épargné

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas uniquement les jeunes qui peinent à trouver un emploi. Les cadres en fin de carrière, notamment ceux ayant plus de dix ans d’expérience, sont aussi fortement affectés. En 2025, les entreprises prévoient de réduire de 11 % leurs embauches dans cette catégorie. Cela signifie qu’un grand nombre de professionnels seniors risquent de rester sur le banc de touche, même s’ils possèdent des compétences très solides.

Mais la situation est encore plus dure pour les débutants, c’est-à-dire les personnes ayant moins d’un an d’expérience. Après une baisse de 19 % en 2024, leurs recrutements devraient encore reculer de 16 % en 2025. Autrement dit, moins d’une chance sur deux d’être embauché par rapport à une période normale. Cela complique sérieusement l’entrée sur le marché du travail pour de nombreux jeunes diplômés.

La raison de ce double blocage ? Les entreprises privilégient des profils « immédiatement opérationnels », donc des professionnels expérimentés… mais dans le même temps, elles réduisent leurs besoins globaux, ce qui écarte aussi les seniors. Résultat : un effet ciseau, avec deux générations sacrifiées à la fois.

Ce que ces chiffres veulent dire pour l’avenir

La baisse du recrutement des cadres n’est pas un phénomène isolé. Elle s’inscrit dans un contexte économique plus large. En 2024, les entreprises françaises ont réduit leurs investissements de 1,2 %, et la Banque de France prévoit encore une baisse de 0,5 % en 2025. En clair, les entreprises dépensent moins pour se développer, acheter du matériel, lancer de nouveaux projets… et donc, elles embauchent moins.

L'instabilité politique, les incertitudes géopolitiques (comme la guerre commerciale avec les États-Unis) et le besoin de réduire les dépenses publiques pèsent également sur leur moral. Cela crée un climat d'attentisme : les dirigeants préfèrent attendre des jours meilleurs avant d'élargir leurs équipes.

Et ce n’est pas tout. L’Insee prévoit que le taux de chômage pourrait atteindre 7,6 % en 2025, contre 7,3 % aujourd’hui. Cela signifie qu’il y aura davantage de candidats pour moins de postes disponibles, ce qui complique encore plus les choses pour les demandeurs d’emploi, surtout pour ceux qui visent un statut de cadre.

Faut-il renoncer à devenir cadre ? Non, mais il faut s’adapter

Le tableau est sombre, mais il ne faut pas tomber dans le fatalisme. De nombreux secteurs continuent à recruter, même s’ils le font avec plus de prudence. Ainsi, l’informatique reste le domaine le plus porteur, avec 55 600 postes prévus en 2025. Le commerce, les études et la recherche gardent aussi une part importante des recrutements.

Pour les jeunes, cela signifie qu’il est essentiel de se former sur les compétences techniques les plus demandées (cybersécurité, data, ingénierie). Pour les seniors, cela passe par une mise à jour régulière des savoir-faire, une mobilité géographique ou sectorielle, ou encore la reconversion partielle.

Enfin, il faut comprendre que ce ralentissement pourrait se prolonger si les tensions économiques perdurent. Mais chaque crise redessine aussi les priorités des entreprises. L’écologie, le numérique, la santé ou la formation sont autant de secteurs en mutation, où de nouvelles opportunités vont émerger, même dans un climat incertain.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

Aucun commentaire à «Cadres jeunes ou seniors : pourquoi il devient plus dur de trouver un poste»

Laisser un commentaire

* Champs requis