Difficile aujourd’hui de passer sous silence le sujet de la dette publique française. La réduction du déficit public de l’État est devenue l’enjeu majeur du budget 2025. Sur toutes les lèvres dans la presse, ce sujet s’impose également dans les conversations des Français. Quelles seraient les priorités budgétaires selon ces derniers ? L’Observatoire Hexagone y répond dans le cadre d’une enquête menée avec l’IFOP, publiée le 27 novembre 2024.
Budget de l’état : quelles sont les priorités des Français ?
Un retour en force du régalien
L'enquête menée par l'Observatoire Hexagone et l'IFOP révèle un classement assez clair des priorités budgétaires des Français pour 2025. Pour 8 personnes interrogées sur 10, la réorientation des dépenses vers les fonctions régaliennes (défense, justice et sécurité publique) est une évidence.
Or, aujourd'hui, sur les 1 500 milliards d'euros annuels de dépenses de l'État, seules 6 % de ces ressources sont allouées à ces domaines. Les citoyens souhaiteraient porter ce chiffre à 22 %, ce qui équivaut à 90 milliards d'euros supplémentaires par an.
Une baisse des budgets sociaux
En contrepartie, les Français envisagent des réductions marquées dans les dépenses sociales, preuve du fossé entre les attentes de la population et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui repassera devant l'Assemblée nationale le 2 décembre 2024. Actuellement, près de 45 % des fonds publics, soit 682 milliards d’euros sont consacrés à ce domaine. Mais le sondage révèle une volonté de baisser cette proportion à 29 %, en réorientant notamment :
- Les retraites qui pour près de 93 % des participants souhaitent revoir ce poste à la baisse, avec une coupe de près de 200 milliards d’euros.
- mais aussi la protection sociale qui se traduirait par une baisse de 85 milliards par an tout en limitant cette baisse sur certains dispositifs tels que ceux liés à la santé.
Des coupes budgétaires pour les aides internationales, les loisirs et la culture
Les Français se montrent donc particulièrement pragmatiques sur les coupes budgétaires qu'ils envisageraient, et les aides économiques telles que celles déployées par l'AFD (Agence Française de Développement) ou encore les aides militaires à l'étranger n'y échappent pas.
Pour la majorité des 2 000 personnes sondées, il faudrait réduire de 56 % ces dépenses de l'État et diminuer de 26 % celles liées aux loisirs et à la culture.
Plus de main basse sur l'environnement
Une autre priorité notable qui ressort de l'enquête de l'Observatoire Hexagone concerne les sujets liés à l'environnement. Secteur de plus en plus perçu comme stratégique, et alors que les dépenses publiques dans ce domaine restent limitées, 7 répondants sur 10 plébiscitent une augmentation du budget environnemental : 67 milliards d’euros supplémentaires, montant qui serait destiné à financer des projets liés à la transition écologique, à la lutte contre le changement climatique et à la protection des écosystèmes.
Cet intérêt particulier traduit un changement d’état d’esprit au sein de la population, signe que les enjeux climatiques ne peuvent plus être relégués au second plan dans les arbitrages budgétaires.
Prendre le sujet de la dette à bras-le-corps
Enfin, le remboursement de la dette publique apparaît comme l'un des principaux enjeux actuels pour les Français. En raison d'un déficit public projeté à plus de 6 % du PIB de la France pour 2024, et alors que le gouvernement s'est fixé comme objectif de réduire ses dépenses de 150 milliards d'euros, un objectif qui peine à se concrétiser dans le projet de loi de finances qui doit fixer le budget de 2025, pour près de la moitié des participants au sondage (48 %), ce sujet est « tout à fait prioritaire ». Une préoccupation qui témoigne de l'intérêt et des inquiétudes croissantes des Français à ce sujet.
Autrement dit, les Français perçoivent la réduction de la dette comme un véritable levier pour restaurer la crédibilité économique de l’État, et elle témoigne, selon eux, de la nécessité de lui permettre d'investir dans des secteurs stratégiques.