Les rémunérations des patrons du CAC 40, l’indice phare de la Bourse de Paris, ne manqueront pas d’être au centre de nouvelles polémiques après la publication du dernier rapport du cabinet Proxinvest mardi 21 novembre 2023. La raison ? Alors qu’ils sont très réticents à augmenter les salaires des salariés, leurs salaires à eux sont de nouveau en augmentation. Et ce bien qu’il y ait une baisse, car ce n’est qu’un effet d’optique…
CAC40 : les patrons payés 320 années de SMIC en moyenne en 2022
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Last modified on 22 novembre 2023 10h59
33 MILLIONS €Le patron le mieux payé a touché 33 millions d'euros en 2022.
CAC40 : les salaires des patrons en baisse en 2022 ? Vraiment ?
Le cabinet Proxinvest, qui analyse chaque année les rémunérations des grands patrons, souligne une baisse de la rémunération moyenne des patrons du CAC40 en 2022. Une baisse notable : 15 % de moins, soit en moyenne 6,7 millions d’euros, toutes formes de rémunération (fixe, variable, actions…) confondues. Une somme qui reste toutefois équivalente à 319,5 années de SMIC (20.966 euros brut par an).
Mais vont-ils pleurer ? Pas vraiment. Car si la rémunération moyenne est en baisse, ce n’est qu’à cause du patron de Stellantis, Carlos Tavares. Ce dernier, sous la houlette duquel s’est concrétisée la création du géant Stellantis, issu de la fusion de PSA et de FCA, avait touché en 2021 66,7 millions d’euros selon le cabinet Proxinvest (des chiffres critiqués par l’entreprise qui annonce, de son côté, 19,6 millions d’euros). Une rémunération exceptionnelle qui ne s’est pas répétée : en 2022, Carlos Tavares n’a gagné que 19,6 millions d’euros, faisant de fait retomber la moyenne.
Les salaires des patrons du CAC40 sont en réalité en forte hausse
En dehors de cette donnée particulière sur Carlos Tavares, la réalité est toute autre. En 2022, les dirigeants du CAC40 ont vu leur salaire moyen atteindre des sommets, creusant davantage l'écart avec leurs employés. La rémunération moyenne des dirigeants du CAC 40, qui a atteint 6,7 millions d'euros en 2022, est en réalité marquée par hausse significative de 29% par rapport à 2019, selon Proxinvest.
Cette évolution salariale se démarque particulièrement lorsqu'on la compare à celle des salariés. Depuis 2014, les salaires des patrons ont augmenté de 62%, soit deux fois plus vite que ceux des salariés, qui n'ont connu qu'une hausse de 31%.
CAC40 : qui sont les patrons les mieux payés ?
Mais la question se pose : quels sont les patrons les mieux payés ? En tête de liste, Bernard Charlès, dirigeant de Dassault Systèmes, se distingue avec une rémunération de 33 millions d'euros en 2022. Cette somme, principalement constituée d'actions, représente le package le plus élevé du SBF 120 (l’indice élargit aux 120 plus grosses capitalisations françaises). Rapporté au SMIC, le salaire de Bernard Charlès équivaut à 1.574 années de salaire brut.
Il est suivi de près par Daniel Julien de Teleperformance, avec 19,7 millions d'euros, et Carlos Tavares de Stellantis, avec 19,6 millions d'euros, qui tombe donc à la troisième place après avoir établi un record absolu de rémunération en 2021 avec ses plus de 60 millions d’euros de gagnés en une seule année.
| Nom du Patron | Entreprise | Rémunération en 2022 | Comparaison avec le SMIC annuel (20.966 euros brut) |
Comparaison avec le salaire moyen (39.800 euros brut) |
|---|---|---|---|---|
| Bernard Charlès | Dassault Systèmes | 33 000 000 € | Environ 1574 fois le SMIC | Environ 829 fois le salaire moyen |
| Daniel Julien | Teleperformance | 19 700 000 € | Environ 940 fois le SMIC | Environ 495 fois le salaire moyen |
| Carlos Tavares | Stellantis | 19 600 000 € | Environ 935 fois le SMIC | Environ 492 fois le salaire moyen |
Les patrons du CAC40 gagnent… 89 fois plus que leurs salariés
La rémunération des patrons évoluant plus rapidement que celle des salariés, et même beaucoup plus rapidement, ce n’est pas étonnant de voir que l’écart entre patrons et salariés se creuse. Selon Proxinvest, un dirigeant du CAC 40 gagne en moyenne 89 fois plus que ses salariés. Un peu mieux qu’en 2021, toujours à cause de l’exceptionnelle rémunération de Carlos Tavares, mais un niveau extrêmement élevé. Surtout alors que les ménages souffrent de l’inflation et que les entreprises n’ont de cesse de répéter qu’elles ne veulent pas mieux rémunérer leurs employés faute d’argent.