Après s’est rapproché des 7600 points en avril, le CAC40 a connu ces deux dernières semaines (fin avril- début mai) une vague de correction qui pourrait encore persister quelques temps.
CAC40 en manque de catalyseurs pour aller plus haut ?
Tout d’abord l’attitude de la BCE ne laisse pas de place au doute sur sa détermination à ramener l’inflation vers l’objectif de 2%. Dans son dernier communiqué, l’institution monétaire a réitéré que les perspectives d’inflation restaient trop élevées qu’il fallait s’assurer que les taux soient portés à un niveau suffisamment restrictif. Christine Lagarde a indiqué que les pressions sur les salaires restaient fortes et que les risques étaient toujours orientés à la hausse concernant l’inflation en zone euro, écartant de fait toute hypothèse de pause pour l’instant dans ce cycle de hausse de taux.
La dégradation récente de la note souveraine de la France par l’agence de notation Fitch, même si elle n’a pas eu d’impact direct sur les écarts de taux avec l’Allemagne ou sur le CAC40, est toutefois un avertissement sur la trajectoire budgétaire de la France qui ne laisse pas de marge de manœuvre à de nouvelles mesures de soutien fiscal alors que les consommateurs sont confrontés aux hausses de prix depuis plus d’un an. Et c’est d’ailleurs le souhait de la BCE qui appelle depuis plusieurs mois les gouvernements de la zone euro à limiter les soutiens fiscaux pour ne pas contrer les effets de la politique de la BCE sur la lutte contre l’inflation.
De quoi freiner la consommation malgré un taux de chômage bas en zone euro et des salaires qui progressent, mais moins vite que les prix. Outre-Rhin, les effets de l’inflation sur la consommation sont bien visibles. Les derniers chiffres de ventes au détail affichent un repli de 8.6% en mars (vs mars 2022). Et le moteur commercial allemand est loin de tourner à plein régime : en mars les exportations se sont repliées de 5.2%, un chiffre deux fois plus faible que le consensus et les importations ont chuté de 6.4% soit trois fois plus que ce que le consensus espérait.
La production industrielle allemande s’est repliée de 3.4% en mars, largement plus que le consensus de -1.6%...ce qui réouvre clairement le risque de récession technique pour la première économie d’Europe.
Que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, les risques pour la consommation sont bien présents. Les ventes au détail Outre-Atlantique se sont encore repliées de 1.0% en mars après une baisse de 0.4% en février.
Et du côté de la Chine, les signaux sont mitigés, l’activité manufacturière s’est de nouveau contractée le mois dernier comme en témoignent les indices PMI et les derniers chiffres de la balance commerciale montrent que la demande intérieure n’est pas aussi forte qu’attendu après la réouverture de l’économie post confinement. En avril, les importations chinoises ont chuté de près de 8% en annuel alors que le consensus attendait un chiffre inchangé. Typiquement le genre de chiffre qui pourrait pousser à des prises de gain sur certaines valeurs européennes, comme celles du luxe par exemple.
Le durcissement des conditions financières via le stress bancaire mais également via la poursuite de la normalisation monétaire de la Fed et de la BCE, les tensions autour du plafond de la dette américaine, la fin de la saison des résultats et des données macroéconomiques mitigées en Europe, aux Etats-Unis et en Chine offrent le contexte « parfait » à quelques prises de gain sur les marchés actions et à plus de consolidation.