À l’heure où l’Hexagone cherche à rassurer les marchés et contenir sa trajectoire budgétaire, le gouvernement s’engage dans une course d’endurance. Une course qui s’appelle austérité, même si le gouvernement refuse d’utiliser ce terme qui fait peur aux Français.
Budget 2026 : toujours plus d’austérité pour ne pas taxer les riches

Le 13 avril 2025, le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a confirmé un objectif clair : réduire le déficit public de la France à 4,6 % du produit intérieur brut (PIB) en 2026. Un objectif ambitieux, au prix d’un « effort supplémentaire de 40 milliards d’euros » à réaliser en un an. C’est le lancement d’une campagne de rigueur budgétaire sous haute tension. Et si personne ne veut utiliser le vrai nom de ce médicament, il est pourtant clair : il se nomme Austérité.
Austérité : une rigueur budgétaire encore durcie
L’austérité. Un mot tabou que le ministre de l’Economie Éric Lombard s’emploie à contourner avec l’agilité d’un acrobate fiscal. « Ce n’est pas une politique d’austérité », martèle-t-il, avant d’ajouter que « avec 57 % de PIB de dépenses publiques, on peut tout à fait à la fois réduire les dépenses et maintenir la qualité des services », relate Le Monde ce dimanche 13 avril 2025.
Pourtant, l’objectif est clair : trouver 40 milliards d’euros en 2026. Et pas question de s’appuyer sur les traditionnels leviers fiscaux : « Hors de question d’augmenter les impôts », a tranché le ministre. Ce qui vaut autant pour les particuliers que pour les entreprises. En d'autres termes, les marges de manœuvre se réduisent à une seule option : rogner sur les dépenses publiques.
Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, assume pleinement cette direction, en parlant d’un « effort considérable d’économies », selon Le Figaro. Quant à la trajectoire, elle ne souffre d’aucune ambiguïté : 4,6 % de déficit en 2026, 3 % en 2029. L’austérité ? Non, voyons. Juste un peu de « sérieux budgétaire ».
40 milliards d’euros de dépenses publiques en moins : une potion amère
Cette politique budgétaire repose sur une conviction simple : pour éviter les foudres des agences de notation et maintenir la « crédibilité sur les marchés », comme le rappelle Sophie Primas, l’État doit serrer la ceinture. Mais où tailler ? La répartition des coupes reste soigneusement floue. Éric Lombard, interrogé sur BFMTV, s’est contenté de dire : « On parle du budget 2026, il est trop tôt pour donner ce détail ». La surprise, ou plutôt la sanction, les Français la connaîtront en fin d’année.
L’ampleur de l’effort – 40 milliards d’euros – représente environ 1,4 % du PIB, un choc budgétaire colossal. Et comme aucun levier fiscal ne sera mobilisé, l’ajustement passera « essentiellement par des économies », confirme Éric Lombard. Comprenez : moins de dépenses, mais pas de taxes de plus, y compris sur les plus riches. Même son de cloche chez Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, qui résume la situation sur France Inter : « Pour 2026, la cible c'est 4,6 % de déficit, et pour y arriver il faut un effort de 40 milliards. »
Le gouvernement promet de « dépenser moins et dépenser mieux », mais aucun secteur n’est à ce jour explicitement visé. La potion sera amère. Mais pour l’instant, elle est servie dans un verre opaque.
Impôts gelés, croissance incertaine : l’équation impossible
Pas d’impôt nouveau. Pas de baisse de la qualité des services. Pas d’atteinte aux classes moyennes. À force de multiplier les tabous, le gouvernement semble vouloir résoudre une équation impossible. « Ce n’est pas un dogme de dire qu’on ne veut pas augmenter les impôts », nuance Amélie de Montchalin, tout en confirmant qu’aucune hausse n’est prévue à court terme. Même ligne rouge sur les entreprises : pas de charge supplémentaire, malgré les 40 milliards à trouver.
Dans ce contexte, tout repose sur une hypothèse fragile : la croissance. Problème, Éric Lombard a dû abaisser la prévision de croissance pour 2025 à 0,7 %, ce qui limite sérieusement les recettes fiscales futures. Le gouvernement mise donc sur des « réformes de structure » et une « conférence de consensus » organisée par François Bayrou pour fédérer les parlementaires et partenaires autour de cette trajectoire d’économies. Difficile, tant les diverses tentatives de trouver un consensus sur les grandes décisions de ces dernières années, retraites, fin de vie, écologie, se sont soldées par des échecs cuisants pour l’exécutif.
L’austérité est bien là, et vous allez la sentir passer...
En refusant de parler d’« austérité », tout en programmant 40 milliards d’euros d’économies sur une seule année, l’exécutif joue sur les mots et tente de rassurer les Français. Le gouvernement veut convaincre qu’on peut se serrer la ceinture sans souffrir, tailler dans les dépenses sans abîmer les services publics, faire des économies sans porter atteinte à la croissance. Une triple promesse.
Mais les Français ne sont pas dupes. Et derrière les discours millimétrés, les Français risquent bientôt d’en ressentir les effets bien concrets : suppressions de postes, gels de crédits, retards d’investissements. La potion amère est prête. Le problème, c’est qu’elle est servie sans avertissement, sans diagnostic transparent, et sans qu’on sache vraiment qui devra la boire.