Cette fin d’année 2024 et, surtout, 2025 pourraient bien être marquées par un bras de fer entre le gouvernement et les syndicats de l’Éducation nationale. En effet, le projet de budget pour 2025 a soulevé une vague de mécontentement sans précédent parmi les enseignants et leurs représentants syndicaux. Alors que la grogne monte, la perspective d’une grève nationale semble de plus en plus inévitable.
Budget 2025 : vers une grève à l’Éducation nationale ?
Le ministère de l’Éducation nationale, dirigé par Anne Genetet, a présenté un budget pour 2025 qui, bien que stable dans son montant global (63 milliards d’euros), prévoit une suppression de 4 030 postes d'enseignants. Une décision qui scandalise les syndicats, particulièrement dans un contexte où l’école publique traverse déjà une période difficile.
Un budget qui inquiète : suppression massive de postes à l’Éducation nationale
L’annonce faite le 10 octobre 2024 de la suppression de 4 030 postes d’enseignants, principalement dans l’enseignement primaire, a immédiatement suscité une levée de boucliers de la part des syndicats. Selon les chiffres, 3 155 postes seront supprimés en maternelle et en élémentaire, le reste des suppressions touchant le secondaire. Le gouvernement justifie cette coupe par une baisse démographique : en effet, le nombre d'élèves dans les établissements publics devrait diminuer de 97 000 élèves à la rentrée 2025, ce qui réduirait le taux moyen d’élèves par classe à 21,4, un chiffre historiquement bas.
Cependant, pour les syndicats, cet argument ne tient pas. Au lieu de supprimer des postes, cette réduction des effectifs aurait dû permettre une amélioration des conditions d'enseignement, avec des classes moins chargées et un accompagnement plus personnalisé pour les élèves. Les syndicats parlent d’une occasion manquée de réformer le système éducatif et d’offrir des conditions de travail plus dignes aux enseignants. Pour Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU (Syndicat national unitaire des instituteurs et professeurs des écoles), il s’agit d’un véritable « sabordage de l’école publique ».
"L’École est à un point de bascule, Michel Barnier la précipite dans le vide"
4 000 postes d'enseignants en moins dans le budget 2025 de l'Éducation nationale : le @SNESFSU, syndicat majoritaire des collèges et lycées, dénonce un "scandale"https://t.co/ti977kPlYc— SNES-FSU (@SNESFSU) October 10, 2024
« Une ligne rouge franchie » : les syndicats en colère
Les syndicats n’ont pas tardé à réagir après l’annonce de ce budget. Dès le 14 octobre 2024, sept organisations syndicales, dont la FSU, l'UNSA, la CGT, FO, la CFDT, le SNALC et SUD, ont lancé une alerte sociale. Dans une lettre adressée à la ministre de l’Éducation, Anne Genetet, ils dénoncent la politique d’austérité qui touche de plein fouet l’école publique et exigent l’ouverture de négociations sous 72 heures. Faute de quoi, un préavis de grève pourrait être déposé dès le 4 novembre 2024.
Le ton des syndicats est grave et empreint de colère. Dans leur communiqué, ils n’hésitent pas à déclarer que « la ligne rouge est franchie ». Ils dénoncent « une véritable saignée » et accusent le gouvernement de maintenir l’illusion que l’on peut « faire mieux avec moins ». Ils estiment que la baisse des effectifs n’est qu’un prétexte pour justifier ces suppressions, alors qu’elle pourrait au contraire être une opportunité pour renforcer la qualité de l’enseignement en France.
Une grève nationale en préparation ?
Si le gouvernement ne répond pas favorablement à cette alerte sociale, les syndicats ont déjà annoncé qu’ils déposeront un préavis de grève nationale unitaire à compter du 4 novembre 2024. Ce mouvement pourrait durer jusqu’au 31 mars 2025, une période longue qui risque de perturber gravement le fonctionnement des écoles et des collèges à travers tout le pays.
Pour les enseignants, cette grève est une manière de faire comprendre au gouvernement que le mal-être dans les établissements scolaires a atteint un point de rupture. Selon eux, les suppressions de postes, couplées à une charge de travail toujours plus lourde, risquent de dégrader encore davantage les conditions d'enseignement. En effet, les professeurs se disent déjà "à bout", comme le souligne Guislaine David, rappelant que les réformes successives n’ont fait qu’aggraver les tensions dans le secteur.
Les enseignants espéraient que la réduction des effectifs d’élèves permettrait de réduire la taille des classes et d’améliorer les conditions d’enseignement. Or, la suppression de milliers de postes va dans le sens inverse de leurs attentes. Ils estiment que cette décision témoigne du mépris du gouvernement pour la profession et pour l’avenir de l’éducation en France.
Le gouvernement craint la grève et tente de calmer le jeu
Face à la montée des tensions, la ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, a tenté de calmer le jeu. Dans un entretien accordé à La Tribune Dimanche, elle a affirmé que le chiffre de 4 030 suppressions de postes n'était pas définitif et que des "évolutions" pourraient encore avoir lieu lors des débats parlementaires. Elle a également souligné que l’éducation restait « la priorité de ce gouvernement », rappelant que le budget de l’Éducation nationale demeure le plus élevé de tous les ministères.
La ministre a d’ailleurs souligné que la moyenne des élèves par classe serait la plus basse jamais enregistrée, ce qui permettrait de maintenir de bonnes conditions d'apprentissage. En parallèle, le gouvernement a annoncé la création de 2 000 nouveaux postes d'accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH).
Pour autant, ces annonces ne suffisent pas à rassurer les syndicats, qui attendent des engagements concrets de la part du gouvernement. Ils estiment que la suppression de postes d’enseignants ne peut être justifiée par la seule baisse des effectifs et que cela ne fera qu’alourdir encore la charge de travail des professeurs restants.
Budget 2025 : vers un des débats tendus au Parlmeent
Alors que les vacances de la Toussaint approchent, la situation dans les écoles reste incertaine. Si le gouvernement ne parvient pas à désamorcer cette crise, la rentrée de novembre pourrait bien être marquée par des grèves massives et des mobilisations dans tout le pays. Les enseignants et leurs syndicats sont déterminés à ne pas laisser passer ces nouvelles coupes budgétaires sans réagir.
Dans ce contexte tendu, le débat parlementaire sur le budget 2025 sera suivi de près. Les députés ont déjà déposé plus de 1 800 amendements relatifs à ce projet de loi de finances, témoignant de l'ampleur des contestations, aussi bien chez les syndicats que dans l’opposition politique.