Budget des Français : quand les croquettes pour chien passent avant le reste

Dans les foyers français, le chien n’est plus seulement un compagnon fidèle. Il est devenu le reflet silencieux d’une société où les arbitrages économiques touchent parfois plus durement l’humain que l’animal.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 3 avril 2025 à 12h30
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78 %78 % des 18-24 ans ont déjà réduit leurs dépenses personnelles pour garantir une nourriture de qualité à leur animal.

Le 1er mars 2025, l’institut FLASHS a clôturé une vaste enquête menée pour Pro-Nutrition sur les comportements des Français face à l’alimentation de leur chien. Ce sondage, réalisé auprès de 1 372 maîtres entre le 25 février et le 1er mars, s’inscrit dans un contexte de tensions économiques et de prise de conscience croissante des enjeux nutritionnels, tant humains que canins. Il dévoile des tendances saisissantes, des sacrifices assumés, et une étrange inversion des priorités.

L’alimentation comme révélateur de l’attention portée aux animaux

92 % des propriétaires disent faire attention à leur propre alimentation, et 83 % se considèrent physiquement actifs​. Pourtant, c’est pour leur chien que certains vont jusqu’à rogner sur leur propre assiette. En effet, plus d’un Français sur deux (51 %) affirme avoir déjà réduit ses dépenses personnelles pour garantir une nourriture de qualité à son animal, dont 18 % régulièrement. Chez les jeunes adultes, ces chiffres atteignent des sommets : 78 % des 18-24 ans et 77 % des 25-34 ans ont déjà effectué ce genre de rééquilibrage budgétaire​.

Autrement dit, en période d’inflation, certains préfèrent se priver eux-mêmes plutôt que de faire subir à leur chien une baisse de qualité alimentaire.

Croquettes, vétérinaires et illusions : radiographie d’un mode de vie

Les maîtres français ne plaisantent pas avec le contenu de la gamelle. 68 % privilégient les croquettes, loin devant la nourriture maison (8 %), les pâtées (7 %) ou encore le régime BARF (2 %)​. La grande distribution garde la main sur ces achats : 50 % passent par les supermarchés et 46 % par les magasins spécialisés.

Mais derrière ces chiffres se cache une mécanique sociale. Ceux qui négligent leur propre alimentation achètent davantage leurs croquettes en grande surface (60 %), là où les plus soucieux de leur santé s’orientent vers des circuits plus spécialisés​.

Le référent ultime, c’est le vétérinaire : 57 % des propriétaires s’appuient sur ses recommandations, loin devant les fabricants (19 %) ou l’expérience personnelle (17 %). Pourtant, parmi les moins attentifs à leur alimentation, 34 % se fient avant tout à leur propre intuition pour nourrir leur chien. Un paradoxe révélateur d’une méconnaissance que certains préfèrent ignorer​.

Le mythe du poids idéal : quand l’œil du maître se trompe

Les Français sont persuadés que leur chien est en forme. 86 % estiment que leur animal a un poids idéal. Mais dès qu’il s’agit de sélectionner une silhouette, la réalité se dérobe. Seuls 29 % choisissent la bonne représentation, tandis que 53 % optent pour une image de chien maigre ou très maigre, et 18 % pour une silhouette en surpoids ou obèse​.

Autrement dit, près de deux maîtres sur trois se trompent sur l’état corporel de leur compagnon. Un chiffre qui devrait faire bondir n’importe quel vétérinaire, d’autant plus que seulement 25 % ont déjà reçu des recommandations alimentaires de leur praticien.

Quand l’alimentation devient un acte d’amour

Dans une époque saturée de messages nutritionnels et d’offres alimentaires animales pléthoriques, l’étude dévoile un attachement émotionnel fort : 69 % des répondants considèrent qu’offrir une alimentation saine est une preuve d’amour. Cette proportion monte à 77 % chez les personnes très attentives à leur propre alimentation​.

Derrière ce geste se cache un transfert d’affection, mais aussi une tentative de maîtrise de ce que l’on contrôle encore.

L’obsession de la santé canine, miroir d’un mal-être sociétal ?

Pourquoi les Français montrent-ils un tel zèle alimentaire envers leur animal, parfois au détriment de leur propre bien-être ? L’étude de FLASHS ne se contente pas de dresser un état des lieux chiffré : elle révèle des logiques psychologiques profondes, où le chien devient à la fois miroir et exutoire des préoccupations humaines.

Comme le souligne la chargée d’études Léa Paolacci : « L’étude révèle un lien fort entre les habitudes de vie des propriétaires et le bien-être de leur chien. Ceux qui accordent une attention particulière à leur propre santé sont aussi les plus vigilants quant à l’alimentation et l’activité physique de leur animal. »​

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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