Budget : S&P maintient la note de la France malgré les tensions

L’agence de notation S&P a décidé de maintenir la note de la France à « AA- », avec une perspective « stable », offrant ainsi un répit à l’exécutif français, dans un contexte d’instabilité politique, de dérapage budgétaire et d’augmentation de la prime de risque sur les marchés. Mais cette stabilité reste fragile, et la France doit encore rassurer les investisseurs.

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Par Rédacteur Publié le 22 décembre 2024 à 8h00
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Budget : S&P maintient la note de la France malgré les tensions - © Economie Matin
110,6%La dette de la France a atteint fin 2023 les 110,6% du PIB.

Une note maintenue, mais des incertitudes demeurent

Dans un contexte économique délicat et une situation politique instable, la France a bénéficié d'une bonne nouvelle : l'agence de notation S&P a décidé, fin novembre 2024, de maintenir sa note de crédit à « AA- », avec une perspective « stable ». Cette annonce a été accueillie comme un soulagement par le gouvernement (contraint à la démission le 4 décembre 2024), après les dégradations successives de la note française par d'autres agences comme Fitch et Moody's. En octobre 2024, ces dernières avaient abaissé la perspective de la France de « stable » à « négative ».

Dans son communiqué, S&P a salué les tentatives du gouvernement pour « réduire le déficit et redresser nos finances publiques », tout en précisant que la France pourrait rencontrer des difficultés pour atteindre ses objectifs budgétaires à court terme en raison de l'instabilité politique. « Malgré l’incertitude politique, nous nous attendons à ce que la France se conforme - avec un délai - au cadre budgétaire de l’Union européenne et consolide progressivement ses finances publiques à moyen terme », a expliqué l’agence.

Une pression accrue sur les finances publiques

Malgré le maintien de la note, la situation économique de la France demeure précaire. Le pays fait face à un déficit public colossal, estimé pour 2024 et 2025 à près de 100 milliards d'euros supplémentaires par rapport aux prévisions initiales. Cette situation a nourri une forte inquiétude sur les marchés, accentuée par l’incertitude politique qui règne autour du budget et des réformes nécessaires pour stabiliser les finances publiques.

L’écart de rendement de la dette française par rapport à la dette allemande a récemment atteint des niveaux alarmants, grimpant brièvement à 90 points de base, un plus haut depuis 2012. Ce phénomène témoigne de la méfiance croissante des investisseurs vis-à-vis des perspectives économiques de la France. Selon Ninon Bachet, stratégiste chez Société Générale, « quels que soient les scénarios, nous pensons que la fourchette des spreads de la dette française restera bien plus élevée que lors de la période pré-élections ».

Ce stress de marché s’explique par l'incapacité apparente de la classe politique à proposer une solution crédible pour redresser les finances publiques. « Il existe sur le marché une inquiétude majeure, et ce n’est pas une inquiétude sur le déficit de 2025, mais bien une inquiétude sur le processus, sur l’incapacité de la France à concevoir un ajustement budgétaire », souligne un observateur de la situation économique.

Les tensions sur les marchés sont palpables, avec des écarts de taux qui témoignent du climat de méfiance croissant des investisseurs étrangers, dont certains, comme les institutionnels japonais, ont commencé à se désengager de la dette française cet été.

Le risque d'une spirale inquiétante

Si le maintien de la note de la France par S&P peut sembler rassurant à première vue, certains experts soulignent que cette décision pourrait finalement avoir des effets contre-productifs. En effet, après plusieurs baisses de la note, le pays avait réussi à conserver son statut d'émetteur de haute qualité sur les marchés. Mais aujourd'hui, ce statut est de plus en plus fragilisé. « La France est passée dans un autre monde depuis la dissolution », constate un analyste financier, faisant référence aux débats budgétaires chaotiques et à l'incapacité des responsables politiques à proposer une solution crédible à la crise.

Le coût de la dette française a ainsi fortement augmenté : elle se négociant désormais à des niveaux correspondant à une notation deux crans inférieurs à la note actuelle. Cette situation reflète la méfiance des investisseurs quant à l’évolution future des finances publiques françaises. Pour les économistes, ce phénomène pourrait entraîner une spirale de méfiance, avec des investisseurs qui, au-delà d’un certain seuil d’acceptabilité, pourraient décider de vendre massivement leurs obligations françaises.

La décision de S&P est donc un soulagement temporaire, mais la France doit encore convaincre les marchés qu’elle est capable de redresser ses finances publiques à moyen terme. La réouverture des adjudications des bons du Trésor en janvier pourrait constituer un test décisif pour l'avenir de la dette française.

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